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Billet de blog 14 novembre 2013

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Hollande: l'heure des comptes

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Les drones et les leurres des la social démocratie sont en panne!
 La politique de Hollande se distingue de celle des deux autres politiciens de gauche qui l’on précédé en ce qu’elle a choisi d’attaquer frontalement la classe ouvrière et non en biaisant. Sous Jospin, la loi Aubry ( 35h/flexibilité) était évidemment une attaque contre nos acquis mais en même temps, elle prétendait répondre à notre vieille revendication des 35 heures. Hollande ne s’est pas embarrassé de ces subtilités. Il a jugé que la meilleure stratégie face à un électorat populaire qui l’avait élu pour le changement et à qui il devait des comptes, c’était justement d’y aller franchement, de nous dire : « vous ne comptez pas ». Et il a refusé l’amnistie des syndicalistes, il a fait tirer au flash-ball sur les sidérurgistes, il a accueilli à bras ouvert le néo fasciste Rajoy qui venait de s’en prendre au peuple espagnol avec une brutalité inouïe, il a aggravé la réforme Sarkozy contre les retraites. Tout s’est passé comme s’il voulait nous impressionner, nous prendre de vitesse, afin de ne pas se trouver confronté à un grand mouvement social lui demandant des comptes.

On peut faire des reproches à Jean Luc Mélenchon (vision trop étroitement électoraliste et nationaliste des choses), mais il faut lui reconnaître qu’il a fait ce qu’il a pu pour maintenir le cap qui aurait dû être celui de toute la gauche de la gauche : tous ensemble pour le respect de la volonté majoritaire de changement ! Il a su lancer de manière très volontariste les initiatives qui ont permis de maintenir la dynamique unitaire enclenchée par le Front de gauche : manif contre le pacte d’austérité budgétaire européen, appel à une manif nationale pour la sidérurgie, manif pour une assemblée constituante. Mais tout cela ne pouvait suffire. 

     Il fallait une puissante mobilisation sociale pour la convergence des luttes et la préparation d’une grève d’ensemble reconductible. Les directions du mouvement syndical n’étaient malheureusement pas disposées à s’engager dans cette direction. L’échec de la rentrée sociale contre la réforme des retraites est particulièrement éloquent.  Mais il n’y a pas eu non plus, à la base, et dans la gauche syndicale anti capitaliste, une réelle volonté et un savoir faire pour construire un mouvement de mobilisation pour le tous ensemble, comme cela avait existé chez les cheminots entre 1986 et 1995 avec les comités de mobilisation unitaire ou d’une façon encore plus significative, avec les comités unitaires intersyndicaux qui ont précédé et fortement contribué au déclenchement de la grève générale de 1953 pour la défense des retraites et des services publics (grève générale qui fut victorieuse)

Aujourd’hui, nous payons au prix fort cette absence de volonté unitaire de mobilisation anticapitaliste pour un plan d’urgence sociale. Tout ce qui a été fait n’était évidemment pas à la hauteur des attaques auxquelles nous sommes et nous allons être confrontés.

           A première vue, Hollande pourrait être fier de lui et devrait recevoir les félicitations du patronat et de la droite européenne. Mais son "audace" droitière est aussi une faiblesse : il a oublié que, pour la bourgeoisie, la social démocratie ne peut être un moyen de canaliser les masses que dans la mesure où elle sait entretenir l’illusion qu’elle reste la gauche. Mitterrand l’avait parfaitement compris durant ses deux septennats de trahisons habilement maquillées. Aujourd’hui, après deux années de pouvoir Hollande, la social démocratie ne garantit plus la paix sociale et elle n’est plus en mesure de canaliser les mécontentements qui s’expriment à présent d’une manière extrêmement confuse mais aussi avec une très grande force comme nous pouvons le constater en Bretagne. La confusion du mouvement est facile a comprendre : il n’y a plus de repère quand la gauche fait une politique de droite et que les directions syndicales ne tiennent pas le cap de la mobilisation sociale « droit devant ! ».

      On voit dans ces conditions la droite et l’extrême droite sortir de l’ombre pour tenter de déborder le mouvement de colère populaire et en prendre la direction. Mais la colère populaire présente est aussi et surtout une colère prolétaire, y compris en Bretagne et dans toute la France où des mouvements de colère sociale voient le jour de manière très dispersée.

        L’appel de Jean Luc Mélenchon à une manifestation nationale début décembre pour une «  révolution fiscale » est un pari audacieux pour tenter de reprendre l’initiative  à la gauche de la gauche, afin de pousser la colère populaire dans la bonne direction.

       Oui, il faut que cette manif ne soit pas seulement une manif pour taxer le capital mais une manif pour la convergence de toutes les colères prolétaires : retraites, santé, licenciements, discriminations, etc. C’est le cap qu’il faut absolument maintenir pour préparer le tous ensemble qui reste la réponse centrale à la crise sociale en cours.

J P

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