Publié le 11/04/2022 à 20h36
C'est la dernière maternité du département depuis la fermeture successive des trois autres sites. Depuis lundi 11 avril, il n'est pas possible d'accoucher à Nevers et les femmes ayant accouché les derniers jours ont été transférées sur d'autres sites. En cause : de nombreux arrêts maladie des sages-femmes, en burn out faute de renforts suffisants.
Elles sont transférées sur les maternités de Dijon, Bourges, Auxerre, Moulins ou Montluçon. Les mamans ayant accouché ces derniers jours à Nevers ne peuvent pas rester à la maternité : les sages-femmes sont presque toutes en arrêt maladie. Et les femmes sur le point d'accoucher sont invitées par les sages-femmes à contacter la maternité de Nevers pour savoir quoi faire. Au moins pour une semaine (la durée des arrêts maladie en cours, ndlr).
En toile de fond, un burn-out des sages-femmes, qui expliquent, par la voix de leur collègue Aurélie Perier, praticienne à l'hôpital, que ce sont les conséquences des conditions de travail : l'équipe se dit stressée et épuisée. « Cela fait des mois que l'on travaille dans l'insécurité, du fait de la démission de sages-femmes. » La profession souffre d'une pénurie, comme pour d'autres métiers du médical. Et le manque de personnel joue sur les conditions de travail. Ce qui démotive certaines sages-femmes, qui finissent par quitter l'hôpital.
Là, on met en danger des parturientes : c'est une grande inquiétude pour nous
En temps normal, il y a cinq sages-femmes par jour à la maternité de Nevers. Depuis janvier, elles sont passées à quatre. Puis à trois. Depuis début avril, elles sont deux par jour. « La nuit, on était trois. On nous demande de passer à deux. Là, on met en danger des parturientes : c'est une grande inquiétude pour nous », témoigne Aurélie Perier, au nom de ses collègues. « Sachant que quand on est deux, il y a une sage-femme en salle d'accouchement et une à la maternité. Mais selon le code de périnatalité, nous n'avons pas le droit de quitter notre service ». Autrement dit : en cas de besoin, lorsqu'il y a deux césariennes en même temps par exemple, la sage-femme seule en salle d'accouchement ne peut avoir le renfort de sa collègue qui est en maternité. « Ce sont des situations d'urgence qui peuvent être dramatiques », prévient Aurélie Perier.
Un renfort infirmier demandé en attendant le recrutement en juin
Pour les sages-femmes, dans ces conditions, accoucher à Nevers devient donc plus risqué que de partir sur un autre établissement. Elles demandent un renfort infirmier en attendant de recruter en juin des consœurs sortant de l'école. Les infirmières pourraient prendre en charge la maternité lorsque les sages-femmes ne sont que deux, laissant la possibilité aux praticiennes d'être au moins deux en salle d'accouchement.
Nous n'avons pas pu avoir de réaction de la direction de l'hôpital. Mais l'agence régionale de santé (ARS) a fait savoir que « l'hôpital, avec l'appui de l'ARS, met tout en œuvre pour garantir la bonne prise en charge des patientes et relancer l'activité dans les meilleurs délais ».
Jenny Pierre