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Billet de blog 23 février 2015

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Départementales : EELV vous semble divisé, et pourtant...

De droite comme de gauche, au centre, au PS, et même au Front de Gauche, les réseaux sociaux se font le témoin d'une incompréhension complète de la stratégie du parti écologiste.Un PS qui ressent un profond abandon, un FDG ne comprenant pas d'obtenir l'exclusivité des alliances, un centre et une droite qui au mieux se gausse, au pire ne remarque rien, mais il s'agit là juste d'un problème de compréhension culturelle.

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De droite comme de gauche, au centre, au PS, et même au Front de Gauche, les réseaux sociaux se font le témoin d'une incompréhension complète de la stratégie du parti écologiste.

Un PS qui ressent un profond abandon, un FDG ne comprenant pas d'obtenir l'exclusivité des alliances, un centre et une droite qui au mieux se gausse, au pire ne remarque rien, mais il s'agit là juste d'un problème de compréhension culturelle.

Il est un point où nous, écologistes, essayons de nous tenir : nous nous appliquons à nous même nos projets de règles démocratiques. Ainsi, dans nos textes, statuts et règlement intérieur, nous pouvons retrouver les désignations, les votes de congrès à la proportionnelle, le respect du vote blanc, une grille de cumul dont le but est de limiter les mandats internes et externes, les principes de subsidiarité et de fédéralisme différencié, pour ne citer que ces exemples.

Il serait d'ailleurs intéressant d'étudier les statuts de partis qui prônent certains des mêmes principes qu'EELV pour découvrir qu'il s'agit souvent de postures, voire d'impostures. Quid de la proportionnelle dans les désignations de l'organigramme du Front National, alors que ce parti ne cesse de la réclamer dans les divers scrutins de la République ?

Le principe de subsidiarité, cause de cette incompréhension ?

Une définition s'impose, et celle qui semble la plus claire, sera celle de Wikipedia.

Le principe de subsidiarité est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d'une action publique, lorsqu'elle est nécessaire, doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le problème d'elle-même. Il va de pair avec le principe de suppléance, qui veut que quand les problèmes excèdent les capacités d'une petite entité, l'échelon supérieur a alors le devoir de la soutenir, dans les limites du principe de subsidiarité.

C'est donc le souci de veiller à ne pas faire à un niveau plus élevé ce qui peut l'être avec plus d'efficacité à une échelle plus faible, c'est-à-dire la recherche du niveau pertinent d'action publique.

Ce principe n'est pas un vain vœu d'idéalistes, car il existe dans les institutions de l'Europe :

Ce principe a été introduit dans le droit européen par le traité de Maastricht (1992). Cependant, son existence est beaucoup plus ancienne : on en retrouve déjà l’esprit chez Aristote ou Saint Thomas d’Aquin. Il régit également les rapports entre l’État et les Länder en Allemagne.

Et c'est ce qui s'est passé dans les choix de stratégies, d'alliances, d'autonomies, les désignations de candidats au élections départementales. Ainsi lors du Conseil fédéral d'EELV des 11 et 12 octobre 2014, une note de cadrage a été produite, réaffirmant ce principe de subsidiarité : 

Au titre du principe de subsidiarité, la responsabilité des élections départementales est du ressort de la région et non du national.

Dans le cas où il y a eu délégation de la compétence élections aux départements, ce sont les instances départementales qui assurent la responsabilité de l’organisation de ces élections.

Lorsqu’il n’existe pas de délégations départementales, les instances régionales peuvent déléguer l’organisation et le choix stratégique de ces élections aux Départements.

Cette décentralisation entraîne donc des décisions qui diffèrent suivant les territoires. Et c'est tout à fait logique : doit-on réagir de la même façon face à un PS du Tarn qui a porté le barrage de Sivens ou un groupe d'opposition au Conseil général du Loiret où les deux élu-es écologistes ont pu garder toute indépendance. Ils se sont même avérer être de véritables poils à gratter face, souvent, à la majorité UMP et, parfois, au sein même du groupe comprenant le PS, EELV et le PRG, comme le montre ce vœu relatif à la sortie progressive du nucléaire, rejeté mais obtenant 8 voix pour et 3 abstentions, soit plus que le nombre d'élu-es écologistes.

Pour des partis habitués, élevés, cultivés au jacobinisme, comme le sont beaucoup des partenaires ou concurrents des écologistes, il est donc difficile de comprendre qu'aucune décision centralisée dans les instances de tête d'EELV redescende de façon implacable sur chaque territoire. L'incompréhension entraîne le déni, et la réaction naturelle sera de taxer d'incohérence les écologistes, sauf si on envisage autrement le mode de décisions. Pour nous il s'agit d'une autre cohérence, plus proche de la réalité des territoires, plus respectueuse d'une élection qui se décide en local et non pas dans des salons parisiens.

