C’est donc ainsi que me décrit dans un long article paru le vendredi 21 mars, Jean Luc Padellec, pour le Télégramme.
Revenant sur ma carrière politique et ses étapes, il me taxe de « passionaria de la gauche radicale", au mépris de la réalité de mon engagement politique dans un parti dit de « gouvernement » au sein des Verts puis d’EELV, avant que la rupture ne me fasse monter mon propre groupe politique « Partage Solidarité ». A l’époque déjà, le Télégramme m’avait taxée d’ultra-gauche, autant dire de quasi-terroriste, au motif que j’avais soutenu le mouvement des sans-papiers venus interpeller le maire sur l’absence de solution dans laquelle se trouvaient des familles avec de très jeunes enfants. Là encore, le fond de mes propos, rappelant le rôle de sauvegarde de l’enfance du département qui était alors de la même famille politique que le maire, n’avait pas été relayé par une presse plus prompte à coller des étiquettes qu’à se fatiguer à écouter et à comprendre des discours. Depuis lors, le média n'a eu de cesse de me construire un personnage gauchisé, marginalisé, radicalisé, une bonne excuse sans doute pour éviter d'avoir à s'intéresser à mes critiques du système socialiste de la mairie, qui favorisait les uns au détriment des autres, dans un budget déséquilibré et contestable, système socialiste sur lequel je signalais que pesait également le soupçon d'une corruption depuis avérée par la condamnation du maire.
Aujourd'hui encore, l’article pose bien le problème brestois de l’absence d’une presse locale politique de qualité, attachée à transmettre aux habitants une information sourcée, vérifiée, et discutée avec les personnes concernées. Dans cet article, il y a certes des éléments factuels incontestables : mon parcours est correctement tracé. Mais mes intentions n’ont pas été vérifiées, ni auprès des porteurs de l’équipe de campagne LFI, ni auprès de la principale intéressée, moi, en l’occurrence. L’article rentre alors dans la catégorie de la politique-fiction, jouant les Madame Irma de sous-préfecture de province, dans le seul but de feuilletonner en espérant peut-être une réponse de ma part.
Je ne répondrai que sur la déontologie journalistique, puisque je l’enseigne à mes élèves dans le cadre du thème « informer, s’informer » en seconde professionnelle.
D’abord, leur ai-je appris, pour s’informer correctement, il faut savoir « qui possède quoi », pour reprendre le titre de la cartographie des propriétaires de média produite conjointement par Acrimed et le Monde diplomatique. Et qui possède le Télégramme ? Edouard Coudurier, notoirement de droite, et marquant de cette orientation politique les contenus éditoriaux de son journal. Le Télégramme possède également une filiale, Rivacom, dont le patron m’avait envoyée au tribunal pour avoir relayé un article de Marianne dénonçant les collusions entre son entreprise et les pouvoirs politiques socialistes locaux (j'avais bien entendu été relaxée). Autant dire que Le Télégramme ne fait pas preuve de la plus grande objectivité en ce qui me concerne.
Ensuite, ai-je appris à mes élèves, il faut s’assurer que l’article est bien sourcé. Quelles sont donc les sources de Jean-Luc Padellec ? Quelques mots prononcés dans le meeting, c’est une chose, mais c’est bien léger pour justifier un article d’une demi-page. Tiens, il y a bien un interviewé, un « élu socialiste » courageusement anonyme, dont les propos traitant notre député de « garçon » montrent l'absence du respect dû à un élu de la République. Une source anonyme, c’est qu’elle doit être protégée, ai-je aussi appris à mes élèves. Quel danger court donc cet élu socialiste ? A-t-il peur de représailles d’une ex-élue isolée n’ayant pas paru sur la scène politique depuis 5 ans ? A-t-il peur du courroux du député devant son manque de respect flagrant à son égard ? Quel motif touchant à la sécurité de sa source a donc poussé Jean-Luc Padellec à anonymiser ainsi l’auteur de ces propos perfides qu’il cite et dont il prend ainsi la seule responsabilité ?
Opacité, inventions, parti-pris : cet article porte les défauts généraux qu'on peut attribuer au Télégramme dès qu'il s'agit d'articles politiques. Le travail de la PQR n'est pas seulement d'exceller dans le relais des opérations municipales, ou dans la narration des activités associatives, ou encore l'annonce des évènements à venir. Elle doit jouer pleinement aussi son rôle de contre-pouvoir local, essentiel dans une démocratie fragilisée et aux portes de laquelle campent les fascistes.
A ce propos, notre ville irait peut-être mieux si les socialistes avaient pour pire cauchemar la menace fasciste au lieu de rester puérilement traumatisés par mon mandat dans leur opposition.