"Jaffa, la mécanique de l'orange", c'est le nom de ce film sorti en 2009, produit par Memento films. Il a fallu quatre ans de recherches dans les archives par plusieurs documentalistes pour reconstituer en image cette histoire méconnue, en tout cas en Europe.https://youtu.be/3adpIfBdZZU?si=1lZaEzWMGQPDaH70 Certaines images n'ont pu être integrées au montage pour des problèmes de droits exhorbitants. Ainsi dans "Les Aventures de Rabbi Jacob" de Gérard Oury Slimane (Claude Giraud) est kidnappé dans un sac de toile avec écrit "Oranges Jaffa". Mais le service commercial de Gaumont en a décidé autrement.
Parmi les intervenant(e)s de ce documentaire captivant l'analyse d'Elias Sanbar, ambassadeur de la Palestine auprès de l'UNESCO. Celui-ci est aussi le commissaire de la récente exposition "Ce que la Palestine apporte au monde." qui a connu des records de fréquentation à l'Institut du monde arabe.
https://youtu.be/vSwCPbxHRYE?si=k7hXarQiOEEY8paZ
Dans "Jaffa la mécanique de l'orange", avec d'autres chercheurs, israéliens et palestiniens, Sanbar décrypte les images de propagande orientalistes promues par le mouvement sioniste: des bédouins qui paraissent sorties d'un film de Cecil B De Mille. La narration y compris des archives de l'époque en noir et blanc évoque le désert, la terre soi-disant inculte de Palestine d'où les colons auraient fait émerger la prospérité et les orangeraies. "La terre simple contre la terre sainte". Ce récit est battu en brèche par les témoins de l'époque, ouvriers arabes, propriétaires israéliens, qui attestent, malgré la réalité coloniale, d'une vie relativement harmonieuse entre Juifs et Arabes avant les expulsions de Palestiniens et la guerre israélo-arabe de 1948. L'orange de Jaffa sera une marque pour promouvoir le nouvel État. Deux publicitaires israéliens qui ont fait une campagne d'affichage font même la comparaison avec Coca-Cola et commentent des archives sur lesquelles on voit par exemple l'actrice Julie Andrews. Les spots filmés en couleur de jeunes colons travaillant dans les orangeraies et esquissant un pas de danse au son de l'accordéon font presque penser à la comédie musicale tyrolienne La Mélodie du bonheur (1965) Mais le "mythe fondateur" va s'écraser au réel, dont la guerre des Six jours (1967) sera l'un des nombreux épisodes traumatiques. Aujourd'hui après son "transfert" forcé la population arabe de Jaffa n'excède pas 30% (chiffres de 2018) L'image de l'orange de Jaffa sera détournée comme une image de mort par les mouvements pro-palestiniens et par la campagne Boycott desinvestment sanction (BDS) pour un Boycott économico-culturel d'Israël. Comme un goût d'orange amère.
Triompher de soi-même.
Le deuxième film "Itgaber le triomphe sur soi", diffusé en deux parties (160 minutes) est un entretien fleuve, entrecoupé d'archives ou d'interventions publiques avec un professeur de neuropsychologie de l'université hébraïque de Jérusalem Yeshayahu Leibovitz. https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Yeshayahou_Leibowitz Originaire de Riga (Lettonie) il a été étudiant en Allemagne pendant la République de Weimar et décrit une société antisémite à l'image d'autres sociétés en Europe mais dans laquelle il n'a pas subit de discriminations. Le professeur Leibovitz défend notamment l'idée que l'absence de valeur universelle est la source de tous les conflits. Il soutient le mouvement de protestation de 160 soldats israéliens qui refusent de servir dans les territoires occupés. On le voit en conversation avec Pierre Vidal-Naquet, historien important avec Henri Alleg dans la dénonciation des tortures pendant la guerre d’Algérie. Leibovitz est décédé le 18 août 1994. Replonger dans ses réflexions filmées peut donner des clés pour qu'Israël Palestine triomphent d'un séparatisme qui semblait acté avant même l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023...