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Billet de blog 10 octobre 2013

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C’est par où la sortie ?

Un nouveau monde est en gésine. Une transmutation est en cours, écologique, informationnelle, sociale (1). Radicale et sans retour. Révolution moléculaire des consciences, citoyenneté en rhizomes, interdépendance des héritages culturels, redistribution des connaissances, se conjuguent pour dessiner d’inédits futurs.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un nouveau monde est en gésine. Une transmutation est en cours, écologique, informationnelle, sociale (1). Radicale et sans retour. Révolution moléculaire des consciences, citoyenneté en rhizomes, interdépendance des héritages culturels, redistribution des connaissances, se conjuguent pour dessiner d’inédits futurs. Ce chambardement souterrain commande de revoir les modes d’échanges, de production et de consommation. Un processus qui refonde la question des identités, de la laïcité, de l’universel et du rapport au singulier. Une lame de fond qui remet en cause les catégories de pensée, les temporalités, et les systèmes de représentation dont ceux du politique. Et qui met à mal des totems comme le taux croissance fétichisé depuis les « Trente Glorieuses » (2) et la mystique du productivisme prédateur. Il ne s’agit donc plus d’une « crise »  (« cette arnaque, ce récit inventé par une oligarchie mondiale pour préserver ses intérêts (3) » - mais d’un redéploiement des savoirs qui se manifeste à travers communautés humaines, entreprises, associations et réseaux.

Dans ce mouvement planétaire où la balkanisation du monde va de pair avec l’idée du « village global », la France, l’une des démocraties les plus centralisée du monde, riche d’une société civile multipolaire, est handicapée par ce qui, hier, faisait la force de sa canonnière. Tant il est patent qu’une partie du fameux « mal français » est celui de son élite. Une élite qui pratique la consanguinité idéologique, depuis le mandarin politique jusqu’à l’administrateur, en passant par le journaliste de cour et le juge de complaisance. Une élite qui se joue des étiquettes partidaires comme les footballeurs troquent des maillots lors du « mercato ». Une élite de notabilités boulimiques qui vous vendent le cumul éhonté de leurs mandats comme la défense de l’intérêt général (4). Une élite confortée par des sous-traitants corporatistes qui fabriquent de la norme et de la complexité de nature à masquer l’origine des dominations.

Il se trouve à présent que le divorce entre la communication (cette messe des temps actuels pour esprits crédules) de cette nomenklatura et la réalité est de plus en plus criant à mesure que le citoyen, aidé par l’outil numérique, se forge ses propres jugements. Au point que certains rois sont nus et ne le savent pas. Que nombre de rentes de pouvoir deviennent insupportables. Et qu’il est temps d’aérer la maison commune.

A l’orée d’une rentrée culturelle où les actes de foi des lieux de diffusion sont beaux comme l’Antique, où les bilans des festivals et événements de l’été sont rutilants, où des échéances électorales agitent les marigots à crocodiles, notre journal fidèle à une mue entamée il y a cinq ans, entend plus que jamais se faire l’avocat de l’inédit, du mouvement, des forces du renouvellement. Avec l’idée que les grands récits politiques ont vécu, que le discrédit du personnel politique n’est pas rédhibitoire, qu’il existe un déficit des acteurs sociaux, qu’il faut une refondation écologique qui ne soit pas décorative, la crise écologique et la crise sociale s’entretenant l’une l’autre, et que la culture doit jouer sa partition dans ce grand guignol amer.

Frank Tenaille
(1) Le Groupe des experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (GIEC) vient de se réunir à Stockholm. Son dernier rapport durcit son diagnostic de 2007.
(2) Les taux de croissance élevés de cette période (comme celui actuel de la Chine ou de l’Inde) correspondant, historiquement, à des périodes de rattrapage.
(3) Selon la formule d’un Patrick Viveret, membre du Pacte Civique et du Collectif Roosevelt qui organisent avec d’autres associations des Etats généraux du pouvoir citoyen la transition, le 12/10 Bourse du Travail à Paris. www.amiando.com. Autre rendez-vous : le Forum de la désobéissance citoyenne sur le thème « 70 ans après le programme du Conseil National de la Résistance, quels nouveaux jours heureux ? », le 26/10 à Grigny (Rhône) 04 72 49 52 34.
(4) Le taux des cumulards au Parlement européen est de 51% pour les Français, 19% pour les Allemands, 12% pour les Italiens, 4% pour les Britanniques, 3,7% pour les Espagnols. Le palmarès des cumulards publié par l’Express (du 22/9) étant particulièrement cruels pour notre personnel politique grand sudiste.

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