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Billet de blog 11 juillet 2024

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La lucidité de Biden?

Joe Biden ne veut visiblement pas renoncer à se représenter à l'élection présidentielle aux Etats-Unis. Pourtant toutes les évidences de sa difficulter à assumer son mandat, dès aujourd'hui, se font jour. Il serait donc encore moins capable de le faire pendant 4 nouvelles années.

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Il a 81 ans... Comment peut-on penser être capable d'assumer une charge comportant de telles responsabilités et demandant tant d'implication à cet âge là? Il a perdu toute conscience du fait que la vie a une durée limitée, qu'on n'est pas éternel? Il n'est plus accessible à cette réalité de base?

Pour Joe Biden: d'abord lui-même, ou d'abord les valeurs de son camp?

Cette question en contient aussi une autre, sur la réalité de son engagement pour certaines valeurs, pour certains principes. Il se dit le premier défenseur de la liberté, de la démocratie, de la lutte contre les discriminations, raciales, sexuelles, de genre, et premier défenseur de l'indépendance de son pays, au contraire de quelqu'un comme Donald Trump. Il prétend que s'il veut encore s'opposer à ce dernier dans une campagne présidentielle, c'est parce qu'il serait le mieux placé pour l'empêcher de revenir au pouvoir.

Mais non, très clairement c'est le contraire. Il n'a pas la capacité, la force pour le battre. Parce que l'autre est resté bien plus vigoureux. De plus en plus d'électeurs ne voteront pas pour Biden parce que ses capacités déclinantes ne les y incitent plus. Il ne les convainc pas qu'il sera en mesure de se battre efficacement pour leur pays. Donc le fait qu'il se représente va très clairement mener à la défaite de son camp.

S'il était vraiment intimement convaincu de la nécessité de défendre les valeurs dont il se vante être le hérault, s'il voulait vraiment qu'elles soient respectées à l'avenir, et d'abord et avant tout cela, il ferait ce qu'il faut pour. Il aurait déjà fait ce qu'il faut pour. Donc il aurait déjà transmis le flambeau à quelqu'un de plus à même de les défendre désormais, à quelqu'un en capacité de vaincre Donald Trump aux prochaines élections. Quelqu'un de plus jeune en capacité de mener à bien une campagne et un mandat présidentiel efficacement, de façon clairvoyante.

Il ne le fait pas. Cela veut dire que ne comptent pas tant ces valeurs, ces libertés, ces droits, cette indépendance qu'il met pourtant en avant comme fondamentaux. Il y a quelque chose qui compte plus, beaucoup plus visiblement: sa petite personne, sa carrière, les avantages qu'il peut obtenir, ceux dont il peut faire bénéficier ses proches, son cercle intime.

Cela pose donc la question de la sincérité de son engagement. Tout ce qu'il dit n'est-il que du marketing ciblé en direction d'électeurs, afin d'obtenir des postes influents? Tout cela est-il au fond bidon, masquant une ambition démesurée, une soif de pouvoir?

Cela n'a pas des conséquences que sur la scène politique américaine. Il n'y a pas seulement la possibilité de battre Trump qui est impacté. Il y a aussi la question de la place des USA au niveau international, de sa capacité à faire face à des puissances de plus en plus ambitieuses. Cela peut-il être maintenu avec un Président déclinant, peu présent, peu dynamique et clairvoyant?

Il n'y a qu'à voir par exemple la manière dont Netanyahou se joue de Biden dans la conduite de sa guerre contre le Hamas, faisant fi de ses injonctions. Il sait très bien que Biden n'aura pas la force de le contraindre, de l'empêcher. Le déclin de Biden a déjà des conséquences au niveau international, avec l'incapacité des Etats-Unis à juguler l'enflamement qui prend depuis l'Israël et se propage dans la région. Contre cela il faudrait un Président actif, y allant, négociant ferme avec les représentants politiques impliqués, capables de leur tenir tête et de faire preuve de fermeté. Biden en est incapable; des Palestiniens en subissent lourdement les conséquences: cela n'est pas neutre humainement. Pas du tout. Biden ne permet plus aux Etats-Unis de donner un cadre au monde, d'être le gendarme du monde.

