La une du "Parisien" de ce matin m'a fait bondir.
"La liberté en marche" avec la photo des chefs d’État dont la plupart au premier rang sont connus pour être responsables directs ou indirects du sang versé dans leur pays, convenons que c'est choquant. Netanyahou venu à Paris exhorter les juifs de France à fuir leur pays, avouez que c'est inacceptable. Que le responsable des bombardements de Gaza se prévale d'être messager de la paix fait doucement rigoler et aurait probablement inspiré Cabu, Charb et Wolinski.
Pareillement pour le représentant ukrainien. Et que dire des "démocrates" Omar Bongo, du roi de Jordanie, du frère de l'émir du Qatar? Sans parler des représentants des pays voisins( Espagne, Italie, Allemagne,Grèce) et du président de la commission européenne qui par leur politique sécuritaire alimentent les frustrations, la pauvreté, les inégalités, les guerres d'où surgissent les monstres et le terrorisme.
Surfer sur l'émotion, détourner le sens profond de la marche, manipuler l'opinion, la plupart des médias ont malheureusement repris leurs vieux réflexes. Nous ne serons pas des charlots!
Au lendemain de la grande marche pour la liberté, nous devons en tirer les leçons. Constatons que les manifestants défilaient pour défendre la liberté d'expression, condamner les actes terroristes, rendre hommage aux dessinateurs, journalistes, policiers et autres victimes de ces actes odieux. Rejetant les amalgames, les récupérations politiciennes, la majorité des marcheurs ont affirmé avec dignité, calme et détermination leur attachement aux principes républicains, à l'unité du pays, à la laïcité.
Dimanche, le peuple a affirmé son désir de vivre en paix, en harmonie, en liberté. Liberté de conscience, liberté d'expression, liberté de choix! Le gouvernement, les élus nationaux doivent répondre à cette demande: plutôt que de proposer un "Patriot-Act" à la française, il s'agit d'étendre les libertés individuelles et collectives. Quand on entend ici et là des responsables penser à haute voix l'idée de restreindre l'accès à Internet, il y a lieu de s'inquiéter et de manifester notre opposition.
Le peuple veut empêcher le terrorisme. Alors quid des interventions militaires en Afghanistan, en Syrie, au Mali, en Centre-afrique, en Libye, au Soudan? La guerre produit le terreau terroriste. Le gouvernement devrait prendre l'initiative d'une conférence internationale pour stopper les conflits et entreprendre des politiques de coopération économique qui relanceraient l'économie mondiale. L'argent de la guerre pour aider les peuples à vivre plutôt que les destructions et la mort.
Le peuple veut la liberté d'expression. Le gouvernement devrait garantir la liberté d'écrire et de commenter des journalistes. La télévision nationale devrait être pluraliste. Tous les courants de pensée devraient y être représentés. En finir avec la pensée unique, voilà un thème qui mérite débats et décisions. L'existence de journaux indépendants de l'état, des financiers, doit être favorisée.
Loin des guerres de religion que certains voudraient nous imposer, le peuple français se prononce pour la paix civile dans le cadre républicain. Le gouvernement doit répondre au défi suivant: comment assurer le "vivre ensemble" dans les cités et quartiers populaires? La politique d'austérité engendre le délitement social qui favorise la montée des extrémismes raciaux. Une partie de la réponse réside dans l'accroissement des moyens humains et matériels pour remettre l'école à sa juste place, pour réimplanter les services publics, pour développer le mouvement associatif, pour créer de l'emploi.
Sur le plan religieux, chrétiens, juifs, musulmans, autres croyants doivent réfléchir et participer avec les athées à ce vaste débat démocratique que la marche vient d'amplifier dans notre pays.
Dimanche, le peuple a repris le besoin de parler, l'envie de discuter, le désir de se faire entendre.