L’abject Darmanin a annoncé une future réforme visant à la suppression du droit du sol à Mayotte. Ce souhait répond à celui d’une grande partie de la population mahoraise, qui demande à durcir les conditions d’installation.
Pourtant, l’obtention de la citoyenneté française est déjà extrêmement difficile, y compris pour quelqu’un né sur le territoire français : il faut à ses dix-huit ans démontrer cinq ans de résidence sur le territoire ou la naissance d’un des deux parents, et que l’un ces derniers ait été, lors de la naissance du jeune, en situation régulière depuis plus de trois mois (durée qui devrait prochainement être porté à un an). Cette dernière condition est une spécificité, fruit de la loi « Asile et immigration » de 2018. On peut ajouter que le nombre de reconduites à la frontière à Mayotte dépasse à lui seul celui de l’ensemble du territoire hexagonal.
De plus, si de nombreux·ses migrant·es quittent leur pays pour se rendre à Mayotte, ce n’est pas en raison d’un droit du sol qui serait trop généreux, mais à cause de l’important écart de développement qui existe entre ce territoire et l’archipel des Comores, dont il a été artificiellement détaché en 1974 et qui depuis a subi une forte instabilité, en partie causée par le colonialisme français. Une femme enceinte qui quitte Anjouan le fait dans l’espoir d’accoucher et de scolariser son enfant à naître dans de meilleures conditions, bien avant de se préoccuper de questions de papier, et personne ne peut l’en blâmer.
Aujourd’hui, Mayotte est le département le plus pauvre de France, 80% de la population y vit sous le seuil de pauvreté, le RSA est deux fois moins élevé que dans l’hexagone, et même l’accès à l’eau pose problème (ce qui est une constante des territoires toujours colonisés par la France). Pourtant, l’île offre un niveau de vie bien supérieur à celui de États voisins. Étant donné cet écart, la population mahoraise est peu désireuse de rejoindre les Comores, comme l’exigerait le respect du droit international. Pourtant, le développement du territoire indépendamment des îles voisines ne peut que pousser de plus en plus de Comorien·nes à tenter de s’y installer et aggraver la ségrégation entre migrant·es et citoyen·nes français·es.
Il est nécessaire de le rappeler : les difficultés que vivent les Mahorais·es au quotidien sont une conséquence du colonialisme français. Elles ne pourront pas être résolues en transformant les migrant·es en bouc-émissaires ou en faisant de Mayotte une île forteresse (l’abject Darmanin a promis un « rideau de fer » à mettre en place autour de l’île). La seule solution pérenne est au contraire la sortie du système colonial et l’intégration de l’île dans son espace régional.