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A Kinshasa, le camp de Joseph Kabila attend avec impatience l'issue des discussions autour du futur de Robert Mugabe, dont la résidence surveillée reste prolongée par l’état major de ZDF (Zimbabwe Defence Forces), et son leadership à Zanu PF (Zimbabwe African National Union-Patriotic Front) majoritairement contesté.
Ce que l'on sait, le dossier Zimbabwéen ne pas au top du cahier de charge de Moussa Faki, Président de la Commission de 'Union Africaine. En dépit du communiqué laconique publié mercredi dernier, invitant l’armée à respecter l'ordre constitutionnel, tout semble normal à Addis-Abeba, siège de l'UA. Néanmoins, il n'en est pas le cas pour certains de ses pairs Africains dont Jacob Zuma de l'Afrique du Sud et Joseph-Kabila de la RDCongo. Si Jacob Zuma est resté le premier à réagir en dépêchant ses ministres a Harare, et appelé au calme et à la retenue afin d’éviter un changement inconstitutionnel de gouvernement, à Kinshasa, le camp Kabila, dont la survie au pouvoir tient du soutien massif du Zimbabwe, reste silencieux. Mais, les observateurs de la politique d'Afrique Australe estiment que ce silence de Kabila est lourd et pesant, comme du plomb.
Lorsque en juillet 1998, Laurent-Désiré Kabila décide de tourner le dos aux deux de ses anciens alliés le Rwanda et l'Ouganda devenus "insupportables" selon ses propos, c'est en Angola et au Zimbabwe qu'il renforce sa position. Et quand le Rwanda attaque militairement la RDCongo pour réagir face à la position de L.-D. Kabila, ces deux pays envoient leurs forces militaires pour arrêter l’avancée du Rwanda. La date du 2 août 1998 restera marquée dans la mémoire collective Congolaise comme celle de l'attaque officielle du Rwanda contre les installations importantes du Congo notamment le barrage hydroélectrique, lequel dessert de l' énergie électrique à la moitié du pays. Les Forces de défense zimbabwéennes (ZDF) vont tour à tour libérer le barrage hydroélectrique d'Inga, le camp entrainement militaire de Kitona, le Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK)...
Evidemment, la facture à payer sera lourde. En 1999, le Zimbabwe obtient l'exploitation du diamant, à partir d'une concession de la Miba (Minière de Bakwanga) sous le nom de la Sengamines, pour rémunérer le Zimbabwe de son soutien militaire. Cette société sera d' ailleurs citée dans un rapport Onusien sur les pillages des richesses du Congo.
En 2001, lorsque M'Zee Kabila est mort abattu par l'un de ses gardes, Harare pèsera de tous son poids pour que le major-général Joseph Kabila, succéda à son père Laurent-Désiré Kabila. Dans la nuit du 17 janvier 2001, des contingents de ZDF atterrissent à l’aéroport de N'Djili à Kinshasa, pour assurer sa sécurité. Des unités spéciales seront deployées autour du nouveau "coordonateur de l' action du gouvernement et chef des armées", mieux, chef de l'Etat. Rares de déplacements étrangers, Joseph Kabila par contre, effectuera plusieurs visites au Zimbabwe. En décembre 2011, lors de la cérémonie de prestation de serment après sa victoire contestée, il ne se contente que de la présence de Robert Mugabe. Un signal fort de soutien massif de "sekuru" (grand-père en Shona). Des alliances se sont fortement renforcées entre les deux capitales, mieux entre les deux formations politiques aux pouvoirs. On dit souvent que pour danser le Tango, il faut être deux. Les instances des jeunes de du Pprd (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) et du Zanu - PF ont pris gout de se former en couple. Tout au début de cette année, Anastancia Ndhlovu, Vice-ministre du Tourisme du Zimbabwe et vice-présidente de la Ligue des Jeunes du Zanu-PF a rendu visite à son équivalent du Pprd Patrick Kanga.
Selon certains experts, depuis 1997, le Zimbabwe joue un rôle de taille dans la restructuration des services de sécurité en RDCongo. Joseph Kabila aurait beaucoup plus confiance aux services zimbabwéens pour leur efficacité. Mais que va faire Joseph Kabila sans Robert Mugabe? Si Zanu PF et les ZDF tournent complètement le dos à l'oligarchie du vieux, il ya des inquiétudes que s’enrhume chez Kabila.
Junior Badila