Qui participe à berner Biden sur ses capacités?

Il y a de plus une question sous jacente qui est de savoir qui dans son cercle mène réellement le pays aujourd'hui? Qui fait le travail, vu qu'il ne paraît pas en capacité de vraiment travailler, vu qu'il a perdu une bonne part de sa lucidité, de sa vivacité d'esprit? Pourquoi paraît-il aussi peu lucide quant à ses capacités à faire encore son travail de Président, ou celles de convaincre et remporter la future élection? Qui le convainc de continuer encore sa carrière politique, qui participe à lui brouiller les idées quant à ses réelles capacités, ses chances de victoire? Dans son cercle, dans tout ceux qui bénéficient de sa place actuelle, via des postes, via des retours en nature, des avantages législatifs ou commerciaux, des retours positifs à des propositions de lobbying, qui travaille pour le maintenir en place à tout prix, contre toute évidence? Qui aurait tant à perdre, et se moque bien finalement de si Donald Trump remporterait à nouveau la victoire, faisant passer devant une chance même infime que ce soit Biden qui gagne?

Mince, est-ce Donald Trump lui-même, ou alors certains de ceux qui souhaitent en fait la victoire de Trump, qui se démènent pour que Joe Biden soit convaincu qu'il va gagner, contre toute évidence? Il y a une grosse question de ce qui se passe à la Maison Blanche aujourd'hui, et de qui dirige le grand pays qu'est les USA (mince, serait-ce une IA?).

Plus globalement, les populations occidentales vieillissantes sont-elles lucides politiquement?

La question amène une problématique de société plus large, concernant tout le monde occidental. Ses populations sont vieillissantes. Et les personnes vieillissantes y ont toutes un gros pouvoir, financier, politique. Et aussi elles semblent très peu conscientes du fait qu'il faudra mourir un jour, ou agissent comme si ce n'était pas du tout le cas, comme si elles avaient l'éternité devant elles.

Mais en vieillissant elles finissent pourtant par devenir moins vives, avec une lucidité moindre, des capacités cognitives déclinantes, comme leur force physique. Quid de la pertinence des choix politiques ou de société poussés pas ces personnes aux capacités cognitives déclinantes?

Et surtout quid de la façon dont elles peuvent être influencées par des personnes qui chercheraient à profiter de ces capacités déclinantes pour les manipuler? Se jouer des personnes âgées qui sont moins méfiantes, ou moins aptes à repérer une arnaque ou une manipulation est un grand classique du monde de l'escroquerie. Aujourd'hui les personnes âgées représentent une manne économique énorme. Elles ont un niveau de vie élevé, de bonnes retraites, ont eu une carrière pleine, ont pu épargner. Elles représentent donc une manne financière, évidemment motif d'une forte envie. Et elles ont donc un fort pouvoir politique du fait de leur nombre, et de leur inclination à voter. Cela aussi est une manne pouvant attiser les envies.

Donc évidemment que s'accaparer d'une part de leur pouvoir financier ou économique, ou politique, est une envie forte. Et évidemment qu'il est plus facile de le faire que pour des personnes plus jeunes et plus vives intellectuellement, avec une meilleure vue, de meilleurs sens de perception.

