pourquoi je participe aux actions contre la Loi Travail

C'est marrant cette idée selon laquelle les grévistes se font un malin plaisir de "faire chier" le monde pour le fun. Qui peut imaginer que c'est agréable d'aller bloquer des routes, d'y laisser une partie de sa paye, d'être "mal vu" par sa direction, par ses collègues, d'en prendre plein la gueule par ceux-là-même et celles-là-même qui profitent des conquis sociaux issus des mouvements passés ?
Oui, cela m'emmerde aussi de pas avoir d'essence, ou de me retrouver dans des barrages filtrants qui paralyse une ville quelques heures (cela m’emmerde aussi alors que j’estime avoir un salaire correct par rapport à beaucoup, de devoir tout le temps compter la moindre dépense pour éviter d’être dans le rouge...) mais je m'en prends au gouvernement qui ne laisse aucun autre moyen d'action que celui-là et je n'attends pas que le droit de grève finisse d'être bafoué pour me mobiliser et lutter contre la remise en cause de nos conquis sociaux.
Alors à toi qui râle et qui "veut juste travailler", es-tu prêt.e à te retrouver asservi.e.s ? et à regretter de ne pas avoir su te saisir d'une chance unique de renverser la vapeur et de participer au rapport de force qui fait qu'on mène à peu près tou-te-s une vie sociale ? 
Cela fait plusieurs années que je ne peux plus rester chez moi à attendre que ça passe, à attendre que la France devienne la Grèce. J’entends les désagréments que je te cause, mais je ne peux pas m’arrêter à ceux-ci, je ne peux pas juste penser « que tout le monde doit pouvoir aller travailler » et que « personne ne devraient être bloqué ». J’ai vu les ravages que la finances, les lobbies et la Troïka ont fait à la Grèce : 60% des jeunes de moins de 25 ans au chômage, salaire de misère, plus d’accès à la sécurité sociale, grosse privatisation de la santé avec des gens qui préfèrent se suicider quand ils apprennent qu’ils ont un cancer plutôt que d’endetter leur famille, augmentation de la mortalité infantile, réapparition de maladies qui sont censées ne plus exister dans les pays dits « développés »
Alors, désolée, si je pense que lorsqu'il est question de notre survie sociale, il y a une véritable urgence, et que les désagréments que je te cause aujourd’hui, pourront te permettre de garder tes agréments dans le futur. Libre à toi de ne voir que le côté "perturbation", et de te sentir pris en « otage » comme aime à te le marteler le gouvernement et les médias.
Tu crois que faire la grève est une profession, que le rapport de force j'adore ça ? Que je n'aimerai pas faire autre chose, comme voir ma famille, mes ami-e-s, aller à la piscine, finir les travaux chez moi, ou partir me ressourcer à la montagne, et lire, lire des tonnes de livres ? Mais si on ne se bouge pas, ces petits plaisirs ne seront qu’un souvenir dans le futur.
Alors, un petit effort jusqu'à l'été et nous allons la retrouver notre vie quotidienne à la seule différence, c'est que si nous bougeons d'un coup et très nombreux et nombreuses, la donne entière sera changée, par nous, par toi aussi peut-être, ET POUR TOI AUSSI quoique tu décides !
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