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Billet de blog 14 juillet 2019

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Le serpent à plumes est mort…

Hier, avant-hier, peut-être ce matin, de toute façon ça n’a plus d’importance… Je suis parti couper l’herbe dans mon champs.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le serpent a plumes est mort…

Hier, avant-hier, peut-être ce matin, de toute façon ça n’a plus d’importance… Je suis parti couper l’herbe dans mon champs.

J’ai suis parti avec mon chien, je l’ai attaché à l’ombre, lui ait apporté un bol d’eau.. au cas ou…

Puis je suis allé prendre ma débroussailleuse,… Une japonaise, Un kubota,… bien sur, si j’avais pu,… j’aurais acheté français, mais même Peugeot n’en fait plus,… et de toute façon les japonaises ,… c’est quand même le meilleures…. Passons…

Il faisait mi soleil, mi gris,… Un jours sans tein.. J’étais content parce que comme ça je ne cuirait pas sous le soleil. Un travail physique un jours de canhard… c’est comme qui dire mortel… mais passons.. J’ai démarré la machine, de suite le claquement du moteur deux temps a rempli l’espace… l’odeur caractéristique de l’huile deux temps brulé a rempli mes narines… J’ai mis ma débroussailleuse sur le dos et j’ai commencé a faucher les herbes hautes…

Et le serpent a plumes… On y va !!! On y va… donnez moi du temps, j’en suis encor ému, il me faut du temps, il faut que je me remette dans l’histoire,… Bien sur, 1 2 et 3 voilà, c’est fait ça serait facile, mais quand il y a de l’émotion … laisser du temps au narrateur…

Bien sur, je sais par avance que vous me croirez pas, que vous aller penser, que je suis qu’un hurluberlu… qui raconte des sornettes…

Mais si vous dites à quelqu’un qui ne vit que le jour, que la nuit le ciel est noir et scintille de mille étoiles… que croyez vous qu’il va penser… que vous êtes un illuminé… que vous racontez des blagues pour vous rendre intéressant… lui, … tous les jours il voit le ciel bleu, et les étoiles, il n’en a jamais vu qu’une … deux si on compte la lune…

Alors de la même manière vous allez me regarder, avec les mêmes yeux,… et me dire que des serpents a plumes ça n’existe pas… que je suis mytho… mais pensez aux étoiles qui ne sont pas visibles le jour,… pourtant elles existent, …

Avançons, j’ai peur d’avancer, raconter cette histoire me fais des frissons dans le dos, mais je ne peux pas reculer… Inconscient de ce qui m’attendait, je fauchais les herbes hautes et l’odeur des herbes coupées, mélangés aux odeurs de l’essence deux temps, plus celle de ma propre transpiration m’enveloppait, enveloppait ma conscience dans un balancement régulier, de droite à gauche, et pour pas faire de politique de gauche a droite… Peut-être que les politiques coupent l’herbe,… peut-être qu’ils ont la main verte… Passons, avançons…

Je coupais l’herbe derrière la maison, peut-être une dizaine de mètres,… dans de l’herbe épaisse, presque sèche, comme des foins… Je dégageait la place, quand ce que je pris d’abord pour des galets m’apparut… Ma première réflexion, ce fut de me dire, qu’ils sont bien rangés,…

Je me suis dit, c’est drôle, il y a longtemps la mer  arrivait en haut de la colline… puis dans le même mouvement je me suis rendu compte que non… c’était un nid de serpents… et c’est là que dans un mouvement d’effroi, de dégout, et aussi de peur , j’ai plongé la tête de la débroussailleuse dans le nids… J’ai serré tout ce que j’ai pu l’accélérateur, les trois lames tournaient dans le nid réduisant à une omelette, tout ce tas de reptiles gluants.. la lame tournait,… les coquilles giclaient,… et l’odeur fétides des reptiles a remplacé toutes les autres... Les reptiles en gestation dans leur œufs, réduits en purée de poids… sentaient d’une odeur fétide, une odeur acre qui s’accroche aux narines… comme si dans un dernier sursaut, la puanteur était leur dernière chance…

Comme si en dernier recours, puer est la dernière défense qui nous reste.

