jpc13

Abonné·e de Mediapart

22 Billets

1 Éditions

Billet de blog 2 novembre 2012

jpc13

Abonné·e de Mediapart

Grèce : le projet de budget traduit l’horreur économique

jpc13

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La Grèce s’apprête à connaître une nouvelle semaine très agitée avec l’examen au Parlement du nouveau train de mesures de rigueur exigé par la Troïka (Commission européenne, BCE et FMI) et du budget 2013.

Alors qu’une grève générale de 48 heures aura lieu les 6 et 7 novembre, accompagnée de manifestations devant le Parlement, le gouvernement de coalition est en train de vaciller.  Si les députés de Nouvelle démocratie (droite), le parti majoritaire, s’apprêtent à voter les nouvelles mesures, certains élus du Pasok (socialistes) et de Dimar (gauche modérée) qui participent également au gouvernement, pourraient s’abstenir ou voter contre, mettant ainsi en péril la survie du gouvernement.

Le gouvernement actuel présente les nouvelles mesures comme un « sacrifice » nécessaire afin de permettre à la Grèce de rester dans la zone euro ainsi que dans l’Union européenne et de continuer à « bénéficier » du plan de « soutien ». Il reproduit ainsi le discours martelé par l’Union européenne et le FMI qui rappellent que l’« aide » apportée à la Grèce nécessite en contrepartie que les « réformes » et les engagements pris soient appliqués intégralement.

 La politique de dévaluation interne mise en œuvre depuis 2009 par les gouvernements successifs (socialistes puis coalition socialistes+droite+extrême droite puis coalition droite+socialistes+gauche modérée)  a abouti aux résultats suivants :

 -          récession de 6,5% du PIB en 2012 faisant suite à une récession de 7,1% en 2011. Au total, la Grèce a connu une récession de presque 25% du PIB depuis 2008 ;

 -          le chômage s’établit au deuxième trimestre 2012 à 23,6% alors que le chômage des jeunes atteint 55%, un record au sein de l’UE.

 Les hypothèses de travail du projet de budget 2013 ne sont pas plus encourageantes :

 -          prévision de croissance : - 4,5% ;

-          prévision d’inflation : - 0,8% ;

-          prévision de consommation privée : - 7% ;

-          prévision de baisse des investissements : - 3,7%, faisant suite à des baisses de 19,6% et de 15% en 2011 et 2012 respectivement ;

-          prévision de dette publique : 189,1%.

 Dans ce contexte, voici ce que signifient les termes « sacrifices » et « réformes » pour la majorité de la population grecque :

 -          le nouveau train de mesures d’austérité porte sur 18,9 milliards d’euros pour la période 2013-2016, se matérialisant essentiellement par la réduction des dépenses (salaires, retraites, dépenses sociales) et l’augmentation des impôts, notamment pour les salariés ;

 -          poursuite de la baisse des retraites au-dessus de 1000 euros de 5 à 25 % ;

 -          poursuite de la baisse des salaires dans le public et suppression de 80.000 postes dans la fonction publique sur la base du remplacement d’1 fonctionnaire sur 5 partant à la retraite ;

 -          baisse des dépenses sociales : assurance chômage, allocations familiales ;

 -          poursuite de la flexibilisation des relations de travail  dans le secteur privé se traduisant par une baisse des indemnités de licenciement, la remise en cause des conventions collectives et des projets de libéralisation totale du temps de travail sur la base d’une semaine de travail de 6 jours, outre les baisses continues des salaires ;

 -          poursuite des coupes dans les dépenses de santé publique et déremboursement des médicaments alors que les caisses d’assurance sociale sont exsangues.

Tout cela s’inscrit sur fond de montée du mouvement néo-nazi (crédité de plus de 10% des intentions de vote dans les derniers sondages), qui se livre à des parades dans les quartiers déshérités d’Athènes et d’autres villes et procède à de véritables chasses à l’homme à l’encontre des immigrés. Parallèlement, le gouvernement tente de verrouiller les canaux d’information comme le montrent les poursuites à l’encontre du journaliste K. Vaxevanis ou la mise à l’écart de journalistes de la télévision publique.

Les mobilisations de la semaine prochaine pourraient être importantes. Jusqu’à présent, elles n’ont pas permis de faire reculer les gouvernements qui se sont succédés au pouvoir depuis 2009. Les Grecs continuent de subir les attaques répétées contre leur niveau de vie et leur avenir.

Jusqu’à quand ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.