Deux ans et demi après sa dernière édition, la cérémonie des OUT d’or, qui récompense la visibilité LGBTI dans les médias, est de retour, ce jeudi 9 décembre 2021. Elle sera à suivre en vidéo à 20 heures sur 2021.outdor.fr, ainsi que sur Mediapart et le site de France 3. l’AJL, l’Association des journalistes LGBTI (lesbiennes, gays, bi·e·s, trans et intersexes) va remettre des prix dans sept catégories journalistiques et artistiques, notamment le OUT d’or de la “personnalité LGBTI de l’année”, qui a été choisie par un vote du public.
Toutes les œuvres et personnalités nommées le sont parce qu'elles ont fait progresser la visibilité LGBTI dans les médias ces derniers mois. Et pour l’AJL, si la visibilité n’est pas une fin en soi, elle permet de faire un pas vers un meilleur traitement, plus juste et respectueux, de nos communautés dans la société toute entière. Dans les médias français, les choses s’améliorent peu à peu : peut-être faut-il y voir un effet des bientôt neuf années de travail de l’AJL. Outre les OUT d’or, nous avons mis à jour notre kit “Informer sans discriminer” à l’usage des rédactions et des journalistes, qui est de plus en plus utilisé. Nos formations, dans les écoles de journalistes, les IEP, et désormais dans les collèges, sont chaque année plus nombreuses et nous permettent de répondre à des besoins urgents d’information sur les LGBTI et les médias. Notre veille médiatique trouve son débouché dans notre newsletter mensuelle et dans des études au long court, comme celle que nous avons publiée il y a un an après cinq semaines d’écoute assidue des “Grosses Têtes” de RTL.
Mais il reste beaucoup, beaucoup à faire. Si nous n’avons pas de mal à trouver des productions qui méritent de figurer dans notre sélection pour les OUT d’or, il est bien plus difficile de trouver des productions de personnes racisées, et notamment de personnes noires, dans les rédactions françaises. C’est un immense problème. A l'AJL nous avons la conviction depuis le début que des rédactions plus diverses produiront nécessairement un meilleur journalisme. Un journalisme qui offre un meilleur traitement des minorités est un meilleur journalisme pour toutes et tous. Cette sélection est aussi l’occasion de pointer les lacunes : peu ou pas de sujets sur la bisexualité, sur l’asexualité, sur les personnes intersexes. Quant aux meurtres de gays, ils ont bien du mal à être politisés et à sortir de la rubrique faits divers.
Il y a quelques jours, le 1er décembre, avait lieu la journée mondiale de lutte contre le VIH-Sida. A l’occasion des quarante ans de la médiatisation des premiers cas, nous avons voulu mettre la cérémonie sous le signe de ces quatre décennies de lutte. En 1981, une épidémie dont on ne savait rien éclatait. Tandis que les personnes concernées avaient un besoin crucial d’information pour que les pouvoirs publics agissent, la presse de l’époque s’est prêtée au jeu de la stigmatisation, du sensationnalisme et des faux experts. Nous sommes parfois tombé·e·s dans les mêmes travers journalistiques quand la pandémie de Covid-19 est apparue. Or, nous devons faire preuve de toujours plus de vigilance mais surtout de véracité quand nous traitons ces combats médicaux.
Au fil de ces 40 longues années de luttes, c'est finalement la question de la responsabilité des médias et des journalistes qui est posée, encore et encore. Une question que l’AJL et ses OUT d’or n’ont de cesse de défendre et porter auprès des journalistes et des rédactions françaises.
Rachel Garrat-Valcarcel et Ingrid Therwath, co-présidentes de l’AJL.
La 4ème cérémonie des OUT d’or, présentée par Tahnee et Marie Labory, à la Flèche d’or, Paris (20e), diffusée jeudi 9 décembre à 20 heures sur la page Facebook, la chaîne YouTube et le compte Twitter de l’AJL, ainsi que sur les sites de Médiapart et de France 3.