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Billet de blog 9 novembre 2016

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Que faire après la gueule de bois du 8 novembre 2016?

Tirer les enseignements de la victoire de Trump pour mieux reconstruire, se remobiliser et réenchanter le projet démocratique.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quelques réflexions en vrac après la gueule de bois de la nuit:

1/ Commençons par là parce que c'est la conséquence la plus immédiate et la plus abominable: l'Amérique vient de donner officiellement à Poutine et à Assad un permis d'exterminer les populations rebelles d'Alep et du reste de la Syrie. Les printemps arabes vont s'achever non pas dans un hiver islamiste mais dans une toundra exterminatrice (dont nous serons les complices) et qui laissera des séquelles durables dans la conscience humaine mondiale. L'urgence absolue, c'est de se mobiliser pour maximiser la pression politique et économique contre Poutine et les intérêts économiques russes en Europe.

2/ L'avènement de Trump va favoriser une prise de distance de l'Europe vis-à-vis des USA, qui va formidablement faire le jeu de Poutine. La question de l'appartenance à l'OTAN va ré-émerger en force dans le débat public; elle est déjà clairement portée par le tandem Mélenchon/ Le Pen. Les événements de la nuit vont les rendre plus audibles. Nous sommes en train d'assister à une tectonique des plaques géopolitique majeure, porteuse de grands risques pour la paix et la stabilité en Europe. Comment une Europe démilitarisée, financièrement appauvrie et politiquement désunie par la montée des populismes réagira face à la poussée impérialiste russe avec un parapluie militaire américain flageollant ? Je suis personnellement très inquiet sur ce point.

3/ A l'approche des primaires de la droite, l'élection de Trump est une leçon de mobilisation générale : il faut massivement se mobiliser pour aller voter, éviter tant l'avènement d'un "Trump-à-talonettes" à la française que celui d'un poutinolâtre aux origines sarthoises. Mettre en place une alternative politique n'interdit pas de passer par un bureau de vote les 20 et 27 novembre pour éviter le scénario du pire. C'est même à mes yeux une forme de devoir citoyen. Il faut arrêter de croire qu'une victoire de Sarkozy aux primaires est un gage de mobilisation pour la gauche. Quand les choses vont mal, elles peuvent encore s'aggraver et plus l'espace médiatique est occupé par des leaders populistes, plus le risque de dérive politique s'accentue.

Soyons concrets : commençons par endiguer la gangrène puis donnons-nous les moyens de la contre-attaque idéologique.

4/ Après le Brexit et avant la déculottée du PS en 2017, la défaite d'Hillary Clinton sonne comme l'échec des gauches néolibérales dont les discours orwelliens sonnent creux. A cet égard, je dois dire que pour une fois, je me suis senti en phase avec le tweet de Cambadélis ce matin quand il écrit: "La Gauche est prévenue ! Continuons nos enfantillages irresponsables et ça sera Marine Le Pen." Puisque le PS version Hollande-Valls-Cambadélis n'a plus rien à proposer sur le plan politique, qu'il se retire !

5/ Nous devons tous dans nos cercles amicaux, associatifs et professionnels entreprendre un travail de remobilisation politique, de re-conscientisation éthique et de ré-invention de nos analyses économiques, écologiques et sociales. Car parler éthique et droits de l'homme sans assumer l'échec de nos modèles économiques et la fragmentation sociale induite ne nous mènera nulle part et nous permettra pas d'articuler une "repolitisation" mobilisatrice. A cet égard, il va nous falloir assumer une déconstruction de la doxa néolibérale sans pour autant sombrer dans les travers dé-responsabilisants et anti-méritocratiques qui ont plombé certains discours de gauche. C'est une ligne de crête délicate, mais elle est vitale pour esquisser un projet de société plus juste, plus désirable et plus démocratique. Au travail !

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