De Daladier à Macron : Macron marchepied de l’extrême droite, celle de Le Pen ou de Darmanin ?
Macron se voulait jupitérien, napoléonien, et maintenant gaullien. Mais, au fil des jours, des ans, Macron sera reconnu dans l’Histoire, s’il y en a une, comme le Daladier de la 5ème république, encore plus voyou peut-être, par sa constance à « marchandiser », « objétiser » l’humain et la planète au profit du capital qu’on appelle pudiquement « économie libérale » plutôt qu’«économie de marché » ou capitalisme.
Daladier ? L’exemple parfait de ce qu’est la trahison des gauches dites, gouvernementales ! Il parachève son œuvre destructive du Front Populaire avec les accords de Munich et les conséquences qu’ils auront sur la « paix » qui ouvrira la seconde guerre mondiale. En 2 ans de présidence du conseil, 1938/1940, il réussit à casser les acquis du front populaire et à faire ce que certains historiens ont appelé le « Vichy avant Vichy » !
Voulant réserver l'emploi aux travailleurs français, il promulgue le décret-loi du 2 mai 1938 sur la police des étrangers, qui est complété par celui du 12 novembre 1938. Ce dernier prévoit l’internement des « indésirables étrangers » ; il est élargi par la loi du 18 novembre 1939 qui permet l’internement « de tout individu, Français ou étranger, considéré comme dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique », à l'époque surtout des juifs d'Europe centrale, ce que certains nomment un « Vichy avant Vichy ». Dès 1939, les camps d'internement français détiennent aussi des réfugiés de la Guerre civile espagnole et des gens du voyage.
En novembre 1938, il prend des décrets-lois, appelés par ses opposants les « décrets misères », qui reviennent sur des mesures du Front populaire. Daladier qualifie la loi sur les 40 heures de « loi de paresse et de trahison nationale ».
Instigateur le 7 juin 1933 du « pacte quadripartite », signé avec le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie pour favoriser l'intégration de l'Allemagne au sein de la Société des Nations, il est signataire, au nom de la France, en tant que président du Conseil, des accords de Munich le 30 septembre 1938.
En 5ans, Macron, lui, a tout détourné : l’histoire, le langage, la constitution. Non, pardon, la constitution, il l’a utilisée jusqu’au bout, prenant le risque que la population ne se rende compte qu’elle est juste absolutiste et anti-démocratique !
En cinq ans, il a cassé ou fragilisé tous les acquis sociaux, tous les services publics.
Lois sur l’indemnisation du chômage, travail, coût de la scolarité, RSA, APL… et, en cours : conditionnement du RSA, réforme sur les retraites…
Casse de l’éducation nationale et de ses personnels et usagers, des services publics de santé de ses personnels et usagers, casse de la petite agriculture dite agriculture paysanne, casse de l’industrie de territoire…
Casse de la citoyenneté et de la liberté de penser et dire.
Au nom d’une démocratie menacée, qu’il ne définit jamais, il prend un virage hyper autoritaire, puis policier, dès 2017 en « complétant », par ordonnance, la loi travail très libérale de Hollande.
Dès 2018, Castaner organise la plus grande répression policière de la 5ème épublique, contre le mouvement des Gilets Jaunes. 11/13 morts, 1900 blessés (reconnus par le ministère de l’intérieur) 353 blessures à la tête dont au moins 30 éborgnés et au moins 4 mains arrachées, quant aux blessures graves aux pieds, je n’en trouve plus le décompte ; 5002 interpellations reconnues du 17/11/2018 au 26/01/2019 dont 1939 pour la seule journée du 8/12/2018. D’où la marche des mutilés en cours.
Depuis, les manifestations, pourtant constitutionnelles, sont soumises aux accords préfectoraux et encadrées et dirigées, c’est le mot, par les forces de répression, sans que ça ne gène les organisations syndicales, qui, au contraire en redemandent ! Et oui, la police nous protège… ça crève les yeux ! Mais, de quoi la police nous protège-t-elle ? La question n’est pas à l’ordre du jour et elle n’y sera pas sous peine de permettre un débat sur le rôle de l’État !
Depuis 2020, Darmanin, ministre de l’intérieur des gouvernements Castex et Borne, a pris le relai et dérape, ou pas, continuellement dans ses propos et propose des projets de lois, accentuant, la sensation d’autoritarisme, de préparation au post-fascisme que vit la population. Sur l’immigration, il dénonce la « mollesse » de Le Pen !
