C'était hier soir à New York. L'artiste chinois contemporain et dissident Ai Wei Wei s'est entretenu avec le co-fondateur de Twitter, Jack Dorsey. Au menu: censure et dissidence numérique.
La discussion a été réalisée en duplex. Le pékinois Ai Wei Wei était à New York et Jack Dorsey au QG de Twitter à San Francisco. Le compte-rendu figure en anglais sur le site du blogueur organisateur "Read Write Web", dans le cadre d'une série de débats autour de la "dissidence numérique".
L'artiste scuplteur et architecte Ai Wei Wei a rappelé combien Twitter était important en Chine puisqu'il s'agissait d'après lui du seul vrai outil d'expression libre dans le pays. Car une fois twitté et retwitté par tous les "followers", impossible de censurer ! Si le site est bloqué en Chine, il demeure possible d'y accéder par des subterfuge techniques. Ai Wei Wei concède passer plus de 8 heures par jour sur twitter (voici son compte). Il diffuse actuellement le nom,prénom,date de naissance de 8000 écoliers morts dans l'effondrement des "écoles de tofu" (parce que mal bâties) lors du tremblement de terre du 12 mai 2008. 1 victime= 1twit.
Quand les occidentaux ne disposent que de 140 signes pour chaque twit, les Chinois jouissent de 140 caractères... soit 140 mots ! "Ce qui permet de diffuser beaucoup d'informations ou de véritables réflexions très facilement" a précisé Ai Wei Wei.
A la différence de Twitter, les blogs de militants en Chine finissent rapidement pas être inaccessibles lorsqu'ils atteignent une certaine popularité. Les sites facebook, youtube, dailymotion, cnn, wordpress sont actuellement bloqués. Google pourrait fermer son site de recherche chinois prochainement, tout en gardant ses investissements dans d'autres sites chinois.
Ai Wei Wei a demandé - et obtenu - la création d'une version traduite en chinois de la page d'accueil de Twitter afin de rendre l'inscription plus accessible, une fois contourné le "Great Firewall" de la toile chinoise.