Des alliances de tout bord, ou presque

Par un communiqué de presse, EELV communiquait sur l'ensemble de ces alliances.

Dans plus de 40% des cas, EE-LV participera à des dynamiques écologistes et citoyennes en partenariat avec au moins une force de la Gauche alternative telles que le Parti de Gauche, le Parti Communiste Français, Ensemble ou Nouvelle Donne.

Dans plus du tiers des cantons, EE-LV présentera des candidatures de rassemblement écologistes et citoyennes autonomes de tout autre parti politique.

Dans un peu moins de 17% des cantons, EE-LV présentera des candidatures en accords avec le Parti Socialiste. Principalement en Seine-Saint-Denis, Meurthe et Moselle, le Loiret, la Loire, la Gironde, les Deux-Sèvres et le Vaucluse.

Notamment dans la Somme, sur un tiers des cantons de l’Essonne, une partie de l’Allier et des Alpes-de-Haute-Provence, EE-LV participera à un rassemblement avec le PS et le PCF.

Même avec un respect strict de la subsidiarité, des réalités du terrain, il est évident que quelque chose bouge au sein du parti écologiste. Une recomposition s'effectue. Alors certes quelques Cassandre iront pleurer le fait que les écologistes ne sont pas présents partout en France, mais au choix du nombre, celui de l'efficacité a été fait. Ces chiffres ne sortent pas d'on ne sait où, mais sont le fruit d'un outil mis en place permettant à chaque région de remonter au national ses propres décisions.

Des départementales au mieux nationalisées, mais réellement oubliées

Mais le souci n'est pas à se lamenter sur des stratégies différentes, surtout, puisque nous l'avons vu, elles résultent d'un processus démocratique respectant au plus près les réalités territoriales.

Les débats relayés par les médias nationaux virent au lamentable. On ne parle que d'alliances, on dénigre tel ou tel autre parti partenaire, allant jusqu'à l'insulte qualifiant certains "d'extrême gauche" alors qu'on est censé bien connaître l'histoire des gauches en France. Si cela n'est pas volontaire, il sera alors important de se cultiver.

On est alors en droit de se demander comment peuvent faire campagne les candidat-es de la Loire-Atlantique, majoritairement allié-es au Front de Gauche, lorsque leur député se répand dans les médias sur une absolue nécessité de retour au Gouvernement des écologistes.

On ne parle pas projet, on ne perçoit aucun soutien, on se sent oubliés, voire taclés comme si un trait avait été fait sur ces élections, qu'une débâcle serait même des plus désirées pour mieux envisager la suite.

Certes, ce constat peut être fait dans tous les partis : la départementale n'intéresse pas, et c'est bien dommage puisque le quotidien de chaque français en découlera : le département est en charge des solidarités (insertion, RSA, handicap, etc.) et en ces temps de crise, la solidarité est un rempart plus que nécessaire. Mais il n'est pas possible de se résoudre à ce que les écologistes, qui ont inscrit la décentralisation au cœur de leur projet, se mettent eux-même à faire le jeu du "parisianisme de microcosme".

De la division ou, tout simplement, de la démocratie ?

Ce que les râleurs des réseaux sociaux qualifient de division est donc tout simplement l'effet de la démocratie.

Évidemment, EELV ne parle pas d'une seule voix et c'est tout de même très heureux. Tout comme le FDG, avec un Mélenchon regrettant les votes communistes pour la censure UMP du Gouvernement, tout comme les doutes de chaque militant-e au PS, tout comme les tensions à l'UMP après le retour de Sarkozy, ou encore une UDI qui ne sait sur quel pied danser entre le MODEM ou l'UMP, tous ces débats sont le signe d'une bonne santé : celle de la démocratie. D'ailleurs un seul parti semble soudé, celui de Marine Le Pen. Mais lorsqu'on voit surgir de nulle part des candidats aux départementales, entraînant multitude de dérapages parce qu'il faut être partout, lorsqu'on entrevoit un programme élaboré dans les instances nationales, loin de la réalité de tout un chacun sur son territoire, lorsqu'on fait le bilan anti-social et anti-solidarité des mairies gagnées par le FN, on est en droit de se demander si la maladie de la démocratie ne viendrait pas plutôt de ce côté-ci de l'échiquier politique.

L'inquiétude doit plutôt venir du manque d'implication de nos élu-es et têtes de pont nationales. A moins que tout ceci ne fasse partie d'un plan bien établi et ridiculement éloigné des préoccupations des citoyen-nes : retourner à tout pris au Gouvernement.

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