A l'Expo, il y a une zone pour les pavillons nationaux (Pudong) et une zone pour les villes ou les régions (Puxi). Et puis il y a ceux qui ne font rien comme les autres. A grands frais, Martine Aubry a décidé d'installer le pavillon de Lille à l'extérieur du site "dans un temple taoiste du XVIe siècle sur les Champs Elysées de Shanghai". En réalité, les voici dans une ruelle sombre où ne paradent que maquereaux et vendeurs de fausses Rolex. Bienvenue chez les Chtis...
Je suis arrivé samedi 1er mai, soit le jour du lancement de l'Expo, à 19h. Une foule incroyable déambulait dans toutes les rues de Shanghai et en particulier sur Nanjing Lu, la principale rue piétonne et perpendiculaire à la petite Shitan Lane. Le très joli site internet du pavillon "Lille Europe" annonçait un lancement le 1er et une nocturne le weekend, jusqu'à 22h. Mais sur place: rien. La grande porte metallique est fermée, cadenassée. Une famille française a déjà rebroussé chemin. Un sympathique gardien finira par m'ouvrir et servir de guide.
Et que trouve-t-on dans cet espace censé montrer le "very best of" de Lille? Quelques reliques d'art contemporain: les plantes qui chantent, des chiens-robots ressortis des greniers de Lille 2004, une Mona Lisa à l'envers et des gadgets en plastique made in china grâce auxquels on admirera quelques photos microscopiques du Vieux Lille. Un vieux métier à tisser est caché dans un coin. Posées sur une table, quelques bricoles rappellent le passé glorieux de l'industrie du textile... avant d'être délocalisée en Chine ou ailleurs.
Un salon de thé est en projet. Ce sera le café Meert, l'équivalent des pâtisseries lilloises Paul que les Chinois connaissent bien. Les travaux ont débuté (!). Le grand jour sera sans doute le 6 mai, lorsque la délégation lilloise - dont Martine Aubry - quittera son 5 étoiles (Sofitel) pour inaugurer l'espace.
Je me souviens d'un été 2007, où j'avais assisté par hasard à une descente de police sur Shitan Lane. Il a fallu deux camions pour vider les arrières boutiques de leurs faux sacs Vuitton, Gucci ou Chanel. Aujourdhui, rien n'a changé: "You want a bag, rolex, ladies"?
Mais si par hasard, un promeneur chinois se perd aujourdhui dans cette rue sombre, quel souvenir gardera-t-il de Lille? Et comment vont réagir les clients chinois lorsque les petits patrons de pme lillois se serviront de cette "vitrine" pour négocier? A budget équivalent, Bologne, Montréal ou Liverpool - présents à l'Expo - ont adopté une stratégie moins risquée en présentant un vrai pavillon et en profitant de la communication et des équipements de l'Exposition.
J'ai également demandé des informations sur le coût détaillé (loyer, salaires) de cette opération auprès de Dorothée Griset, chargée des relations publiques de Lille 3000 Shanghai, en vain. Tout juste sait-on que ce pavillon coûte 480 000 euros pour 2 mois et demi !!!!
En attendant, je relis perplexe les communiqués de Lille 3000 relayés par Nord Eclair: "L'équipe de lille3000 a en effet déniché un pavillon de 600 m², une galerie d'art installée dans un ancien temple taoïste nichée au coeur de la ville chinoise, sur la prestigieuse et très commerçante rue de Nankin. Une véritable vitrine économique et culturelle pour la région... "