Arrestation d’Alexeï Oulioukaïev : qui est le prochain ?

Jusqu’au dernier ! Telle semble être la devise d’Igor Setchine, vice-premier ministre russe et président du géant pétrolier Rosneft. L’homme est lancé dans une croisade contre l’oligarchie dissidente, qui s’est accaparée l’industrie du pays à la fin des années 90. Aujourd’hui, il fait tomber le ministre de l’économie, ancien directeur de la banque centrale, Alexeï Oulioukaïev. Ce dernier avait d’ailleurs quitté la banque centrale à l’arrivée d’Elvira Nabiullina, envoyée par le gouvernement pour se battre contre la corruption.
Dans le cadre du rachat par Rosneft des parts de l’Etat chez le pétrolier Bashneft (50,8% du capital), Oulioukaïev est accusé d’avoir fait pression sur Rosneft pour obtenir 2 millions de dollars de commission. Seulement, c’est la police qu’il a trouvée en allant chercher son argent.
Mais le justicier de la finance russe, Setchine, s’est fait d’autres ennemis plus redoutables.
Dmitry Rybolovlev est la figure la plus extravagante de l’oligarchie russe, mais aussi une des cibles principales du gouvernement. Il est souvent présenté comme instigateur dans l'assassinat de l’homme d’affaires Evgeny Panteleymonov en 1995, et responsable de la plus grande catastrophe sociale et écologique du siècle sur le territoire Russe. Aujourd’hui, le milliardaire collectionne les tableaux et les logements luxueux ; il s’est même offert l’AS Monaco dans lequel il a investi pas moins de 300 millions d’euros. Or, il n’a pas échappé à Setchine que cette vie de luxe n’est permise que par la vente en 2008 d’Uralkali, entreprise responsable de la catastrophe de Berezniki évoquée plus haut. Cette transaction avait permis à l’escroc de fuir la Russie avec une recette de plus de 5 milliards de dollars.
Depuis 2008, Setchine suit de près le cas de Rybolovlev. Et même si la procédure lancée à l’époque avait d’abord innocenté l’oligarque dans le cadre de la catastrophe écologique, un nouvel audit dont le résultat est attendu pour décembre 2016  pourrait marquer la fin de la récréation. L’homme d’affaires, flambeur, repris de justice, ne manque pas de surprendre et trouve des moyens toujours plus caricaturaux de se raccrocher aux branches. Il aurait même eu recours à des sorciers chamans pour diriger le mauvais sort sur son épouse en instance de divorce. De la même façon, il aurait usé de philtres pour s’attirer les bonnes grâces des puissants. Mais aucun sorcier ne semblant pouvoir réconcilier le justicier et le malfaiteur, peut-être devrait-il user de sortilèges plus maléfiques?