Bizarrement, le voyage officiel en Chine du président Obama suscite un peu plus de frénésie que la récente visite de Christine Lagarde. Certains signes ne trompent pas. A deux pas de l'ambassade américaine et des hôtels de luxe, le charmant Starbucks du quartier de Guo Mao à Pékin est devenu ce soir LA planque cosy des photographes de presse, reconvertis en paparazzi pour l'occasion.
Tout ce que le bar compte de fauteuils et de chaises a été rassemblé près des fenêtres devant lesquelles le président "devrait" furtivement marcher, en début de soirée. Les journalistes américains accrédités se briefent avant de rejoindre l'ambassade (... les autres, comme l'auteur de ce billet assistent, couillons, à cette saine émulation). Ils visionnent aussi la conférence qu'a donné le président à Shanghai ce lundi entre midi et 2, devant un panel d'étudiants chinois. La municipalité leur avait d'ailleurs "offert" un petit cadeau: la levée provisoire de l'interdiction de Twitter... mais seulement à Shanghai, faut pas pousser. Il faut dire que jusqu'au dernier moment, le gouvernement chinois a voulu interdire la retransmission en direct de l'évènement, réduire la voilure médiatique à son minimum syndical (cctv) et exigé que le nombre d'étudiants ne dépasse pas 600 (d'ailleurs sélectionnés par les chefs de départements des universités).
Obama rejoint Pékin ce soir et devrait dès demain aborder les choses sérieuses avec son homologue Hu Jintao. A savoir, les droits de l'homme, le contrôle d'internet (rappelons que Facebook, Youtube sont toujours bloqués), les relations militaires, sa prochaine visite avec le Dalai Lama, la sous-évaluation délibérée du yuan, les termes d'une relation économique version 2.0 qui suppose plus d'exportations et moins d'importations pour les Américains soucieux de préserver leurs emplois. Sur l'agenda également, les objectifs communs à fixer pour le prochain sommet de Copenhague contre le réchauffement climatique, prévue le 7 décembre. S'il lui reste un peu de temps, Obamao devrait en profiter pour rencontrer son demi-frère installé en Chine depuis sept ans, gravir quelques marches de la Grande Muraille et déambuler dans la Cité Interdite. Mauvaise nouvelle pour les photographes américains: le Starbucks près du Palais des concubines a fermé ses portes.
(Photo chinasupertrends.com)