Aujourd'hui se déploient plein de technologies censées assister les personnes aux capacités déclinantes, et leur permettre de vivre comme si elles ne vieillissaient pas ou n'avaient pas de handicaps. Il y a des arguments commerciaux qui prétendent cela: "avec notre technologie vous serez toujours jeunes, vous ne vieillirez pas." Mais ces technologies ne font en fait pas tout, ne compensent pas tout. Et elles peuvent elles-mêmes être un moyen d'abuser et de manipuler des personnes vulnérables (notamment via le neuromarketing sur internet). Cela fait que l'idée que tout est comme avant est parfois forte chez les personnes âgées, et qu'elles peuvent penser qu'elles ne déclineront pas. Voire ne mourront pas pour certaines! La peur de la mort, et l'envie d'y échapper, n'est-il pas le plus fort moteur de motivation humaine? N'est-ce pas un bon levier pour manipuler qui y est confronté?

Donc attention: il est fort probable que vu comment les sociétés occidentales vieillissent, ce type de tentations, de penchant, s'y déploient. Cela peut faire que beaucoup de capitaux soient détournés vers les poches d'exploiteurs, de manipulateurs de personnes âgées. Et cela peut faire aussi que les choix politiques deviennent chaotiques, détournés aussi de ce qui pourrait permettre aux sociétés d'avoir un avenir, pour être tournés uniquement vers favoriser le confort (physique ou moral) de personnes déclinantes, ayant une possibilité d'avenir fort restreinte, et en profitant aussi à qui saurait s'attirer leurs bonnes grâces.

Un exemple français de manipulateur-séducteur de personnes âgées: Emmanuel Macron

L'exemple de notre Président actuel, à nous en France, est parlant de ce point de vu. Emmanuel Macron est quelqu'un qui sait plaire aux vieux. Il sait les séduire, leur faire penser à leur jeunesse et leur fougue passée comme si elles revenaient. Il a su les convaincre de l'élire, alors qu'il était très jeune, le plus jeune Président de l'histoire de la République française... Une fois élu il a conduit une politique les favorisant: il ne les a jamais oublié pour la revalorisation de leurs retraites, et pour les mesures les avantageant d'abord que les jeunes durant la crise du Covid.

Ce Président ne mène pourtant pas une bonne politique pour le pays. Il sait tirer profit personnellement de son pouvoir de séduction vis-à-vis des personnes âgées, qui représentent un pouvoir financier et politique de premier plan, mais il a endetté très lourdement la France. Celle-ci se retrouve déclinante au niveau international, a perdu beaucoup de son influence en Afrique, le pays est plus que jamais fracturé socialement et politiquement, quitte à être quasi ingouvernable, les extrêmes montent de plus en plus face à l'incohérence des orientations prises.

Le Président est hiératique. Il change du tout au tout dans ses paroles, dans les caps indiqués. Il suit une politique structurée par des plans des communication, de la tactique de court terme ne comportant pas de stratégie large, dans la durée. Son seul but semble être de se maintenir au pouvoir, de rester le chef, la personne la plus en vue nationalement, dans une quête narcissique effrénée, sans cadre. Cela correspond d'ailleurs sans doute aux traits de caractère des personnes escroquant les vieux: pas de but de long terme, que le fait de tirer profit d'autrui, l'attirance de l'argent, du pouvoir, la quête narcissique vide, le manque de personnalité, de but de fond dans l'existence: qu'un besoin infantile de séduire et de tirer profit à fond de vieux pouvant faire penser à des parents, en se jouant d'eux; qu'une propension à l'intrigue.

Emmanuel Macron a peu de repères moraux, a trahi ceux qui lui avaient permis de progresser et d'obtenir une place de premier plan; il l'a fait pour François Hollande. Donc, comme il a trahi, il a peur que ceux qui travaillent pour lui le trahissent à leur tour, et il s'entoure de personnalités peu brillantes, de ministres ou de députés ternes. Ce qui fait que le pays n'avance pas, que l'administration est mal menée et travaille également de façon hiératique, sans que lui soit donnée de buts clairs et les moyens de remplir sa mission et de construire sur le long terme.

