Le 5 juin 2013, Clément Méric, militant antifasciste et syndical, était battu à mort par des militants d’extrême droite. Membres du mouvement d’extrême droite « Troisième Voie » et de son service d’ordre, les « Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires » (depuis dissouts), des militants d’extrême droite avaient attaqué un groupe antifasciste en marge d’une vente de vêtements. Clément Méric, frappé au visage par une arme contondante, avait succombé à ses blessures rue de Caumartin, à Paris.
Depuis lors, les antifascistes se réunissent à la date de sa mort pour honorer sa mémoire. A l’appel du Comité pour Clément, de l’Action antifasciste Paris-Banlieue et de l’Union Syndicale Solidaires, un premier hommage a eu lieu cette semaine sur les lieux du crime. Cette année, une bonne centaine de militants se sont retrouvés, malgré la pluie, pour rendre hommage à leur défunt camarade. C’était l’occasion pour eux de déposer une gerbe à laquelle se sont ajoutées des fleurs apportées par les uns et les autres. L’opportunité aussi de rappeler que la lutte continue, même dans un contexte particulièrement favorable à l’émergence de néofascismes.

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Aude, prenant la parole pour le Comité pour Clément, le rappelle en introduction de son discours : « Nous souhaitons rendre hommage à Aboubakar Cissé et Hichem Miraoui », tous deux victimes récentes de meurtres islamophobes. 12 ans après Clément Méric, l’extrême-droite tue, encore et encore. Clément n’est pas qu’un martyr, il était avant tout un camarade, un camarade de la lutte antifasciste, toujours vivace. Pour cela, il est mort et, pour cela, sa mémoire vit. « Nous partageons surtout l’espoir que la lutte mette à bas le fascisme, dit encore Aude, qu’il soit en costume, en bombers ou avec une carte de presse ». Il est difficile de ne pas s’émouvoir de la conclusion du discours : « Clément vivra, toujours dans nos combats ».
Avec « Ne pas baisser les yeux » (le slogan désormais associé à l’image de Clément Méric), ce sont ces mots d’ordre qui ont réuni près d’un demi-millier de personnes dans les rues de Paris ce dimanche. Partie de la Place de la République et arrivée à la Place Gambetta, cette manifestation était un espace d’hommage au militant assassiné, à toutes les personnes tuées par l’extrême-droite. Il s’agissait également de convergence des luttes, surtout alors que se raidissent les positions du gouvernement israélien sur le nettoyage ethnique en cours à Gaza. « Siammo tutti antifascisti » (« Nous sommes tous antifascistes ») et « Paris, Paris, antifa ! » scandaient les manifestants, mais aussi « Nous sommes tous des enfants de Gaza ! ».

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La manifestation s’est déroulée dans le calme et s’est dispersée tout aussi sereinement Place Gambetta. Une formule, s’il fallait en retenir une de ces deux hommages, nous est là encore donnée par Aude, citant Louis Aragon (« L’affiche rouge », dans Le Roman inachevé, 1956) : « La mort n’éblouit pas les yeux des partisans ».
Aboubakar Cissé est mort le 25 avril 2025 dans la mosquée de Khadidja à Grand-Combe (30). Il a succombé à 57 coups de couteau infligés par Olivier H., filmant son acte funeste en prononçant des propos islamophobes.
Hichem Miraoui a été abattu par balles le soir du 31 mai 2025. Son voisin, Christophe B. principal suspect de ce meurtre et mis en examen, est un sympathisant du Rassemblement National. Avant et après son crime, il a appelé par des vidéos et des textes publiés en ligne incitant au meurtre des personnes perçues comme étrangères. Pour la première fois de son histoire, le Parquet National Anti-Terroriste (PNAT) s’est saisi pour un crime terroriste d’extrême droite.
Le 4 juin 2021, Esteban Morillo et Samuel Dufour, militants d’extrême droite, ont respectivement été condamnés en appel à huit et cinq ans d’emprisonnement pour avoir tué Clément Méric.