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Billet de blog 11 septembre 2013

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« On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre ». Jean Jaurès (1859-1914)Il y a 100 ans, en août 1913, il fallait punir la Serbie. Ce qui n’était que l’affaire d’un confetti des Balkans, par le système des alliances, accoucha d’une guerre mondiale, et fit le lit entre autres du nazisme.

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« On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre ». Jean Jaurès (1859-1914)
Il y a 100 ans, en août 1913, il fallait punir la Serbie. Ce qui n’était que l’affaire d’un confetti des Balkans, par le système des alliances, accoucha d’une guerre mondiale, et fit le lit entre autres du nazisme. Certes, l’histoire ne repasse pas les plats, mais il y a des logiques siamoises qui méritent examen. En premier lieu, celles des va-t-en-guerre médiatiques 1 et de ces éternels « experts » qui mangent dans les gamelles du lobby militaire et assurent que le chaudron syrien ne peut devenir la matrice d’un conflit généralisé. En second lieu, l’on retrouve les atermoiements des instances internationales qui pratiquent depuis trois ans la non-assistance à un peuple en danger. Celles du Conseil de sécurité des Nations unies, tétanisé par les amis russes et chinois du boucher Assad. Celles de la pleutre Europe qui n’a jamais usé de ses formidables moyens de pression économique et n’a fait que renforcer le camp le plus djihadiste de l’opposition syrienne au détriment du camp laïque et démocratique.

Comme si à Bruxelles les lunettes du politique ne pouvait prendre en compte le temps long de l’histoire. Où l’on retrouve l’enjeu de la question qui est en filigrane dans le « printemps arabe », cette dynamique des peuples sous effet de la mondialisation à vouloir prendre en main leur futur, et qui pose de facto la question de l’Etat et celle du citoyen à venir 2.

A ce titre, l’option kaki ne résoudra pas les problèmes historiques, religieux et ethniques sous-jacents de cette région du monde, ne pouvant au contraire que les exacerber et créer un effet domino. Prendre prétexte pour effectuer des frappes « punitives », du palier symbolique de l’arme chimique, comme si les 100 000 victimes antérieures de Bachar el-Assad n’avaient pas existé, est une hypocrisie.

En nous rejouant une version de « l’arme de destruction massive » si chère à Bush pour intervenir en Irak, Obama joue une crédibilité élimée par sa politique de girouette. Il y a 10 ans, la France s’honorait en refusant de mettre le pied dans le bourbier irakien, privilégiant les solutions politiques et diplomatiques. Un million de morts plus tard, elle avait eu raison. Cette fois encore, dans une région en profond désordre, fracturées par les lignes confessionnelles et des alliances paradoxales 3, c’est une tromperie de faire croire que l’on gagne les paix avec des pompiers-pyromanes…
Frank Tenaille
(1) A l’instar d’un Bernard Guetta, éditorialiste-casqué sur France-Inter dont on se demande pourquoi il n’a pas déjà sauté en parachute sur Bagdad.
(2) Quand bien même les embardées du processus comme lorsqu’en Egypte le pronunciamento sanglant de la junte militaire compromet pour le long terme les chances d’une transition démocratique qui harmonise les visions laïques, nationalistes, islamistes, du pacte collectif de ce pays.
(3) Dans cette guerre par procuration, les pays du golfe « amis » finançant les milices extrémistes au nom de la division chiites/sunnites.

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