Ce n'est pas un hasard si c'est un Président avec cette personnalité là qui est aujourd'hui aux commandes, avec la société française telle qu'elle est démographiquement. Un De Gaulle, un Pompidou, un Giscard, un Mitterrand, un Chirac ne correspondraient pas du tout à la société actuelle et auraient eu très peu de chances d'être élus actuellement.

Hollande, qui avait dit durant sa campagne qu'il ne voulait être jugé que sur une seule chose, soit si les jeunes avaient des conditions de vie améliorée à l'issu de son mandat, a dramatiquement échoué: il n'a même pas pu se représenter. Cette mise en avant de la jeunesse durant sa campagne a peu à peu complétement disparue des radars durant son mandat, devant la constatation sans doute de l'impossibilité d'y faire quoi que ce soit. Cela avait pu marcher durant la campagne, motivant les jeunes, boostant les vieux qui se disaient qu'ils allaient faire le bien, participer à oeuvrer pour les jeunes. Mais ceux-ci se sont sans doute rendu compte durant le mandat de Hollande de tout ce que cela représentait concrètement, des sacrifices qu'il y aurait à faire matériellement, socialement, et dont ils n'avaient pas vraiment envie au fond. Parce que les vieux d'aujourd'hui, les "boomers", ne sont pas du tout d'un tempérament courageux, malgré toutes les bravades et les revendications dont ils peuvent faire preuve... Ils sont plutôt égocentriques et infantiles.

Les vieux votent en fait désormais pour qui saura les séduire et qui favorisera leurs avantages, leurs finances, leur confort, leur image d'eux-mêmes et la possibilité de ne pas avoir à se confronter à la douloureuse idée, la douloureuse confrontation à leur déclin et à leur mort prochaine. Ils penchent pour celui qui saura bercer leur illusion qu'ils ne mourront jamais, quelle que soit dérisoire, illusoire, non constructive pour leurs proches et leurs descendants cette idée là. Et cela ne favorise pas un travail politique, une construction fondée, concrète, de long terme. Ce n'est que des contournements pour essayer d'échapper au grand saut...

Une accélération de la désagrégation

On a donc un gros problème de société. Ce n'est pas seulement que nos sociétés occidentales vieillissent. C'est aussi qu'il y a le fait que la politique y est définie d'abord par les envies de personnes aux capacités, notamment cognitives, déclinantes, et par ceux qui savent en profiter via une manipulation forte (est-ce que ce sont les spécialistes de l'arnaque de vieux qui ont le réel pouvoir désormais?). Cela amplifie encore les conséquences naturelles du vieillissement, cela les accélère à grande vitesse.

Que pensent de nous à ce propos les puissances non occidentales, les pays asiatiques, latino-américains, africains, notamment après le débat qui a opposé Joe Biden à Donald Trump? Que peuvent-ils penser en voyant comment s'est illustré le personnage le plus important du pays le plus important en Occident? Il faut bien réaliser que cela nous a ridiculisé aux yeux de tous les pays non occidentaux. Nous devenons la risée du monde... Les autres puissances se sont sans doute dit, en regardant ce débat: "C'est bon, c'est du gâteau. Cela va s'effondrer bientôt, c'est largement prenable. Cela ne tient plus, cela se désagrège à grande vitesse. Les vieux gâteux ont le pouvoir et imposent leurs vus à la société occidentale, ils bloquent toutes les possibilités de plus d'énergie et de vitalité qui pourraient y émerger, mènent la société de façon complétement hiératique, consomment à grand train les ressources qui y restent (avec leurs retraites, leurs soins de santé...) et les détournent d'une utilisation pour y construire un avenir, pour l'éducation, la jeunesse, la recherche ou autre... L'Occident ne va plus nous opposer de résistance bien longtemps."

On se laisse prendre, défaire, sans réagir? Qui sera capable de limiter le droit de vote à 70 ans en France, pour permettre que notre société soit capable de se maintenir dans la durée, de faire face aux défis mondiaux et aux autres grandes puissances?

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