Cet homme mystérieux, architecte français de son état, est cité à deux reprises par le Wall Street Journal, à la pointe sur la chute du clan Bo Xilai.
Depuis que la CCTV a annoncé en direct le limogeage de Bo Xilai du Comité Central « pour graves violations de la discipline » et l’arrestation de son épouse Gu Kailai, désormais suspectée d’être impliquée dans le meurtre de l’homme d’affaires Neil Heywood, les confrères anglo saxons du WSJ, Daily Telegraph, Guardian, NYT et consorts sont au taquet. On sent l’effervescence s’emparer à nouveau des bureaux de correspondants de Pékin. Et chaque pépite, chaque info ajoute un nouvel épisode à cette tragédie shakespearienne à la sauce capitalo-communiste. La disparition d’un citoyen britannique comme étant à l’origine du plus grand scandale politique du Parti depuis 1989, est, à les voir, aussi haletante que cette fameuse affaire des notes de frais des parlementaires britanniques.
Pour les Frenchies, il reste une belle ficelle à tirer. Peut-être capitale. Celle d’un mystérieux architecte français qui, d’après le Wall Street Journal, appartenait à la garde rapprochée de Bo Xilai, forgée à Dalian, quand ce dernier oeuvrait comme maire tout puissant, avant de rejoindre le gouvernement comme ministre du commerce puis Chongqing, comme chef du Parti.
Alors on cherche, on gratte, on ratisse. D’abord Google (comment l’éviter ?) puis l’épais registre des architectes de France. On apprend ensuite que deux Français émérites ont travaillé comme conseillers en urbanisme auprès de la mairie de Chongqing avant 2008 et qu’un cabinet parisien, ayant deux bureaux à Pékin et Shanghai, a signé le futuriste Musée des Sciences de Chongqing. Personne, chez eux, ne connaît cet architecte français, ni d’Eve ni d’Adam.
On appelle ensuite la Chambre de Commerce de Chine afin de savoir si un Devillers (ou des noms s’en approchant) figure sur la liste des 1500 entrepreneurs adhérents. On s’enquiert aussi après des services de l’ambassade et, par ricochet, auprès des différents consulats de France en Chine. Toujours sans succès. Et enfin, par l’intermédiaire d’un élu des français de l’étranger, on lance une bouteille à la mer chez la communauté française de Dalian… cette ville où Devillers aurait, toujours d’après le Wall Street Journal, tissé ses premiers liens avec le clan Bo Xilai. Mais la recherche est vaine, lamentablement. A se demander si notre camarade ne s’appelle pas l’Arlésienne.
A cela s’ajoute six jours à Chongqing, à tenter de comprendre ce système opaque dans lequel un homme, sur le point d’accéder au pouvoir suprême de la 2e puissance mondiale, en l’occurrence le Comité Permanent du Politburo, peut se retrouver brutalement mêlé à une affaire de meurtre…
Alors si Patrick Henry Devillers est abonné à Médiapart, il serait fort aimable de se manifester fissa. En vous remerciant.