On dit bien que le pauvres puent, comme si c’était la leur dernier moyen de défense quand on a plus rien…

Même maintenant, bien longtemps après,… j’ai encore l’estomac retourné… mais pris par mon besoin de terminer mon labeur, je continuait a couper… Pourtant la peur avait changé de camps,… je m’imaginais au détours d’herbes hautes, me retrouver nez a nez avec les parents de la nombreuse progéniture… Dès que quelque chose roulait sous mes pieds je sursautait… Et puis de temps en temps, le vent me ramenais l’odeur acre des œufs écrabouillés…

Je me suis demandé si j’avais bien fait de succomber à mes peurs , de me laisser emporté par mes émotions et mes peurs… Je m’imagine en protecteur de la nature, et voilà qu’au premier inconfort… je zigouille tout…

Je parle , mais finalement je ne vaux pas mieux que les autres… qui s’affairent à saccager la nature... On se donne des airs.. on se forge des convictions,… mais sur le terrain, tout est différent, hein ? c’est pas pareil… c’est pas la théorie…

Et le serpent a plumes… bien sur que je l’ai pas oublié, j’y viens, … j’y viens,… mais même encore maintenant j’en ai comme un frisson,… bien sur que vous n’allez pas me croire comment faire croire a quelqu’un qui ne connais pas la radio, que les ondes traversent sont corps, et qu’à des kilomètres, d’autres hommes écoutent la musique que transportent ces ondes…

Ça vous parait évident, y rien de nouveau,… hein… les serpents a plumes c’est du flan,… hein… mais si vous aviez jamais vu de radio… et qu’on vous le raconte… vous diriez quoi… hein .. c’est du flan.. hein … c’est du … du bidon…

La vérité parfois est si difficile à percevoir quand on a pas l’expérience des choses…

Et moi j’ai senti que ce nid de serpent, j’aurais pas du… c’était un piège… un piège du destin… bien sur vous comprenez pas, mais je l’ai senti, et ça m’a fait peur… Le soir venu, j’ai mangé frugalement,… Ma chienne tournait autour de moi , excité et nerveuse… On imagine que les animaux sont bêtes… mais ils ont pas besoin d’explications pour comprendre… Elle avait aussi compris… compris quoi ??? mais elle sentait quelque chose…

Au moment de me coucher, les plis de l’édredon, faisaient comme un nid de serpents… j’étais saisis de peur,… Bien sur que j’aurais pas du zigouiller le nids… mais c’était plus fort que moi,… la peur, le dégout… Alors j’ai tout ratatiné, … J’enlevais les couvertures doucement et les draps, en vérifiant bien qu’il y avait rien dans les plis… j’étais effrayé… j’avais peur…

La peur s’explique pas, on peu se raisonner,… mais elle est là… ça vous comprenez, la peur,… parce que ça vous aussi vous connaissez… bien sur ce qu’on connais,… on comprends… l’idée de se coucher dans un nid de serpents… ça aussi ça vous fait peur… vous comprenez…

J’ai vérifié mile fois, en dessous, entre les draps, sur le lit,… sous l’oreillé… j’ai levé mon lit… bref… j’ai tout vérifié… mais j’avais encore peur… de quoi ? je savais bien qu’il n’y avait pas de serpent… je le voyais bien,… mais j’étais mort de trouille…

Alors j’ai appelé mon chien, et l’ai invité a monter dans mon lit… je me suis dit qu’il allait veiller sur moi… ça m’a calmé… j’ai fermé la lumière, et les frissons parcouraient ma peau comme si je sentais les serpents glisser sur ma peau… Aaaahhhh.. j’étais horrifié…

Et en plus je me souvenait de cette odeur fétide et acre… comme si je n’avais plus que cette odeur dans le nez…

Avant de réussir à m’endormir, je me suis retourné plus de dix mile fois dans mon lit. Je veillais a bien fermer toutes les ouvertures…

Il est parano le pauvre gars me direz-vous… je sais, mais si c’étais vous, n’avez vous jamais ressentit quelque chose comme ça ? Et bien moi oui… ça ne s’explique pas,…

La fatigue de la journée et l’heure avancé ont eut raison de ma peur et je suis tombé de sommeil… Un sommeil profond, hypnotique… un sommeil pour oublier, pour oublier ma peur mes serpents…

Et le serpent à plumes…

Oui, oui… on y est… c’est dans les profondeurs de mon sommeil que le serpent à plumes est venu me chercher. Je ne me réveille jamais la nuit, mais là j’ai senti, comme des vibrations…

Bien sur ça vous paraît loufoque… bien sur que vous avez jamais vu le serpent à plumes… parce que quand on le voit on n’est plus là pour le dire… Alors vous comprenez pas.. hein… vous jugez… il est zinzin… y a pas d’étoiles dans le ciel la nuit… y pas d’ondes électromagnétiques qui me traversent le corps et qui portent de la musique à des kilomètres… Hein… Le serpent a plumes c’est une escroquerie… hein ???

