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Docteure en Langues et Littératures anciennes. Prof de Lettres-Histoire-Géo en lycée pro. Humaniste. Pour une Palestine libre et pour les droits humains.

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Billet de blog 13 septembre 2013

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Au bonheur des filles.

Réaction à la parution de l’article : Salon Madame, au bonheur des filles à Penfeld.

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Réaction à la parution de l’article : Salon Madame, au bonheur des filles à Penfeld.

 A l’heure où commence enfin un vrai travail de société sur la déconstruction des clichés sexistes (provoquant même l’ire des partisans de la Manif Pour Tous y voyant une fin prochaine de toute civilisation), quelle n’a pas été ma surprise de voir paraître dans les pages du Télégramme un article sur le Salon Madame, sous-titré : "au bonheur des filles". 

Une réminiscence de Zola et de son Bonheur des Dames... si ce n’est que lui dénonçait l’emprise de la société de consommation sur les femmes et l’intérêt de la grande distribution pour créer des appétits dépassant les budgets pour mieux dominer des femmes réduites à une condition féminine pensée comme soumise à la pulsion.

L’article en question est un véritable condensé de clichés de genre : il s’agit bien de «Créer un salon pour toutes les femmes». Cette ambition même sous-entendrait qu’il existe des intérêts communs entre les femmes, juste parce qu’elles sont femmes. «Un salon léger donc» poursuit la journaliste, assimilant ainsi dès les premières lignes les femmes à la légèreté. C’est bien connu, nous, femmes, sommes des humains version light, le roseau pensant version Bridélice.

Poursuivons. Parce que nous le valons bien. Je passe sur «tous les secteurs susceptibles de s’adresse au public féminin», la suite en donnant un aperçu riche et dense : «la mode, la beauté, la forme, la déco, la gastronomie et les loisirs, etc». Comment vous dire, je me sens tellement valorisée en tant que femme devant un tel éventail d’activités que j’en reprendrais bien une part de cupcake (juste une, hein, sinon je ne pourrais pas participer au formidable défilé de mode qui viendra ponctuer le salon madame d’une touche de bon gout et de glamour).

Le meilleur est à venir avec la blagounette sexiste de service : «« Mais les hommes aussi ont le droit de venir... Avec la carte bleue ! », s'amuse Joëlle Le Gall, organisatrice de salons». J’espère que les hommes apprécieront cette vision «so XXIème siècle» de la relation de couple. Parce que oui, messieurs, tout comme dans Zola vous payiez de la sueur de votre front les falbalas de vos charmantes épouses, vous êtes toujours, un siècle après, notre porte-monnaie le plus fidèle et le mieux assorti à notre teint de pêche. Comment ça, c’est pas franchement valorisant ? ah ben c’est ça, le sexisme hein : à nous la légèreté des pulsions, à vous la lourdeur du budget. 

Allez, bisous bisous, je m’en vais me finir le cupcake, tiens, de toute façon la saison du bikini est terminée.

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