C’est une pratique peu catholique qui, à mon avis, se développe avec le pouvoir d’achat des chinois. Comme sur cette belle autoroute en direction de Shenzhen. Sitôt franchi le péage, les conducteurs de berlines stationnent sur la bande d’arrêt d’urgence, font mine de nettoyer le pare-brise et recouvrent méticuleusement les deux plaques minéralogiques de housses “camouflage”. Puis ils repartent, le pied sur le plancher et la fleur au fusil, parés à doubler à droite comme à gauche et surtout à toute berzingue, tous les véhicules entrant dans leur champ de vision.
En voilà une méthode radicale pour contourner les radars automatiques. Et sans risque. Car il faudrait un miracle pour qu’un policier arrête le conducteur d’une grosse voiture, quand bien même celle-ci franchirait le mur du son à contre sens, les grands phares allumés. Pourquoi? La peur, les chocottes. Peur que le “riche” ait des relations, connaisse des officiels et fasse passer au policier un mauvais quart d’heure.
Un mal pour un bien si l'on est journaliste en Chine. Paradoxalement, dans une zone dite sensible bardée de checkpoints comme le sont actuellement les territoires tibétains au Sichuan, mieux vaut circuler dans une grosse Audi noire à vitres teintées que dans un bus de campagne pétaradant. Le bus se fera fouiller de fond en comble, jamais l’Audi.
Ce phénomène de plaques masquées ne surprendra personne, pour qui vit en Chine. Et c’est aussi l’expression d’un sentiment d’impunité qui augmente à mesure que l’on grimpe dans l’échelle sociale chinoise, peu importe l’âge ou le sexe.