Croyant ainsi échapper à la justice russe, qui a lancé une nouvelle enquête sur le désastreux effondrement de la mine de potasse de la société Uralkali à Berezniki, en 2006, Dmitry Rybolovlev, qui en était le propriétaire, tenterait de cacher une partie de sa fortune. Après tout, il n’est que le douzième milliardaire russe, selon Forbes, qui lui attribue une fortune de 7,7 milliards de dollars américains, quand Bloomberg en fait le dixième milliardaire russe, avec une fortune de 9,3 milliards. Il peut donc estimer n’être pas le premier sur la liste de Poutine, de Medvedev et de Setchine, qui ont décidé de nettoyer les écuries d’Augias. Seulement, à prendre ces trois hommes pour des crétins, Rybolovlev a tout à perdre. Qui serait en effet assez naïf pour croire que l’homme qui a vendu une mine sinistrée pour 5,3 milliards de dollars en 2010, qui n’a eu de cesse, depuis, de placer son argent dans des investissements juteux et qui sait si bien faire fructifier son bien, n’aurait pas même gagné trois malheureux milliards en six ans ?
Ce serait vraiment prendre Vladimir Poutine pour ce qu’il n’est pas, à savoir un homme crédule incapable de déceler un secret et qui méconnaîtrait les ficelles du pouvoir, de la dissimulation et du renseignement, que de croire qu’il n’est pas au courant des nombreux investissements de l’oligarque qu’il a actuellement en ligne de mire. Poutine sait pertinemment, puisque le grand public le sait, que le nom de son compatriote figure dans la liste des personnes impliquées dans les Panama Papers. Poutine sait très bien que Rybolovlev a massivement investi dans l’art, qui est un marché de niche, et qu’il commencerait à en retirer discrètement de conséquents bénéfices. Poutine sait encore que Rybolovlev a caché une partie de sa fortune à Singapour, à Malte, à Chypre, à Genève, à Monaco ou encore dans les Iles Vierges britanniques. Il a assez d’informateurs compétents pour faire le compte de la vraie fortune immobilière d’un milliardaire qui a placé une partie de son argent dans des immeubles dont la valeur n'a de cesse d'augmenter à Manhattan, Gstaad ou Monaco par exemple. Il est assez renseigné sur ce que peut rapporter un club de football comme l’AS Monaco à son propriétaire. Enfin, soyons sûrs que cette énumération n’est que la partie émergée de l’iceberg et que la tête de l’Etat russe a les outils qui nous manquent pour mesurer la partie immergée de la fortune de Rybolovlev, ce qui lui permettra sans aucun doute d’estimer combien l’homme pourra payer pour racheter sa forfaiture.