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Billet de blog 5 mars 2014

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"Rudy Ricciotti, architecte": l'exposition proposée par la Friche Belle de mai est décevante

Accueillie dans une seule salle de la Friche Belle de Mai, à Marseille, l’exposition Ricciotti architecte se révèle mineure et décevante. Elle permet malgré tout de mesurer un tout petit peu combien le travail du célèbre concepteur et constructeur d’édifices se révèle audacieux.

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Accueillie dans une seule salle de la Friche Belle de Mai, à Marseille, l’exposition Ricciotti architecte se révèle mineure et décevante. Elle permet malgré tout de mesurer un tout petit peu combien le travail du célèbre concepteur et constructeur d’édifices se révèle audacieux.

Placée sur l’échelle des valeurs collectives, une notoriété acquise sur tel ou tel créneau est toujours relative. Il n’en reste pas moins que l’architecte Rudy Ricciotti aura sans conteste été la grande star de feu la très dispendieuse année MP 2013 (dont on attend d’ailleurs toujours les bilans objectifs et vérifiables...). Pour preuve : son Musée des civilisation de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) a fait la une d’une multitude de publications nationales et internationales depuis son ouverture publique tardive début juin 2013. Une forme de reconnaissance indirecte semble ainsi lui être rendue localement à travers l’exposition très sobrement intitulée Ricciotti architecte.

Concoctée par la Maison de l’architecture et de la ville PACA (MAV-PACA) à la Friche la Belle de Mai, cette manifestation est une sorte de déclinaison très réduite du grand événement organisé l’année dernière à Paris par la prestigieuse Cité de l’architecture et du patrimoine. Placée « sous le signe de la prospective et non de la rétrospective », elle a pour ambition affichée de valoriser « le travail de l’architecte dans sa dimension de recherche permanente ». Mille fois hélas, la restriction quantitative et qualitative est cependant telle que la globalité assez désolante des contenus ne manquera pas de décevoir les nombreux fans de l’architecte ou les curieux qui voudraient en savoir plus sur les univers liés au personnage.

Déception

Occupant une seule salle, les quelques matériaux exposés ne donnent qu’un minuscule aperçu, presque dérisoire et même incompréhensible, des talents pourtant immenses de l’architecte. Au niveau des maquettes, inutile de former des espoirs : seuls deux objets sont visibles. Expulsés dans un coin au fond du lieu, ils donnent la fâcheuse impression d’avoir été placés à cet endroit par hasard, ce qui est loin de mettre en valeur les réalisations concernées. Il s’agit ici du musée Jean Cocteau de Menton et du Pavillon Noir d’Aix-en-Provence. Bien que petites, ces deux jolies terres cuites réalisées par le céramiste Dinilo Trogu permettent malgré tout de jauger respectivement l’enveloppe bétonnée extérieure et le squelette externe des deux bâtiments dont il est question.

Parmi les rares choses par ailleurs disponibles aux regards, un petit élément de la toiture du stade parisien Jean-Bouin (un clin d’œil ironique lancé vers les supporteurs de l’OM... ?) et plusieurs matrices structurelles, grandeur nature, complétées par de vrais échantillons concrets en BFUP (1). Figurent dans ces catégories un panneau immense de la désormais célèbre résille enchâssant le MuCEM ainsi que ses poteaux qui d’un point de vue photographique s’apparentent à de grosses racines à la fois minérales et vivantes. On peut enfin citer entre autres des photos de certaines constructions édifiées par l’architecte (parmi lesquelles le Stadium de Vitrolles en déshérence depuis plusieurs années...), dix grandes aquarelles colorées très naïves, sans intérêt majeur, de son ami Yvan Salomone, deux écrans tactiles permettant d’aller fouiner dans trente réalisations et un film vidéo réjouissant où l’on retrouve la faconde intarissable, pédagogique et touchante qui est celle de Rudy Ricciotti.
En somme, si cette exposition se révèle incroyablement mineure et en total décalage par rapport à ce qui avait été présenté en 2013 à Paris, elle permet néanmoins de mesurer un tout petit peu combien son travail est audacieux. Appréhendée dans sa globalité, son œuvre frôle même l’aérien à certains égards, dans une sorte de « mise en danger » délibérée, vécue par lui comme un moteur grâce auquel il continue inlassablement à faire tourner sa machine à construire. — Valentin LAGARES
1 Béton fibré ultra performant (BFUP).


13 | Marseille, Friche la Belle de Mai, Tour Panorama, > 18/05, t. 04 95 04 95 95, www.lafriche.org/content/ricciotti-architecte et www.rudyricciotti.com

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