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Billet de blog 2 septembre 2024

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La ruse du diable : quand l’accusé se prétend victime, le procès Stéphane Plaza

L'animateur de 54 ans n'était pas présent à son audience au tribunal correctionnel de Paris ce mercredi 28 août, invoquant un état de fragilité psychologique dû à un certain « lynchage médiatique » dont il se dit victime. Son absence constitue le symbole d'une tentative de renversement de culpabilité et de responsabilité dans l'affaire.

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Le président de la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris a tranché, le procès de Stéphane Plaza est bel et bien reporté au 9 janvier 2025. Ce sont quatre mois d'attente qui viennent s'ajouter à la longue guerre des anciennes compagnes de l'agent-acteur-présentateur pour la justice qu'elles méritent. 

Le présentateur Stéphane Plaza, sous contrôle judiciaire, a brillé par son absence à l'audience le mercredi 28 août 2024, invoquant des raisons de "santé mentale", selon son avocate Hélène Plumet. Cette absence serait justifiée par une psychologue clinicienne, qui a alerté sur un risque de "décompensation psychologique". Le président du tribunal a lu une attestation médicale détaillant les symptômes graves, incluant angoisses et idées noires, et recommandant une hospitalisation. De son côté, Plaza a dénoncé dans une lettre au tribunal le "lynchage médiatique" dont il se dit victime.

Cet argument avancé par Stéphane Plaza suscite des interrogations quant à son authenticité. S'il est indéniable que les personnalités publiques accusées sont soumises à une pression médiatique intense, se réfugier derrière cet argument peut être perçu comme une tentative d'échapper à ses responsabilités en gagnant du temps. En inversant la culpabilité, le présentateur détourne le débat et se dérobe aux responsabilités qui lui incombent.

Ce procédé, qui consiste à dramatiser la couverture médiatique pour faire oublier les faits, est une ruse classique de ceux qui cherchent à échapper à la justice. En se posant en martyr de l'opinion publique, l'accusé cherche non seulement à dévaloriser la parole des victimes, mais aussi à transformer son statut en celui de victime, brouillant ainsi les lignes entre agresseur et agressé.

Carlo Alberto Brusa, l’avocat de Stéphane Plaza, affirme que son client ne se présentera au tribunal que dans un "contexte de sérénité", et évoque même une possible hospitalisation à venir. Exiger la tranquillité pour un accusé de violences conjugales montre un décalage inquiétant avec la gravité des faits reprochés. Insister sur la nécessité d’un environnement apaisé pour le présumé auteur, alors que ses victimes ont vécu l’opposé, relève d'un culot déconcertant. 

Les avocats des plaignantes ont exprimé leur frustration face aux manœuvres de la défense. Clotilde Lepetit, avocate d'Eva (prénom donné par Mediapart), se dit déçue d'avoir appris tardivement la demande de renvoi et souligne la souffrance de sa cliente tout au long du parcours judiciaire, notamment lors des expertises et confrontations difficiles. Bien qu'elle ne s'oppose pas au report, elle insiste sur la nécessité de la présence de Stéphane Plaza à la prochaine audience. De son côté, Benjamin Chouai, représentant Jade (prénom donné par Mediapart), dénonce les méthodes dilatoires de la défense visant à retarder le procès. Le tribunal a d'ailleurs rejeté les questions constitutionnelles soulevées par les avocats de l'animateur, les jugeant sans fondement.

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