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Billet de blog 17 mars 2017

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Pour Trump, l’Europe doit financer le militarisme US

Quand Donald Trump a qualifié l’OTAN d’«obsolète », il ne voulait pas dire qu’il avait l’intention de sortir de ce pacte militaire, mais qu’il voulait se décharger de son financement sur les pays membres de l’Europe.

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Pendant sa campagne électorale, il avait évoqué, avec dédain, les 28 membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. Son qualificatif d’« obsolète » a fait naître chez certains l’espoir que le 45e président  des USA allait restreindre la participation militaire américaine à l’OTAN, dans le cadre d’un programme de réduction de la belligérance américaine.

Le 20 janvier, dans son discours d’investiture, les mêmes ont cru que son slogan « America First » concernait une reconstruction de la société américaine par la réduction des dépenses militaires, a l’opposé des administrations précédentes.

Le désir de Trump de restaurer des relations normales avec la Russie paraissait conforme avec son peu d’enthousiasme apparent pour l’OTAN et son l’expansion continuelle vers l’Est,  provocation envers Moscou.

Certains ont même vu une volonté de Trump d’améliorer les relations USA-Russie. Malheureusement, les espoirs d’une administration américaine plus pacifique, et moins militariste s’évanouissent. 

Il y a quelques jours, D. Trump a prononcé un discours enflammé devant le Comité d’action politique du parti conservateur, à Washington DC, dans lequel il a déclaré vouloir superviser « le plus grand renforcement des capacités militaires de l’histoire américaine ».

« Personne ne va se foutre de nous » a martelé Trump sous les acclamations d’une assistance se battant la poitrine, aux cris de « USA ! USA ! ».

Les jours précédents, D. Trump a annoncé qu’il était prêt à lancer une nouvelle course aux armements nucléaires. Lors une interview à l’agence Reuters, il a juré que les États-Unis resteraient toujours « tête de meute »  en matière de suprématie nucléaire.

« Nous n’allons jamais nous laisser distancer par aucun pays, même si c’est un pays ami. Nous ne nous laisserons jamais distancer en matière de puissance nucléaire »

Ceci fait suite aux commentaires qu’il aurait faits au Président russe Vladimir Poutine, au cours d’une conversation téléphonique en février, où il a désavoué le nouvel accord de réduction des armes nucléaires NEW START (1), qu’il a traité de « bad deal » (« mauvaise affaire ») pour les États-Unis, laissant entendre qu’il avait l’intention de se retirer unilatéralement des engagements pris.

Cette mesure rappelle celle de l’ex-président George W. Bush, se retirant unilatéralement du Traité de Réduction des Armes Stratégiques (START) (2) en 2002, retrait qui a toujours des répercussions déstabilisantes sur les relations USA-Russie. 

La rhétorique de Trump, « rendre sa grandeur à l’Amérique » et « ne pas imposer notre manière de vivre aux autres », est contredite par la pratique du militarisme comme pierre angulaire de la politique américaine.

En réalité, l’économie américaine n’est pas, le « capitalisme de libre échange ». C’est une économie militaire centralisée et subventionnée par le gouvernement, une sorte d’État-providence à l’usage des multinationales et ce, depuis au moins la fin de la seconde guerre mondiale. 

En effet, les dépenses militaires annuelles des USA s’ 600 milliards de dollars, soit à peu près la moitié de toutes les dépenses gouvernementales.

Sans ces sommes gigantesques payées par les contribuables au complexe militaro-industriel, l’économie américaine s’effondrerait.

Le monstre militaire américain est accro à l’argent public et comme ses prédécesseurs, Trump est donc de plus en plus militariste. 

Payez, sinon…

Et voilà ce que Trump voulait dire, lorsqu’il parlait d’une OTAN « obsolète ».

D. Trump a affirmé que les USA pourraient ne pas défendre systématiquement certains alliés s’ils ne payaient pas davantage

Les hauts fonctionnaires de l’administration Trump, ont signifié aux membres européens de l’OTAN, de « payer, sinon… ».

De Bruxelles, le secrétaire à la Défense James Mattisa averti que l’Amérique « ne protégerait plus les enfants des Européens » si leurs gouvernements ne respectaient pas l’engagement précédemment pris d’augmenter leur contribution financière à l’OTAN à hauteur du niveau exigé de 2% de leur PIB.

