La deuxième session de travail de la Convention a été clairement marquée par un gain de confiance en eux des citoyens. On a pu y voir des prises de parole intempestives interrompre certaines présentations d’experts, notamment celle sur la taxe carbone de Katheline Schubert, professeur d’économie à Paris 1 Panthéon Sorbonne. Venue exposée ses travaux de recherche en faveur d’une taxe carbone, elle a été jugée condescendante par l’un des membres de la Convention qui a jugé « insupportable » le fait qu’elle « les pren(ait) pour des enfants ». Il a été rapidement appuyé par une autre membre de la Convention qui a trouvé suspect l’insistance avec laquelle le sujet de la taxe carbone revenait: « dites-nous où vous souhaitez nous emmener avec cette convention ». Mais ils ont aussi été contredit par deux autres tirés au sort qui ont également pris la parole pour remercier Katheline Schubert.
Début des travaux en groupe
Ces prises de paroles seules démontrent l’assurance acquise par chacun des participants à la Convention qui n’attendent pas la permission pour s’exprimer, bien que cet épisode ait été condamné par de nombreux citoyens de la Convention qui préfèrent que les débats se déroulent dans une ambiance plus sereine. C’est entre autre la raison pour laquelle certains ont particulièrement apprécié et salué le début des travaux en groupes restreints. Ils sont au nombre de cinq, répartis par thématiques (se loger, se déplacer, se nourrir, travailler et produire, consommer). Ils sont donc composés d’une trentaine de tirés au sort qui reçoivent et entendent les présentations des experts et professionnels des différentes thématiques et leur poser des questions. Ces groupes sont également un espace de discussion entre les citoyens qui déterminent ce qu’ils retiennent des présentations avant de rassembler tous ces travaux en plénière pour déterminer les thèmes transversaux et les particularités propres à chaque thématiques.
De nouveaux et anciens messages clés
Comme à l’issue de la première session, des messages clés ont été publiés. Certains ont été réitérés, sur la question de la médiatisation de la Convention par exemple. Les citoyens souhaitent bénéficier d’une plus grande visibilité dans les médias et soulignent que « pour changer il faut d’abord être informé et solidaire ». Ils souhaitent faire de chaque « Français.e un acteur.rice de la Convention », via les réseaux sociaux et surtout le site participatif de la Convention. Ce dernier outil a été mis en ligne à l’occasion de la deuxième session de travail, il est entièrement ouvert et accessible à tous sur le site de la Convention citoyenne pour le climat et a déjà reçu plus de 1 000 participations. Persistent également les doutes quant à « l’aboutissement de la Convention » qui nécessiterait à leur appréciation plus de temps.
De nouveaux éléments apparaissent ensuite, notamment des affirmations sur la « montée en compétence » des tirés au sort qui se disent « conscients » de siéger « en tant que représentant.e.s de l’ensemble de la population », et forts de points de vues différents qui rendent les décisions « difficiles » mais « garantissent des décisions justes et équitables ». Une volonté de valoriser « l’économie circulaire et solidaire » a été très présente lors des discussions et est reportée dans les messages clés. Enfin, la dernière précision fait état de débats, portant sur les sources de financement et la taxation, au sein de la Convention.
Ce dernier point est essentielle et jouera très probablement un rôle fondamental. A présent la Convention doit passer au concret et formuler des propositions. Comme dans beaucoup de domaines, le nerf de la guerre c’est le financement. Dans beaucoup de domaines, la transition écologique nécessite des investissements et plus les objectifs sont ambitieux plus ils peuvent nécessiter des plans de financements importants. La lettre de mission de la Convention précise explicitement « l’esprit de justice sociale » que les propositions visant à réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre française doivent respecter. Celui-ci exclut pratiquement de facto une nouvelle taxe qui porterait sur les classes moyennes et défavorisées de la population. Tout le monde sait que ce week-end marque le premier anniversaire du mouvement des « Gilets Jaunes » dont le déclenchement était la taxe carbone.
Alors comment faire? Certains ont identifié certaines sources de financement potentielles, mais ils ont également en tête les blocages qui les accompagnent. L’évasion fiscale a été évoqué à plusieurs reprises et Victor, l’un des tirés au sort, a identifié l’indépendance de la Banque centrale européenne à laquelle les traités européens interdisent de prêter aux Etats à taux zéro mais il a peu d’espoir que la Convention parvienne à faire bouger les lignes à un tel niveau. Cela ne concerne pas directement les émissions de gaz à effet de serre et pas seulement la France non plus.
Il a été dit et répété aux citoyens de la Convention qu’ils ne devaient pas se sentir limités, qu’ils pouvaient formuler les propositions comme ils les entendaient et que celles-ci seraient remises au gouvernement sans filtre, les citoyens vont bientôt pouvoir le vérifier.