Bien sûr, il réprime sauvagement, « à la Castaner », c’est-à-dire avec des armes de guerre (LBD), grenades de désencerclement, le mouvement anti-réforme de la retraite en cours, ainsi que les mouvements écologiques : bassine St-Soline, Serge, serait sorti du coma, mais dans quel état !
Le délit d’outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique s’applique maintenant pour le président, alors que cela avait été aboli en 2013. C’est ainsi que macron peut dire qu’il nous « emmerde » sans être inquiété, mais qu’un retraité de 77 ans peut être condamné à un stage de citoyenneté, pour avoir affiché, sur sa propriété : « on emmerde Macron ». Un ministre de la justice peut faire des bras d’honneur aux députés et ainsi de suite. Ni macron, ni ses ministres ne seront contraints à un stage de citoyenneté, qui aurait pu leur apprendre quelque chose du vivre ensemble, du respect de l’autre, qu’ils ne connaissent pas.
L’inventaire pourrait être plus long et plus détaillé, mais mon propos n’est pas de faire l’inventaire des exactions de ce gouvernement contre la population, mais plutôt :
De « visualiser » le parallèle qu’on peut faire entre Daladier et Macron pour en percevoir l’avenir que macron programme méthodiquement depuis la parution de son livre « révolution », et ses élections.
De comprendre la construction du schéma de pensée qu’il réussit à imposer pour le combattre et tenter d’éviter, au moins en France, le post-fascisme qui se met pas à pas en place avec la détermination de la start-up Macron.
Le schéma de pensée n’est pas nouveau, mais, force est de constater que faute d’opposition immédiate de la majorité des « intellectuels », de la majorité des médias, de l’ensemble des partis de gauche de gouvernement, et des trotskystes, de l’ensemble des syndicats institutionnels, elle s’est développée très vite à grand coup de communication, au bout du compte, partagée par ceux qui devraient s’y opposer en soutenant les résistances pourtant grandes et diverses des travailleurs, de la population, au lieu de « négocier » le non-négociable.
Ce schéma de pensée suppose un postulat : seul le modèle d’économie de marché est viable !
Sauf que : les modèles d’auto-suffisance, de coopérations, et plus lointain, les modèles de collectivités de la révolution d’Espagne, fonctionnent et ce, sans qu’on revienne à l’âge des cavernes ou à la bougie ! Le point commun à tous ces modèles : le refus du profit et de la hiérarchie, l’auto-organisation, bref, la liberté, l’égalité, la fraternité !!!
La dialectique jésuite maîtrisée jusqu’à l’absurde.
Là, il s’agit de détourner le sens par le recyclage des concepts. Il faut bien reconnaître, qu’en la matière, Macron ne manque pas de culot, d’audace : de « révolution » aux « CNR », il ne recule devant rien en excellent communiquant et agent du capitalisme. Il réussit, à berner l’ensemble de la population en utilisant des mots qui ont du sens, de l’écho, en les vidant de leur sens premier, historique, intelligent et affectif.
En ce sens, Macron puise beaucoup de ses audaces dans les stratégies de « dédiabolisation » du FN/RN avec le succès qu’on leur connaît. Sauf que, plus fin que Le Pen, il enveloppe mieux son discours lénifiant, mais néanmoins efficace.
Il développe les applications start-up de la pensée « post-moderne », tout droit venue des USA, en développant les communautarismes qui permettent de briser tout sentiment d’intérêt général à défendre, au profit du « les uns contre les autres » ou du « diviser pour mieux régner ». On en est au point que tout enseignant, particulièrement universitaire, par exemple, est sommé de se situer « Woke » ou « Cancel » !!!
Concepts totalement étrangers à une philosophie issue des Lumières, dont ils se revendique, là encore, sans jamais définir sur quels principes il appuie ses décisions pourtant démophobiques (contre le peuple, la population)!
Je ne suis pas suffisamment experte en manipulation des concepts pour démonter et démontrer l’ensemble des impostures et falsifications, mais, je sais qu’elles sont là, bien implantées maintenant et qu’il n’y a pas d’avenir pour la population sans que celle-ci ne s’empare aussi de la pensée et ne construise ses propres concepts de liberté, d’égalité et de solidarité/fraternité.
Penser ensemble, partager la construction de la pensée, c’est ce à quoi, je veux contribuer.
Josette, Montauban, 15 mai 2023