Je publie ici une fantaisie que j'ai publié ailleurs autrefois jadis naguère, librement inspirée du Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu de Maurice Joly (1865), mais disponible aux Editions Allia (1992).
Nicolas M. Ah, Nicolas ! Vous voilà parmi nous ?
Nicolas S. Oui, maître Nicolas. Je viens d’arriver. Mais je ne sais pas ce qui m’est arrivé.
N.M. Un mauvais coup ?
N.S. Dans le dos. Je me sens tout raide.
N.M. Vous étiez connu pour avoir des raideurs, mais pas dans le dos.
N.S. J’ai rien vu venir.
N.M. Vous savez la raison ?
N.S. La raison exacte, je l’ignore. Mais le bras qu’elle a armé, j’ai plusieurs hypothèses… J’ai une liste de noms…
N.M. Des jaloux, sans doute, mon petit Nicolas ?
N.S. J’ai suscité quelques vocations…
N.M. Les hommes se doivent ou caresser ou occire ; car ils se vengent des légères injures, et des grandes ils ne peuvent.
N.S. J’ai nettoyé la gauche au Kouchner.
N.M. La nouvelle est venue jusqu’ici. Et vous pensez que de ce côté-là… ?
N.S. Non, non, au contraire. Bien sûr, Eric Besson a la gueule de l’emploi. Il a déjà trahi, Mais il n’a pas les couilles.
N.M. Vous penchez donc ?
N.S. Gardez-moi de mes amis. Mes ennemis, je m’en charge.
N.M. Vos amis… politiques ? …que vous avez quelque peu malmenés ?
N.S Villepin, Debré, Copé… ou encore plus obscur. Copé a le nom d’un poète, mais il a vraiment la gueule d’un traitre.
N.M. Qu’on se garde d’exciter une sédition dans un parti en se flattant de pouvoir l’arrêter ou la diriger à sa volonté.
N.S. Je n’aime pas porter un jugement personnel sur les gens. Mais c’est extraordinaire. Je ne comprends pas pourquoi on m’a fait ça.
N.M. L’essentiel est de ne jamais se mettre en contradiction avec soi-même. Ce serait un malentendu, selon vous, mon petit Nicolas ?
N.S. J’allais le dire. Mon académicien que j’ai… Il m’avait comparé à Henri IV…
N.M. Ah, je vois. Comment s’appelait ce défroqué ? Ravaillac ?
N.S. Sacré Jean d’O.
N.M. Une histoire d’O… en quelque sorte.