L'urbanisation a du bon. Quand on rase un hutong pour une nouvelle bouche de métro, on arrive plus façilement au Tiny Salt un bar folk rock de Pékin ouvert cet hiver, en plein coeur du nouveau quartier de ShiMaoTianJie. Vendredi soir, le jeune patron a eu la bonne idée de programmer deux artistes "issus de la diversité", comme on dit:
Découvrons ensemble la voix de DongZi, qui nous vient de Mongolie Intérieure (j'ai l'impression de faire mon Jacques Martin). Le gaillard raconte comment il a débarqué à Shenzhen avec 200 yuans avant d'être sauvé de la galère des ouvriers migrants par un professeur de guitare, quelque part dans la salle. DongZi chante, avec mélancolie, une société de plus en plus matérialiste où l'on existe que par ce que l'on possède. Son public est jeune. Tous sont nés au début des années 80. Ce jour là, le chanteur s'excusait d'être de mauvaise humeur, qu'il ne voulait pas trop de bruit dans le public. De toutes façons, son public était bouchée bée.
"Il fait de plus en plus chaud mais nos coeurs sont de plus en plus froids"
Puis vient le tour du Bob Marley de la province d'Anhui (c'est moi qui l'appelle comme ça). Changement de ton, d'humeur et de rythme. Cette chanson s'adresse à ses parents, paysans, à qui il dit fièrement: "Regardez comme j'ai changé!".
Une interview intéressante du photographe Matthew Niederhauser dont le projet "Sound Kapital" s'intéresse à la scène rock actuelle de Pékin ici Attention, la scène "underground" ne veut pas dire "militante". Et beaucoup d'artistes des grandes villes (Pékin, Shanghai) poussée par une popularité médiatique subite, semblent attacher plus d'importance à leurs looks qu'à leurs riffs.