Quand j'étais jeune (20 ans), j'avais un ami qui travaillait, qui s'appelait Marcel. Je l'hébergeais de temps à autre, Marcel. Il avait un mouton retourné, Marcel. C'était un "sans dent" à qui il manquait des dents, Marcel. Il me laissait des pourboires, Marcel. Il avait une senteur particulière que je n'oublierai jamais, Marcel. Et je riais quand il tenait à expliquer qu'il dormait chez moi en tout bien tout honneur, Marcel.
Jusqu'au jour où je ne l'ai plus revu, Marcel.
Un jour, en rendez-vous amoureux, j'ai cru l'apercevoir, Marcel. J'ai couru sur les quais du Rhône, après un mouton retourné, mais ce n'était pas Marcel.
Car il est sûrement mort, Marcel. Et je m'en veux terriblement, terriblement, de ne pas l'avoir sauvé, Marcel.
Si je me contentais de mon petit monde, je n'aurais rien à craindre de la politique d'aujourd'hui. Mais je rêve qu'on vienne en aide à tous les Marcel.