Le 19 mars 2012, Mohamed Merah perpètre un massacre antisémite à l’école Ozar Hatorah de Toulouse, quelques jours après avoir exécuté plusieurs militaires français. Il assassine à bout portant Jonathan Sandler, 30 ans, enseignant et rabbin, ses deux enfants, Gabriel, 3 ans et Aryeh, 6 ans, Myriam Monsonégo, 8 ans. Il blesse grièvement Aaron Bijaoui, âgé de 15 ans et demi.
Pour la minorité nationale juive en France, ce massacre, 6 ans après l’assassinat d’Ilan Halimi, est une nouvelle manifestation de la dimension génocidaire de l’antisémitisme : c’est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale que des enfants sont tués parce que juifs et juives. Ce massacre a joué un rôle important dans le processus qui a donné naissance à notre collectif, parce que comme lors de l’assassinat d’Ilan Halimi, les réactions qui ont majoritairement émergé dans notre camp idéologique nous sont apparu comme n’étant absolument pas à la hauteur des enjeux. Il n’a suscité que très peu de réactions populaires : aucune manifestation de masse n’a alors eu lieu, contrairement à ce qui s’est produit 3 ans plus tard.
Les vieux procédés de défense raciste ont été mobilisés à plein pour nier, minimiser l’antisémitisme : ceux qui consistent à isoler les actes des discours qui les inspirent, à renverser les responsabilités en renvoyant la responsabilité de l’antisémitisme aux « sionistes », ou à en minimiser la portée. Les discours officiels, quant à eux, se sont empressés de mettre en cause un pseudo « nouvel antisémitisme » afin de ne pas reconnaître ce que le discours de Mohamed Merah devait à l’antisémitisme français, dont Soral et Dieudonné sont les héritiers les plus flagrants.
Mohamed Merah a aussi pour justifier ses crimes prétendu « venger les enfants palestiniens ». A l’heure ou l’armée israélienne commet un massacre à l’encontre de la population gazaouie, rappelons qu’on ne peut justifier le meurtre d’enfants par celui d’autres enfants. Rappelons aussi que la logique de responsabilité collective est criminelle et mortifère, qu’on ne peut faire porter aux Juifs et aux Juives la responsabilité de la politique du gouvernement israélien, pas plus qu’on ne peut faire payer à l’ensemble des Palestinien·es les crimes du Hamas.
Douze ans après, nous rendons hommage aux victimes. Nous entendons aussi rappeler la nécessité de prendre au sérieux la lutte contre l’antisémitisme et contre tout les racismes.
(Ce texte est une version actualisée et raccourcie de celui-ci : https://juivesetjuifsrevolutionnaires.fr/2017/05/08/massacre-antisemite-de-toulouse-5-ans-apres-on-noublie-pas/)