L’ultimatum a été confirmé par le Vice-Président Mike Pence à la Conférence sur la Sécurité de Munich. Il a annoncé aux membres européens de l’OTAN qu’ils avaient « un an » pour trouver le moyen d’augmenter leurs dépenses militaires.

Mais Mattis et Pence ont été catégoriques sur « l’indéfectible engagement envers l’OTAN » du président Trump, réduisant à néant toutes les spéculations sur le peu de confiance qu’il porte à l’organisation.

Voilà pour les menaces mais dans la pratique, l’escalade en Europe de l’Est sous commandement US se poursuit de plus belle. Ces dernières semaines, les troupes et les tanks de l’OTAN ont déferlé en Pologne, en Lituanie, en Lettonie et en Estonie.

Ces derniers jours, après avoir invoqué de loufoques actes subversifs russes à son encontre, le Monténégro a déclaré que le Congrès américain était prêt à ratifier son admission comme  29e membre de l’OTAN.

Ce que Trump a signifié, c’est que le financement de l’OTAN par l’Europe est obsolète. Depuis sa fondation en 1949, les USA ont assumé environ 70% du budget total du pacte.

Seuls cinq membres de l’OTAN – les USA, le Royaume Uni, La Pologne, l’Estonie et la Grèce –contribuent à hauteur de 2% de leur PIB. La contribution moyenne des pays de l’Union européenne est de 1,5%, le budget de l’Allemagne étant le plus bas avec 1,2%.

Les estimations, avec des contributions des pays de l’U.E. de 2% de PIB, prévoient un accroissement des dépenses militaires de 100 milliards de dollars par an (un sixième des dépenses des USA). Bien sûr, cette augmentation des dépenses européennes ira tout droit dans la poche du Pentagone via des commandes de fighter jets F16, de tanks Abrams et de prise en charge des troupes US sur le sol européen. De quoi continuer à gaver le complexe militaro-industriel Etatsunien.

L’OTAN a toujours été le vecteur de l’interventionnisme US dans le monde et bien sûr dans les affaires européennes c’est à dire, de la volonté d’imposer l’hégémonie américaine sur l’Europe et particulièrement sur la Russie.

L’économie US est en si mauvais état chronique – 2 trillons (2 milliards de milliards) de dette et ce n’est pas fini – que sa monstrueuse dépendance au militarisme n’est désormais plus viable pour les contribuables américains

Quand l’Amérique parle de « protéger ses alliés », c’est au « racket de protection » des organisations mafieuses qu’il faut penser.

Et cela n’est pas de bon augure pour la paix du monde, ni pour de meilleures relations USA-Russie. 

Pour le Pardem, la France doit se retirer immédiatement de l’OTAN, institution militaire dirigée par les États-Unis d’Amérique chargée d’entretenir une guerre froide permanente contre la Russie et de jouer le rôle de gendarme du monde. La France doit trouver des alliances avec les pays qui contestent l’hégémonie américaine et par conséquent, avec la Russie parce que c’est un pays européen avec lequel nous devons chercher des coopérations en nous démarquant du climat antirusse alimenté par les classes dominantes européennes. Ce retrait doit être total. Il ne s’agit pas simplement de se retirer du commandement intégré (de son vrai nom « comité des plans de défense ») ou du groupe des plans nucléaires comme le fit le général de Gaulle en 1966, mais de rompre toute relation avec l’OTAN et d’arrêter le financement de sa stratégie au service des intérêts étatsuniens.

(http://www.pardem.org/programme/programme-complet-du-pardem/ii-reconquerir-la-souverainete-politique-militaire-et-diplomatique-de-la-France)

1 - New START (START pour Strategic Arms Reduction Treaty, en russe : СНВ-III) est un traité de réduction des armes nucléaires entre les États-Unis et la Russie signé le 8 avril 2010 à Prague et entré en vigueur le 5 février 2011. Il remplace le Traité de réduction des arsenaux nucléaires stratégiques (SORT) et est censé durer au moins jusqu'en 2021.

2 - SORT Traité de réduction des arsenaux nucléaires stratégiquesa expiré en décembre 2012. Il s'agit d'un suivi au Traité de réduction des armes stratégiques (START I) expiré en décembre 2009, et aux traités de réduction des armes stratégiques START II et START III qui ne sont jamais entrés en vigueur.

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