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Billet de blog 10 novembre 2010

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La prison pour Zhao Lianhai, le père d'un bébé empoisonné par Sanlu

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Comme de nombreux journalistes, nous l'avions rencontré il y a deux ans à Pékin. Zhao Lianhai, ce père d'un petit garçon, compilait sur le web toutes les informations du scandale du lait maternisé Sanlu, révélé après les Jeux Olympiques en 2008. Son site était devenu un forum, un espace de discussion et d'indignation pour les parents d'enfants victimes, comme son bambin, du lait contaminé.

L'homme appelait même les familles à se rassembler pour intenter un procès collectif afin de trouver et punir tous les responsables, au delà des petits paysans qui rajoutaient de la poudre de mélamine pour atteindre les seuils de protéine exigés par Sanlu (trois furent condamnés à mort), au delà de la pédégée de Sanlu qui a sans cesse minimisé l'affaire (elle a pris perpet') et au delà du chef du Bureau de Sécurité Alimentaire, Li Changjiang, poussé à la démission. Une tentative avortée, certains cabinets d'avocats y ont même laissé des plumes, mais l'affaire a fait grand bruit.

Finalement, Zhao Lianhai a enfin eu droit à son procès. Mais pas le procès des responsables... le sien. La cour de Pékin l'a condamné hier à deux années et demi de prison pour trouble à l'ordre public. Une loi fourre-tout qui permet, depuis 1997, d'enfermer tous les empêcheurs de tourner en rond. A la lecture du verdict, Zhao a déchiré sa tenue de prisonnier, refusé de porter les menottes et tenté d'empêcher les policiers de l'emmener au mitard. Il a annoncé le début d'une grève de la faim.

Je traduis ici de l'anglais une partie du plaidoyer de Leung Man-Tao, une personnalité des médias hong-kongais qui avait pris à partie le gouvernement au début du procès : "Si vous vous servez du prétexte de la protection de la stabilité sociale pour gérer toutes les activités de défense du droit, celà prouve que jamais vous n'avez daigné écouter ces défenseurs. Ils ne s'expriment pas dans le but de provoquer des troubles et encore moins pour se rebeller. Au contraire, ce qu'ils souhaitent, c'est être vus, entendus et reconnus. S'ils étaient des ennemis, pourquoi demanderaient-il votre reconnaissance? Punir ceux qui veulent défendre l'application du droit, au nom de la préservation de la stabilité, c'est apporter une réponse négative à une demande positive. Pensez-y: la vaste majorité des défenseurs de nos droits sont déjà eux-mêmes des victimes. Si, de temps en temps, ces personnes disent ou font des choses qui semblent un peu extrême, ne pouvons nous pas ressentir de la compassion pour leurs sentiments? Il va de soi que tout citoyen dont les droitsont été violés puisse obtenir une compensation plutôt que d'être méprisé, commes'il n'était pas un bon citoyen. Mais c'est la réalité et ce qui souffrent sont donc amenés à souffrir d'avantage".

http://www.duihuahrjournal.org/2010/11/injuring-injured-case-of-zhao-lianhai.html