Allauch, commune limitrophe de Marseille, est connue des téléspectateurs de France par les reportages télévisés vantant ses traditions provençales fièrement défendues : nougats, casse-dents et suce-miels, descente des bergers depuis la Chapelle etc. Elle est aussi connue pour être une de ces communes qui préfèrent payer une amende plutôt qu’appliquer la loi SRU sur le logement social. On connait un peu moins son sénateur-maire, Roland Povinelli, 73 ans, maire PS d'Allauch depuis 1975. Les services vitaux de la commune fonctionnent plutôt bien (à titre d'exemple, Allauch est une ville propre et bien tenue qui assure aux enfants des services scolaires de qualité, en contraste flagrant avec sa grande voisine Marseille), rendant la concurrence difficile lors des élections municipales successives toutes remportées brillamment par M. Povinelli. Ainsi a-t-il été réélu avec 100% des voix en 2001, seul en lice et avec 81% en 2008, face à une liste de gauche courageuse. En 2014 l'élection sera plus serrée puisque le maire sortant devra attendre le second tour où il l'emporte avec 55% des suffrages.
Allauch est également connue pour une manifestation plus ancienne encore que son maire : le Salon photographique, qui devait tenir cette année sa quarante-huitième édition. Cette manifestation a acquis avec les ans une renommée nationale dans le monde de la photographie. Elle attire par son concours photographique, où des amateurs peuvent se confronter au regard des professionnels, par sa foire au matériel photographique d'occasion, la plus importante du sud-est et, enfin, par son exposition, qui présente les lauréats du concours et les travaux d'un invité d'honneur renommé. Ainsi a-t-on vu exposés sur les murs du Vieux bassin d'Allauch des photographes comme Guy le Querrec, Gilbert Garcin, Gérard Vandystadt, Jean-Daniel Lorieux, Jérôme Brézillon, Éric Bouvet, Bernard Plossu, Olivier Mériel, Denis Brihat ou encore Jean-Christophe Béchet etc. Ce salon est organisé bénévolement par l'association Phocal. Reconnaissant la qualité du travail fourni par cette celle-ci, Marseille-Provence 2013 capitale européenne de la culture a choisi Phocal pour coproduire l'exposition "Marseille en scenes". Vingt-neuf photographes de l'association ont présenté à l'Usine électrique d'Allauch leurs regards sur Marseille et sa région, donnant lieu à une exposition de haute tenue qui a attiré près de 2600 visiteurs.
Cette année, pour la 48e édition du Salon, tout se déroulait comme prévu. L'invité d'honneur était le photographe bangladais Munem Wasif, membre de l'agence VU, qui devait nous présenter son merveilleux travail intitulé "Larmes salées". Début mars se tenait le jury du concours, les conventions avec la mairie pour la réservation du lieu d'exposition étaient signés et l'association se préparait à organiser le vernissage prévu le 18 avril. Et puis patatras, quelques jours avant le vernissage, quelques jours après des élections difficiles pour le maire sortant, les services de la mairie ont refusé de nous fournir les clés, prétextant de problèmes techniques. De même la foire au matériel, prévue le 26 avril, a du être annulée, une manifestation sportive sortie de nulle part devant finalement se tenir ce jour là au gymnase réservé depuis des mois. Aucune solution de repli n'a été proposée, malgré la disponibilité de l’Usine Électrique, pôle multiculturel de la ville pouvant accueillir des expositions, vide depuis des mois. Il est vite apparu que Phocal n'était pas un cas isolé dans cette crise d'autorité du maire qui a fait annuler la traditionnelle foire aux fleurs, qui attire début avril de très nombreux visiteurs dans les rues du village, la Ronde d’Allauch, course à pied et manifestation sportive des collines du village, le marché nocturne de la Saint-Jean, une bonne partie des manifestations des Estivales et, mais il est difficile d'en être sûr, un certain nombre de projets plus importants comme la rénovation de la piscine.
On ne peut nier qu’en son temps l’équipe de Roland Povinelli ait contribué à faire d’Allauch une ville agréable à ses habitants. Mais on ne peut que constater que depuis quelques temps la vie politique de la commune présente tous les symptômes de la déliquescence de la démocratie municipale, plus particulièrement celle qui a été longtemps tenue par le système PS des Bouches-du-Rhône : autoritarisme brutal, clientélisme forcené, promesses jamais tenues, livraison de la ville aux promoteurs etc. Il ne faudrait pas que ce qui apparait comme le mandat de trop pour Roland Povinelli laisse la commune affaiblie, au moment où va se mettre en place la métropole qui va en grande partie l’absorber. Nos élus auront-ils le courage de lui tenir tête?
Pour plus d’informations :
- le site de la commune d’Allauch :
www.allauch.com
- les chiffres clés des comptes de la commune, notamment son endettement de 17 millions d’euros :
http://alize2.finances.gouv.fr/communes/eneuro/tableau.php?icom=002&dep=013&type=BPS¶m=0&exercice=2012
- le site de l’association Phocal avec tous les détails sur l’annulation du Salon et les liens vers les échos dans la presse :
www.phocal.org
- Un billet sur les élections municipales a Allauch, qui se sont déroulées dans un climat délétère, comme en atteste l’émission que France Culture leur a consacrées :
http://resistanceetamour.over-blog.com/enfin-la-gauche-%C3%A0-allauch
- Le lien vers ladite émision de France Culture : “Sur la route… d’un maire en poste depuis 1975” du 20 décembre 2013 :
http://www.franceculture.fr/emission-sur-la-route-sur-la-route%E2%80%A6-d-un-maire-en-poste-depuis-1975-2013-12-20
Billet de blog 27 avril 2014
Ambiance post électorale à Allauch
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