(Chronique traduite en turc et publiée sur uplifers.com le 4/10/12 – http://www.uplifers.com/sex-beach)
The mediatic preoccupation for your sexual well-being appears particularly urgent in the summertime. On every cover of women’s magazines, you can read promising stuff like “12 revelations on desire”, “Pleasure: how to get it”, “Where to have sex? 15 situations not that safe”, and so on. The baseline is clear: Have sex! And not just regular sex, but exotic sex, wild sex, outdoors sex, experimental sex... I can’t help but wonder: When summer comes, do we have to too?
Everybody knows there are a lot more (half-)naked chicks in Elle and Cosmo than FHM. The only difference is that images of women in women’s magazine are there to make you feel guilty: look how skinny she is, how tanned, how tall, how smooth, look at that skirt, those shoes, that bikini, etc. The more you’ll feel guilty, the more you’ll spend to make yourself feel better. How can we stand the permanent comparison with those fantasized superwomen on every page?
Ladies, if you’re still not that pretty and, worse, without regular sexual activity, you can only blame yourselves: with all the beauty and seduction tips you get without even asking for them, you could make an effort!
Most of the readers’ troubles can be fixed by a credit card. Look at the summer supplements offered with the magazines like “No complex on the beach (yes, even in a bikini!)”. How significant is that? After reminding you that you do have complexes even if you had not realized it yet, they give you solutions… heavily sponsored by cosmetics brands!
And where your purchasing power is helpless, sex appears as the solution. I’m telling you there’s nothing money or sex can’t get you. An article published in July in one of the most read women magazine titles “The blow job, cement of the couple”. The buzz was immediate. The shock as well.
Basically, the article praises the ones who perform the act and blames the ones who don’t. The implicit message if explicated would sound like: How on earth could it be possible not to be willing to suck dicks?! The sexologists interviewed on the matter are positive: women who don’t suffer of “psycho-affective immaturity”. Once more, science and psychology are used to serve the dominant ideology. And women have to follow the alienating rules of phallocentered societies.
The article is based on testimonies to convey an impression of wide consensus on the matter which should convince the last skeptics and give a whole lot of reasons to perform the act. The glorification of the blow job sets a vision of the “2012 lady” who never refuses a little treat to her nice hubby, but gives a warning: don’t be fooled, nothing’s free in this world, especially when it comes to women: they always have something in mind and it happens for a reason:
“A blow job always works in times of negotiations, when I want him to agree on the color of the wallpaper or on the destination of our next trip.”
“No blow job if he did something wrong: the youngest forgotten at kinder garden or a pile of unwashed laundry. But definitely “open fellatio” (after the “open bar” [ndlr]) if I have something to apologize for or if I need him to take care of the kids while I’m away for work purpose!”
Could it be more stereotypical?
Is salvation possible outside men’s gaze? I would say yes. Women in those magazines are just seen through the eyes of fantasized men. And my guess is that a majority of real men (as opposed to the caricatures presented in the media), do not give a damn. The question is: Is salvation possible in a society that wants us to be those women and men?
TRADUCTION :
La préoccupation médiatique pour votre bien-être sexuel semble particulièrement présente et pressante pendant l’été. Sur toutes les couvertures des magazines dits « féminins », on peut des propositions alléchantes telles que « 12 révélations sur le désir », « le plaisir, mode d’emploi », « Où faire l’amour ? 15 situations à vos risques et péril », etc. Le message est clair : faites du sexe ! mais pas juste du sexe ordinaire mais du sexe sauvage, en plein air, expérimental… Pourquoi été = sexualité ?
Tout le monde sait qu’il y a plus de femmes à moitié nues dans Elle et Cosmo que dans FHM. La seule différence c’est que ces images de femmes dans les magazines « féminins » sont là pour vous culpabiliser : regarde comme elle est mince, bronzée, élancée, lisse, regarde cette jupe, ces chaussures, ce maillot de bain, comme il lui va bien… Plus on se sent coupable, diminuée, plus on va dépenser pour se sentir à la hauteur. Comment supporter la comparaison permanente avec ces superwomen fantasmées à chaque page?
Les filles, si vous n’êtes toujours pas assez jolies, ou pire, si vous n’avez pas d’activités sexuelles régulières, vous ne pouvez en vouloir qu’à vous-mêmes : avec tous ces conseils beauté et séduction que vous recevez sans même les avoir demandés, vous pourriez faire un effort !
La plupart des problèmes des lecteurs peuvent se régler avec une carte de crédit. Un exemple parmi tant d’autres : l’édition du mois d’août 2012 de Biba offre un supplément “0 complexe sur la plage (oui, même en maillot !)”. On pourrait difficilement être plus explicite. Après vous avoir rappelé que vous aussi vous avez des complexes même si vous ne le saviez pas, on vous propose tout un tas de solutions… sponsorisées par Nivea !
Là où votre pouvoir d’achat ne peut rien pour vous, il reste toujours le sexe.
Dans son edition de mi-juillet, Elle a créé le buzz avec un article provocateur (et pour le moins vendeur) : “La pipe, ciment du couple”. L’article rend hommage à celles qui la pratiquent et condamnent moralement les autres. (Comment diable est-ce possible de ne pas avoir envie de sucer des bites ?!) Là encore, les sexologues nous proposent leur aide quant aux raisons possibles du rejet de cette pratique : c’est parce qu’elles souffrent d’ « immaturité psycho-affective ». Nous ne voyons pas d’autre explication.
Dans l’article, basé sur des témoignages pour plus de connivence, et donner un panel de raisons qui devraient finir de vous convaincre de performer cet acte, la glorification de la pipe renvoie une vision de la « femme 2012 » qui ne refuse jamais une petite gâterie à son gentil mari. Mais ne vous faites pas avoir, rien n’est gratuit dans ce monde, en particulier quand il s’agit de femmes : rien n’arrive par hasard, ces garces calculatrices ont toujours quelque chose en tête …
“Une bonne pipe, c’est très efficace en phase de négociations, quand je veux le faire céder sur la couleur d’un papier peint ou sur le lieu de nos futures vacances.”
“No pipe si j’ai un truc à lui faire payer : petite dernière oubliée à la crèche ou tas de linge s’accumulant. Mais fellations à volonté si j’ai besoin de me faire pardonner quelque chose ou de l’amadouer, pour qu’il garde les enfants quand je pars en séminaire !”
Le salut est-il possible hors du regard des hommes ? Je dirais que oui. Et je pense que la plupart des hommes (des vrais hommes, pas ceux fantasmés par les rédactions) s’en foutent pas mal de tout ça. La question est : le salut est-il possible dans une société qui veut que nous soyons ces femmes et ces hommes ?