Récemment j’ai passé quelques heures sur la chaîne YouTube de RT France. On y présente des réfugiés russophones du Donbass, accueillis en Russie, à Rostov sur le Don, par les autorités russes, qui auraient fui des bombardements civils de l’armée ukrainienne. Témoignages à l’appui. Plus de 115000 réfugiés (soit plus que les réfugiés ukrainiens en Pologne, présentés par les medias occidentaux). On y entend des responsables russes annonçant qu’ils sont prêts pour les sanctions, le ministre des affaires étrangères allemand qui explique que les sanctions sont à double tranchant.
Je ne sais pas ce qui est le plus consternant : le niveau de propagande, ou le fait que des présentateurs ou journalistes français se prêtent sans rire et sans vergogne à ces manœuvres. Je me suis dit que si la France était vraiment en guerre, on pourrait parler de trahison. J’ai pensé à Radio-Paris. Les autorités françaises parlent d’interdire RT.
Et puis je suis retourné sur les chaînes et les medias occidentaux : France 24, le Monde, etc. Mais cette courte intrusion sur RT m’avait ouvert les yeux. J’ai alors vu que la propagande y était égale, les mêmes outils, les mêmes éléments de communication, les mêmes images, etc., mais pour y défendre la bonne cause bien sûr, celle de l’Ukraine, de l’UE, des USA, de l’OTAN.
Qui ment, qui dit la vérité, alors que les mêmes choses sont dites avec les mêmes outils ? En tant que Français, je fais le pari d’accorder plus de confiance aux medias de « mon camp ». Mais je ne suis pas dupe. La aussi on cherche à me manipuler, m’influencer.
l’OTAN par exemple…
L’OTAN est une création de la guerre froide, uniquement pour se protéger, sous la férule états-unienne, des menaces soviétiques grandissantes à la fin des années 40.
Quand l’URSS a disparu, pourquoi l’OTAN n’a t’elle pas disparue ? La fin de l’URSS, la rentrée de la Russie dans l’économie capitaliste, « la fin de l’histoire » selon Francis Fukuyama, auraient dû logiquement entraîner la fin de l’OTAN. Eh bien non. Quelle est alors sa finalité ?
Il faut se mettre alors dans la tête de Poutine : ancien cadre du KGB, fonctionnaire de l’Union soviétique occupé à contrer les menaces de l’OTAN, convaincu (peut-être) de la supériorité morale et idéologique de l’URSS. Ce en quoi il croyait, ce pourquoi il s’était battu, s’effondre pour s’aligner sur la vision politique et économique de l’ennemi, vainqueur.
Mais l’OTAN persiste lui… Pourquoi, sinon pour continuer à provoquer, à narguer, à menacer sa glorieuse patrie, pourtant suffisamment humiliée, alors qu’elle n’est plus une menace, et maintenir l’hégémonie de l’ancien ennemi, devenu arrogant vainqueur.
Le temps passe, rien ne change, au contraire. Cette structure qui n’a plus sa raison d’être, non seulement persiste, mais accroît sa pression sur le pays. Poutine arrive au pouvoir. Malgré ses demandes, ses attentes, ses démarches, l’OTAN poursuit ses activités, toujours et de plus en plus. Ca devient une obsession. Le pouvoir de Poutine devient de plus en plus totalitaire, et renforce sa conviction et ses analyses : le chef n’a jamais tort, a toujours raison. L’âge venant sclérose davantage la pensée.
L’OTAN devient dans sa tête le mal absolu qui assaille, agresse, menace, jusqu’à l’Ukraine maintenant, c’est à dire un pays « récent », création de l’URSS, « berceau » réel ou légendaire de la Russie. C’est devenu insupportable. Poutine est devenu fou, mais on lui a fourni sans trop de difficultés les éléments pour nourrir cette folie, et le faire passer à l’acte.
Les initiatives militaires et économiques ne mettront pas fin à ce qui est devenu une idée fixe dans la tête de quelqu’un qui a les moyens de sa réalisation. Dans cette logique devenue délirante, il apparaît alors que le passage à l’acte nucléaire acquiert une certaine probabilité.