L’explosion des propos et actes antisémites en France depuis le 7 octobre n’a pas épargné les universités. De très nombreux et nombreuses étudiants et étudiantes juif·ves ont été confronté·es à des propos antisémites, mais aussi à du harcèlement voire parfois à des agressions physiques. Les conséquences ont été pour beaucoup une détresse psychologique qui s’est traduite par une vague de déscolarisation. Une tentative de suicide a également eu lieu.
Face à cette situation, les réactions des autorités universitaires comme des organisations syndicales étudiantes n’ont souvent pas été à la hauteur.
Le 6 février, JJR devait intervenir dans une conférence à l’Université Paris Cité, dans le cadre d’une conférence sur l’antisémitisme. Deux autres intervenants étaient prévus, le collectif Golem, avec lequel JJR entretient des liens, et l’UEJF, avec lequel nous avons des désaccords de fond quant à la stratégie de lutte contre l’antisémitisme.
Nous souhaitions exprimer à cette conférence ce qui a toujours fait notre ligne : la nécessité de prendre à bras le corps, sans faux fuyant, la lutte contre l’antisémitisme, d’où qu’il vienne; le refus que la lutte contre l’antisémitisme soit soluble dans l’islamophobie ou soit réduite à un avatar du conflit israélo-palestinien (en cela nous rejetons l’approche de la direction de l’UEJF depuis la période Madar).
Notre intervenante ayant eu un empêchement de dernière minute, nous n’avons finalement pas pu porter notre voix dans cette conférence et y développer ces éléments.
Aujourd’hui, c’est un autre désaccord de fond avec la direction de l’UEJF que nous devons exprimer : celui qui consiste, dans le cadre des élections au CROUS, à renvoyer dos à dos l’organisation d’extrême droite La Cocarde et les syndicats Solidaires Étudiant·es.
L’antisémitisme fait partie du cœur idéologique de l’extrême droite et non de la gauche. Si cette dernière n’est pas immunisée par nature contre l’antisémitisme qui influence toute la société, et qu’il faut y mener un travail permanent de lutte antiraciste, renvoyer dos à dos une organisation fasciste et une fédération syndicale étudiante est une erreur politique majeure. Car, si le traitement de l’antisémitisme reste insuffisant au sein de certains syndicats Solidaires Étudiant·es — et si au moins l’un d’entre eux, à l’EHESS, a pu exprimer des positions que nous considérons comme inacceptables au lendemain du 7 octobre —, une majorité des syndicats Solidaires Étudiant·es sont un appui dans la lutte contre l’antisémitisme. L’organisation la Cocarde est quant à elle une organisation antisémite militante qui ne sera jamais un allié des Juifs et des Juives.
Nous dénonçons donc cet amalgame qui, loin de participer à la lutte contre l’antisémitisme, ne fait qu’entretenir la confusion. La lutte contre l’antisémitisme à l’Université mérite mieux !

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