Prenez le comme il vous le plaira… j’avance…

Mon chien, tremblait aussi de peur , et grommelait sans vraiment pouvoir aboyer… lui aussi il sentait… Puis j’ai senti les vibrations de l’air comme quand on est trop proche d’un tambour, et que son son vibre dans tout notre corps… J’avais peur , j’étais mort de peur,… j’osais pas bouger… La légende dit que quand on voit le serpent à plumes c’est qu’il vient vous chercher pour vous emporter en enfer … C’était ça alors, … ma dernière heure…

Un heure soixante minutes,… mes dernières soixante minutes… on a envie de négocier, envie de tricher, allez… encore dix minutes… juste pour dire au revoir… allez soyez chic… revenez demain… demain… c’est bon je serais prêt… Mais le serpent à plumes, vous regarde sans condescendance, comme un despote qui ne ressent plus rien pour ceux qu’il gouverne… Et il s’est mis a tournoyer dans la chambre… se rapprochant ,… comme si sa danse allait m’hypnotiser pour que dans un dernier mouvent de strangulation, il me donna un coup de grâce…

Je ne sais pas ce qui m’a pris… peut-être le besoin de résister, le besoin de vivre malgré tout… l’instinct vital… j’ai fait un signe au serpent à plumes… Il a compris, quitte a mourir, je voulais mourir dignement…

C’est bête et bizarre,… mais voilà… je suis comme ça… j’ai saisis dans l’armoire une espèce de peignoir en soie d’un ancien amour, qui goutait peu à ma vie de moine. Peut-être trop près de Dieux pour vivre dans le pêché… C’est ce qui m’est tombé sous la main, jaune comme un soleil, en soie, souple, qui porte un dragon rouge et noir sur le dos. A ce moment là… c’est ce qui m’est tombé sous la main…

Je l’ai mis et j’ai ressenti les vibrations de l’air différemment,… Je me suis senti serein,… calme… la peur avait changé de camps… Je me suis mis à espérer, j’ai commencé a respirer, malgré cette odeur de mort si fétide… Pourquoi doit on puer la mort, alors que c’est notre destin … que c’est notre seule certitude, …

Je me suis mis a provoquer le serpent à plumes, … et c’est moi que ai commencer à lui tourner autour… Le dragon, comme un lézard, est le pire ennemi des serpents,… Je sentais les pulsations de mon cœur si fort,… qu’ils dominaient les tambours du serpents…

A ce moment là, je n’avais qu’une certitude…

Et vous aussi maintenant vous savez, comment ça va se terminer, parce que je suis encor là pour raconter l’histoire…

Ma certitude, ma conviction… non, je vais pas baisser le bras… je vais aller au bout , … de la tête ,… jusqu’à la queue du serpent… je me battrais jusqu’au dernier souffle, …

Mon chien, incapable d’aboyer, peut-être qu’entre le serpent à plumes et moi, il ne savait pas quoi choisir,… comment choisir entre la nature et l’obéissance… comment choisir entre l’aventure et la soumission…

Mais à ce moment, j’ai compris qu’il était de mon coté… peut-être par fidélité…

Et j’ai commencé à poursuivre le serpent à plumes dans toute la maison… Une force nouvelle, mon énergie vitale… j’arrive dans la cuisine, je saisis mon couteau japonais préféré, … c’est le couteau avec lequel je tranche le pain,… il est si tranchant que les tranches sont parfaites, … Le serpent à plumes essaye de repasser a l’offensive, et tente une feinte, et se détends sur moi…

Je ne peux pas encore expliquer comment, ni pourquoi, mais mon bras c’est détendu, et son corps est venu se planter sur la lame de mon couteau… comme dans du beurre, il a traversé les chairs, et de nouveau, l’odeur fétide, si acre, a rempli tout l’espace.

Je suis resté sidéré, qu’est ce qui s’est passé, comment expliquer… puis j’ai entendu une voix dans mon dos… comme si le dragon parlait,…

« Ce que tu as tué cette après-midi , ce n’était pas des serpents, c’était des lézards… mais comme tu a appelé le serpent à plumes, il est venu… pour venir te chercher… »

Et ? m’entendis-je dire…

Comme pour vos questions, le silence me répondit par une longue pause…

Comment expliquer le saccage de la nature, comment expliquer qu’il n’y a plus d’avenir, qu’il n’y a plus de passé.

Comment expliquer que les enfants innocents ne sourient plus ?

Comment expliquer que la fin apparaît comme l’issue la plus probable ?

Vous comprenez pourquoi j’étais pas pressé d’arriver à la fin… pourquoi j’avais peur d’avancer ? Vous comprenez ?

Vous comprenez que les étoiles brillent autant le jour que la nuit, mais qu’on ne les voit que la nuit ?

Vous comprenez les ondes peuvent traverser notre corps sans dommage, et transporter la plus belle des musique à des kilomètres ?

Alors vous comprenez que je ne suis pas fier d’avoir tué le serpent à plumes, que je voulais pas enlever le sourire de la face des enfants…que je voulais voir les blés se courber sous les ondes du vent, sentir les chaumes, entendre les loups la nuit…

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.