
Cette semaine, la Chine envoyait 41 charters de pèlerins («encadrés et vaccinés contre la grippe h1n1») vers La Mecque, la loi chinoise interdisant des séjours individuels. La plupart de ces musulmans sont des Hui et vivent dans la province désertique de Gansu. Les Ouighours n'ont pas les mêmes facilités.
Au même moment, dans l'étonnante cathédrale "Saint-Paul" de Lanzhou - capitale du Gansu- le curé Pei Xian rêve de voir le pape au Vatican.
Pourtant ce n'est pas demain la veille qu'il entendra un Ubi et Orbi de Benoit XVI, les autorités ne lui accordant pas de passeport. Aux antipodes de la basilique Saint-Pierre, son église rose a tout du Made in China: couleurs criardes, crucifix en epoxy, éclairage aux néons, posters géants de Marie ou Joseph et immeubles de bureaux de chaque côté. Mais comme en Europe, l'église a aussi ses grenouilles de bénitier. A Lanzhou, ces vieilles dames tiennent la petite boutique de gadgets saints, renseignent les familles sur les funérailles ou repoussent les photographes pour amoureux, en mal de décor romantique. Celles-là ont connu les missionnaires allemands débarquer discrètement à Lanzhou lorsqu'elles étaient petites. Soixante ans plus tard dont quelques décennies de persécution, la province compte 60 000 adeptes.

Deux fois par jour, Hu Pei Xian, 34 ans, célèbre donc la messe à plusieurs centaines de croyants, parfois un millier. Sur son temps libre, il chatte avec ses jeunes confrères de son séminaire de Xi'an sur QQ.cn, l'équivalent d'MSN. C'est aussi et surtout un moulin à paroles sur la situation des chrétiens de Chine ces dernières années. Une belle rencontre, donc.
(photos JP)