Les Américains ont Columbine, Virginia Tech. Les Chinois ont désormais Taixing, Hanzhong. Depuis mars, les attaques dans les écoles se multiplient à travers le pays. La cinquième ce matin.
Aujourd'hui à 8h du matin, heure locale, sept enfants ont été sauvagement tués à Hanzhong, province du Shanxi, par le propriétaire de la garderie. L'homme s'est suicidé après son forfait. La suite tragique d'une longue série.
Le 23 mars, Zheng Minsheng, 42 ans, poignardait à mort 8 gamins d’une école primaire de la province de Fujian, à l’Est.
Après un procès expéditif, l’homme a été exécuté le 28 avril. Ce même jour, 16 enfants et leur professeur ont été attaqués au marteau dans une école primaire du sud du pays, dans la province de Canton.
Le 29, dans une garderie de Taixing, province de Jiangsu, à l’Est du pays: rebelote. 29 enfants et 3 adultes ont été blessés au couteaupar un inconnu.
Le 30, l’agence de presse officielle Xinhua, rapportait une autre attaque de garderie, dans la province de Shangdong. Bilan : 5 enfants et un professeur gravement blessés à la hache par un détraqué. L'homme a fini par s’immoler, devant les enfants.
Pour éviter que cette violence ne se propage encore davantage, les services de propagande ont demandé une couverture minimale de ces dramatiques « faits divers ». Les dépêches de Xinhua ont été retirées cet après-midi (heure chinoise). Les autorités ont promis plus de contrôle àl’entrée des écoles et des sanctions plus dures à l’égard des criminels.
Mais cela n'empêche pas les Chinois de vouloir comprendre une telle vague de violences. Sur la toile, on pointe du doigt de nombreux facteurs liés notamment à la nature même du régime chinois, autoritaire.
Parmi les griefs: une justice inéquitable, le désintérêt d'une élite corrompue, l'inexistence de suivi ou de structure pour les malades psychiques si ce n'est un système répressif pour chaque nuisance. Pour le blogueur Han Han, c'est l'absence de soupape de décompression dans la société chinoise en général qui pousserait les plus largués de la société à s'en prendre à des personnes totalement sans défense: les enfants.
Ce qui nous rappelle l'histoire de Yang Jia.Un couteau à la main, l'homme était revenu se venger d'un tabassage au commissariat où il avait souhaité déposer une plainte pour un vélo volé, l'été 2008. Bilan: 6 policiers morts puis son exécution le 28 novembre. Parce qu'il a eu le courage de s'en prendre à son oppresseur, Yang Jia est devenu un héros en Chine. C'est pour vous dire comme la police est impopulaire dans l'Empire du Milieu...
Jordan Pouille, Pékin.
(photo JP. village de Xihui, Wuhan)