Tu m’as violée, connard, et ça, je ne te le pardonnerai jamais. Je ne suis ni forte, ni faible. Je suis une victime de viols, et je n’ai pas besoin de lire la lettre d’un violeur pour en deviner le contenu. Je le sais, parce que comme nombre de femmes, je connais un violeur, et ai souffert tant de ses actes que de sa lâcheté.
J’ai été victime de viols répétés de ta part deux ans durant. Chaque nuit passée ensemble est un traumatisme, ancré dans mon esprit. Il m’aura fallu plusieurs années avant d’accepter à nouveau de véritablement dormir aux côtés de quelqu’un. Mon compagnon actuel a même du subir la présence de mon chien entre nous deux pendant plus de deux ans, parce que j’avais peur, parce que je me réveillais la nuit trempée de sueur, juste parce qu’il m’avait effleurée involontairement dans son sommeil.
Toi, pendant deux ans, tu attendais que je m’endorme pour me violer, et me voler des années de sommeil serein. Alors, si le fait que je parle t’angoisse, garde bien en tête que je n’en ai strictement rien à foutre. Moi, j’angoisse quand je ferme les yeux, quand je sens le souffle de la personne que j’aime le plus au monde au creu de mon cou, quand il pose sa main sur mon épaule sans que je l’ai entendu approcher, quand un inconnu est trop proche de moi dans le métro, quand je suis seule dans une pièce avec un homme cis. De tout ça, j’ai peur à cause de toi.
Et comme si cela ne suffisait pas à bousiller le peu de confiance que je portais à mon égard à cette période, tu as voulu imposer par la suite ce silence qui préservera ton petit ego au moyen d’un cyberharcèlement, soutenu par tes petits potes.
Donc j’ai commencé à avoir peur d’aller sur Twitter, peur de parler avec des gens qui potentiellement t’apprécient et partiront répéter ma vie à ta pitoyable petite bande ou pire, à toi. Et puis je me suis rendue compte d’une chose : t’as rien à foutre dans ma vie, ou dans mes peurs.
Aujourd’hui, après des années de combat, je n’en ai plus rien à foutre. C’est un peu ma phrase du moment. Je m’en fous. Je me fous de ton ego, de ta réputation, de tes rêves, de tes ambitions. Tu n’as pas hésité une seconde à bousiller les miens, de rêves, et maintenant que j’en ai de plus beaux encore, je me fous qu’ils écrasent les tiens. T’es rien, tu vaux rien et aucun des petits compliments de tes potes ne pourra jamais rien changer à ça. T’es un violeur, connard, c’est tout ce que t’es.
Tu as avoué m’avoir fait du mal, m’avoir violée. Tu disais avoir compris ma colère, pour mieux me harceler quelques jours plus tard. Qu’il est pitoyable de constater l’absence totale de respect en matière de droits des femmes dont tu fais preuve, alors que tu te pavanes dans les milieux militants à hurler à qui veut l’entendre à quel point t’es déconstruit. Mais c’est pas le cas. Et t’en fais pas, on le sait très bien.
Comme pour l’auteur de la lettre publiée dans Libé, on sait parfaitement que tu fais partie de ces mecs qui exortent autrui à changer les choses, à agir, quand en fait vous demandez aux militantes d’ores et déjà épuisées de réparer vos dégats. Vous avouez à demi mot, pour en employer mille autres à blâmer vos petites amies, ex, potes, parents et le patriarcat pour VOS actes, VOS violences. Et après quoi ? Après, on ne peut plus rien vous opposer.
Eh bien crois moi, connard, que je n’ai pas fini de t’opposer tes violences pour t’empêcher d’approcher d’autres femmes, et faire d’autres victimes. J’ai pas fini de parler, et tu vas m’écouter.