Si aujourd’hui, nous, artistes, techniciennes, administrateur, productrices, nous demandons l’ouverture urgente des théâtres, des salles des fêtes, des chapiteaux et des rues ce n’est pas pour notre gueule, ce n’est pas pour notre gloire. C’est pour que l’on puisse souffler sur le rêve et sur l’imaginaire de chacun, de chacune, cet imaginaire, ce rêve qui ont pris si cher ces derniers mois.
Si aujourd’hui, nous, intermittentes et intermittents du spectacle, nous demandons une deuxième année blanche ce n’est pas pour notre gueule, ce n’est pas pour notre gloire. C’est pour qu’après cette crise, il y ait encore un monde plein de jardins colorés et vivants, un monde qui n’ait pas été complètement avalé par la finance, les armes et les écrans.
Si aujourd’hui, nous demandons une politique culturelle forte, et une politique d’éducation forte, c’est pour que, face à d’autres, face à des futures crises sociales, écologiques, sanitaires, nous saurons encore nous parler, nous écouter, et, nous reconnaître.
Si aujourd’hui, nous appelons toutes et tous à résister face aux valeurs de la consommation, c’est que nous avons expérimenté que ni Dior, ni Electrolux, ni Facebook, ni Nike, ni Mercedes savent nous sortir de notre isolement, savent nous consoler dans nos solitudes et dans nos angoisses, et encore moins savent-ils nous ouvrir à des perspectives autres qu’une destruction massive de notre planète.
Si aujourd’hui nous exigeons que le spectacle vivant puisse reprendre et accueillir tous les publics, c’est que nous n’acceptons pas d’être réduits et réduites à être porteurs et porteuses de virus.
Nous, humains, nous portons en nous bien d’autres forces vivantes ; et nous avons besoin de les partager.
Nous avons besoin de l’art pour imaginer d’autres possibles.
Julia Moa Caprez, artiste de cirque chez Les Rois Vagabonds www.lesroisvagabonds.com