18 nov 2015
Nous vivons, en ce début de siècle, la plus grande crise sociale et économique depuis les années 30. Une course de vitesse s'est engagée entre les forces politiques et sociales de progrès et celles de la réaction. De nouveaux mouvements sociaux porteurs d’espoir sont apparus au cours de cette crise mais aussi des forces sinistres qui tentent de faire tourner une fois de plus la roue de l’Histoire à l’envers.
En France, les forces révolutionnaires et progressistes marquent le pas après les capitulations de la fausse gauche au pouvoir. Hollande et Valls ont cyniquement poursuivi la politique de Sarkozy malgré la volonté d'un vrai changement social exprimée par es électeurs aux présidentielles.
La crise a secoué le Maghreb et le Proche Orient encore plus fortement. Là aussi, il y a course de vitesse. On y a vu apparaître le formidable soulèvement social du printemps arabecontre les despotismes, mais aussi en réaction, des mouvements mortifères comparables à ceux que l’Europe a connus dans les années 30. Daesh est aujourd’hui l’une des expressions les plus sinistres de cette réaction au Proche Orient.
Le printemps arabe a été une très forte poussée révolutionnaire dans le monde arabe, comparable à ce que fut le " printemps des peuples européens durant la grande révolution de 1848". Mais aujourd'hui, la réaction a repris le dessus. Nos grandes démocraties impérialistesont protégé de tout leur poids ceux qui leur semblaient les plus aptes à défendre leurs intérêts dans la région : l'Etat d'Israël et les despotismes arabes.
C'est dans le cadre d’une situation révolutionnaire bloquée, "avortée", qu'ont surgi des mouvements ultra réactionnaires comme Daesh. Ces mouvements se nourrissent des colères et des frustrations engendrées par les régimes en place et par les grandes puissances qui les soutiennent.
Chacun de nous est hanté par les attentats de Paris. Nous sommes indignés par l’horreur, par ces tueurs qui s'en prennent à des innocents. Les victimes sont des nôtres: quelle que soit leur religion ou leur nationalité, ils sont des nôtres et nous les pleurons. Hommes et femmes, jeunes ou moins jeunes, croyants ou non croyants, salariés ou sans emploi, musiciens, étudiants, artistes… Nous étions tous dans le viseur de ces commandos de la mort fanatisés.
Mais justement parce que nous sommes directement concernés, nous ne devons pas accepter que le pouvoir nous mette devant le fait accompli d'une guerre que nous ne voulons pas. Lutter contre la barbarie, bien sûr. Mais comment la combattre? Certainement pas par cette "guerre d'extermination" préconisée par le gouvernement Hollande/Valls. Elle ne fera qu'empirer les souffrances de la population syrienne . Elle renforcera la puissance de Daesh .
« Nous sommes en guerre »... ?
Monsieur Hollande, cette guerre n’est pas la nôtre, ce n’est pas non plus celle des victimes qui sont tombées hier. Osez nous avouer quels sont les véritables enjeux de votre guerre ! Pourquoi cette soudaine détermination du gouvernement, lui qui s’est toujours montré si pusillanime, quand il y avait urgence à intervenir contre l’arrogance des banques et des multinationales ? Mais n'est-ce pas justement les banques, les multinationales, les marchands de canons et de pétrole qui tirent les ficelles de tout cela? Pourquoi monsieur Hollande, envoyez-vous avec un tel empressement vos avions de combats, vos missiles et votre porte avion combattre en Syrie ? Est-ce bien le rôle de la France, de jouer le petit gendarme du monde au pied et à la botte du grand gendarme impérialiste ? La politique follement guerrière de Georges bush n’est pas l' exemple que nous voulons suivre. Sa « guerre de civilisation », prétendument guerre du « Bien contre le Mal » a en fait transformée l’Irak d’abord, puis à son tour la Syrie, en poudrière. Des dictatures odieuses s'y confrontent au fanatisme de Daesh qu'elles ont fait naitre.
Où va le gouvernement français?
L’état d’urgence a été décrété. La droite et l’extrême-droite se livrent déjà à une surenchère raciste et sécuritaire. Jusqu’où nous laisserons nous entraîner par la fausse gauche qui gouverne. Sa politique est suicidaire. La droite extrême de Sarkozy et le Front National piaffent déjà d’impatience aux portes du pouvoir !
Non cette guerre ne réglera rien. Elle ne fera qu’aggraver la condition des personnes d’origine étrangère. Elle va faire monter l’islamophobie. Nous ne voulons pas du verrouillage des frontières, du racisme et des contrôles « au faciès », des flash-balls et des tysers contre les mobilisations sociales, et enfin de la montée du Front National, qui cherche lui aussi, à faire tourner la roue de l’Histoire à l’envers.
Notre combat : celui de la paix, de l'antiracisme et de la justice sociale
Nous devons relever la tête, refuser la guerre et nous engager avec courage dans le seul combat qui sera le nôtre: celui contre tous les racismes, celui pour la paix et la justice sociale. Oui stop à la guerre, à l’état d’urgence et à la remise en cause de nos droits de citoyens. Halte au feu, arrêtons le massacre ! Nous ne voulons pas de cet avenir là pour nos enfants, pour nos amis, pour notre classe.
La leçon de paix après l’attentat d’Atocha en Espagne
Il y a dix ans de cela, l’Espagne était, comme nous le sommes aujourd’hui, au bord du gouffre et le peuple espagnol sut réagir à temps contre son gouvernement.
Le 11 mars 2004 à Madrid à la gare de chemin de fer d’Atocha, un attentat terroriste avait tué 200 voyageurs et fait 1200 blessés. L’armée espagnole était engagée aux côtés de celle de Georges Bush dans la guerre impérialiste en Irak. Le gouvernement de droite avait alors voulu cacher le lien entre l’attentat d’Atocha et la guerre que l’Espagne menait en Irak. Le pouvoir cacha la vérité et fit croire que des séparatistes basques en étaient les auteurs. L’attentat avait eu lieu à quelques jours des élections espagnoles. Aznar craignait une sanction par les urnes de sa désastreuse politique guerrière. Mais la vérité éclata. Le peuple fut indigné. Des manifestations de protestations envahirent les rues et même les bâtiments publics à la veille des élections. Et la droite fut battue au vote. Le nouveau gouvernement de gauche, sous la pression de son opinion publique prit la décision de retirer ses troupes militaires d’Irak. Il n’y a plus eu d’attentats en Espagne. Ce n’est pas la guerre mais bien au contraire la paix qui a mis fin au terrorisme en Espagne.
Aujourd’hui, François Hollande fait exactement le contraire. C’est une voie suicidaire pour la paix, la démocratie et la justice sociale. A nous de réagir comme l’avait fait le peuple espagnol.
Il faudrait construire un grand mouvement anti guerre, comme nous l’avions fait à l’époque de George Bush. N’écoutons pas la voix de la peur et de la haine. Nous avons un toute autre combat que la guerre à mener, c’est le combat, vital et essentiel, pour la paix, la tolérance, pour nos droits et nos acquis sociaux, pour l’avenir de la planète, et aussi pour le respect du droit des peuples, en Palestine, au Proche Orient et dans le monde.
Nous voulons pouvoir nous réunir, discuter, manifester librement :
- - Levée de l’état d’urgence
- -Retrait total des forces armées françaises de tous les lieux de guerre en Afrique et en Syrie !
J. P.