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Billet de blog 15 avril 2023

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Plus rien à perdre, telle est notre devise.

La police gaze, Le préfet cautionne, Le ministre ment, Les singes valident, Le roi s'empiffre, Ses copains aussi, Et moi je crève.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Que dire de ses 2 années passées sous terre, dans le noir, enfermés comme des forcenés pour vous sauver la mise; 2 années barricadés, loin de tous, de ceux qu'on aime, à vivre au rythme du son martial. Errer dans un désert social et souvent s'y perdre. Les séquelles sont irréversibles, le sacrifice est immense. Pour des vieux qui toussent.
Pourtant, jamais nous ne vous en avons voulu. Nous nous sommes exécutés sans broncher, sans sourciller. Nous nous sommes oubliés au nom du danger, de la soi-disant morale scientifique. Nous avons été patients, nous avons été sages, nous sommes restés muets. Et personne ne le sait.

Et pour ce champ de mine, cette eau noire, ces espèces qui crèvent, ce désastre à ciel ouvert, jamais non-plus. Non, jamais nous ne vous avons fait porter la faute qui pourtant, entière, vous incombe. Aucun reproche pour ce passage en force, cet épuisement jusqu'à la dernière goutte, cette appropriation malsaine et organisée, au nom du profit et d'un confort qui, toujours plus, vous rend laid.

Pour les sacrifiés que nous sommes, les vieux singes nous ont hier fait honneur. Eux qui crèveront à la prochaine canicule qu'ils ont déclenché; eux qui n'ont plus d'avenir, ont tranché le sort du nôtre. Pas même le conseil des Anciens ne nous a considéré, si loin de nous qu'il est. Connait-il d'ailleurs nos visages ? Ce vide sidérale qui nous sépare de ces allers-retours autoritaires, de ce cheminement autocratique, me donne le vertige. Ces porcs jouent avec nos vies autant qu'ils détournent la justice. Des momies pour dessiner nos mondes, des vieillards pour décider de nos peines. L'obsolescence qui nous borde.
Assis à contempler le sang qui coule, le roi se gave avec ses amis. On leur sert le plat de nos morts au travail, produit de mes parents. Ils se régalent et continuent de détruire tout ce qu'il nous reste. Le beau disparait peu à peu dans un brouillard épais. Une main armée les protège. Mille casques noirs abrutis, qui mutilent impunément. Le Premier Menteur jubile en les voyant faire, il aime ça. Cette douleur est son sang. Le nôtre est son trophée. Mais que leur a t-il promis pour qu'ils acceptent de nous matraquer ?  

Au même moment, il faudrait qu'on produise, qu'on pédale toujours plus vite pour faire tourner une machine si creuse et si glaciale. Le lien est rompu. Vous avez volé nos buts, brûlé nos utopies. Mais à trop extraire le sens de nos vies, vous avez fait de nous des monstres.

Nous sommes vos enfants, nous sommes vos monstres. Car contrairement à vous, nous n'avons plus rien à perdre.
Regardez ce que vous avez fait de nous. Regardez.

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