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Billet de blog 14 novembre 2008

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"Yes we can" scandent les étudiants de Canton

Yes, We can! Jusqu'à présent, seul l'étudiant déjà à la tête du conseil pouvait désigner son successeur. Cette année, coup de théâtre et première en Chine: à l'université de ZhongShan à Guangzhou (fondée par Sun Yat-Sen le créateur du Guomindang), les 30 000étudiants ont pu choisir eux-mêmes leur leader. Et attention, ça déménage.

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Yes, We can! Jusqu'à présent, seul l'étudiant déjà à la tête du conseil pouvait désigner son successeur. Cette année, coup de théâtre et première en Chine: à l'université de ZhongShan à Guangzhou (fondée par Sun Yat-Sen le créateur du Guomindang), les 30 000étudiants ont pu choisir eux-mêmes leur leader. Et attention, ça déménage.

Motif invoqué par la direction de l'université: impliquer davantage les étudiants dans le fonctionnement de la fac, afin qu'ils se rendent compte des millions de yuans dépensés à leur attention. Message reçu cinq sur cinq... sauf que le doyen de l'université ne s'attendait sans doute pas à une telle fougue.

De fait, le journal cantonnais Southern Weekly a fait sa une de l'emballement de ces étudiants pour ce qui devait être le premier rendez-vous démocratique de leur vie.* Des débats haletants ont été tenus, des flyers par milliers ont été imprimés et distribués, les quatres candidats sont allés jusque dans les dortoirs des étudiants pour séduire l'électeur, bref faire campagne. Le candidat victorieux est aussi celui qui a cassé sa tirelire: 9600 rmb (plus de mille euros) en frais variés. Surfant sur la vague Obama, Lan Guoyu a collé des affiches, accroché des drapeaux et repris le slogan du candidat démocrate américain: "YES WE CAN" ou "WE NEED CHANGE" sur de larges panneaux. Le 11 novembre, Lan remportait l'élection, talonné de près par Chen Xia alias "Cigalle d'été". 61.32% des 30 000 étudiants se sont déplacés vers les urnes. Enjeux de cette élection: la qualité de la cantine, le manque de chaises à la bibliothèque, le prix élevé des transports en commun autour du campus et le contrôle d'internet à l'intérieur du campus (de nombreux sites sont bloqués comme facebook, youtube, msn). Un mandat d'un an suffira-t-il à tout chambouler?

Cette histoire est tirée du Nanfang Southern Weekly. Connu pour ses positions libertaires, ce journal national basé à Canton, bien que sous contrôle de l'Etat, est rarement au diapason du PCC. Sans doute en raison de sa proximité avec Hong-Kong et son éloignement de Pékin. Ce journal a révélé, tardivement certes, le scandale Sanlu. Je vais visiter le journal dans dix jours à titre amical, à Canton (le rédacteur en chef s'étant ravisé une première fois, après que le New York Times ait traduit, sans autorisation, les posts d'un de leurs journalistes qui tenait un blog controversé, sous pseudo).

*A nuancer: la démocratie existe aussi là où on ne l'attend pas. Très populaire en Chine, l'émission de téléréalité chinoise "MyShow", l'équivalent de la Star Ac' en France, demande aux jeunes téléspectateurs de choisir leur candidat préféré, par sms.