Les femmes sont les nouveaux meubles.
On en avait eu un aperçu avec cette campagne de publicité mais alors la femme n’était qu’un objet de décoration. On savait aussi que la femme est plutôt nue quand l’homme est habillé mais sur le papier glacé des magazines. Les Japonais ont repoussé ces limites : ils ont fait de la femme vivante un meuble aussi esthétique que pratique. Vous connaissiez la femme-chat, la femme à barbe, la femme libérée, je vous présente la femme-assiette.
L’art culinaire traditionnel « Nyotaimori » ou « présentation sur corps de femme » est l’art qui consiste à manger les sushis à même le corps nu d’une femme allongée. Cela date du temps des samouraï (avec leurs katanas) où, après une victoire, il était coutume de déguster les mets sur le corps de femmes vivantes et silencieuses appelées geishas (ah comme après les matchs de foot ? Heu oui…).
Surfant sur la vague de l’objectification du corps des femmes post-moderne, une chaîne de restaurants-traiteur canadien a décidé de renouer avec cet art traditionnel japonais. Depuis 2010, Naked Sushi Inc. propose aux Canadiens curieux de dîner sur le corps de femmes nues, présentoirs vivants. Forme d’art ? Economie de vaisselle ? Ambiance branchée ? Manifeste de la femme-objet ? Prostitution ordinaire ? Paroxysme de la honte ? Scandale absolu ? Une décoration originale pour toutes vos soirées !
« Notre équipe de professionnels et de modèles va recréer l’ambiance de l’élégante tradition japonaise et un événement inoubliable pour vos invités »
On parle plus couramment de « corps sushis » pour se référer à cette pratique de servir sashimi et sushi sur le corps d’une femme nue. L’accord mets-jeu est d’origine japonaise mais grâce à la mondialisation, il arrive bientôt chez vous.
« Goûter au plaisir du « sushi tout nu » est une opportunité de rendre vos amis jaloux. Parfait pour les petits dîners ou les grands buffets, c’est l’occasion de rendre la soirée inoubliable. »
Sérieusement, forme d’art ou exploitation sexuelle ? Le chef Mike Keenan admet que cela peut être lu des deux manières mais il veille à la sécurité des modèles. Il invoque pour soutenir son point des “règles” :
Ne pas s’adresser aux modèles. Non pas parce que ce ne sont pas des femmes mais des meubles mais parce que ce sont des professionnelles et que rester allongée pendant des heures exige une concentration extrême.
Traiter le modèle avec respect. Non pas parce que c’est une femme vivante mais parce que c’est un art et aussi parce que tout mouvement du modèle pourrait mettre les sashimis en danger.
Ne pas toucher aux modèles. Ce n’est pas parce que ces femmes sont là, nues, à disposition qu’elles sont des objets : elles sont des assiettes donc on ne peut les approcher qu’avec des baguettes.
Aucun comportement ou commentaire obscène ou inapproprié ne sera toléré. Le fait de présenter la nourriture sur le corps d’une femme vivante nue n’est pas en soi inapproprié c’est ce que tu en fais qui peut l’être.
Le chef assure qu’il n’y a jamais eu de débordement : “notre clientèle est constituée de professionnels qui savent se comporter en société”. Il ajoute : “J’ai organisé un événement où une femme s’est approchée et a léché le modèle. Les femmes sont probablement les pires puisqu’elles pensent qu’elles ont le même corps et qu’elles peuvent donc faire ce qu’elles veulent”. Saletés de nanas.
Les modèles gagnent $200 pour deux heures de présentation. Selon Keenan, les vrais modèles travaillent mieux que les volontaires parce qu’elles sont habituées “à poser et à travailler dans des conditions difficiles”. Il précise que toutes les femmes ne sont pas faites pour être des assiettes vivantes : “Le challenge c’est de trouver un corps qui puisse recevoir les sushis. On ne peut pas se permettre des rondeurs et des courbes qui feraient tomber les sushis”.
Pour celles qui pensent pouvoir accueillir les rouleaux de poisson cru comme il se doit, Naked Sushi Inc. embauche !