Je suis elle sur l'île que j'imagine là bas.
L'armada pneumatique accoste le récif.
Moteurs et baigneurs, en paix jusque là, trinquent
Et flirtent, en houle, pique-niquent. « Mets tes tongs ! »
« J'ai coincé l'ancre, la lisse hélice esquintée. »
A-t-on déjà vu un zodiac en roue arrière ?
Je suis elle sur l'île que j'entends et revois.
Il crie sur sa femme, elle crie sur les gosses qui crient
Au vent sur la plage sous le phare, sur le port.
Vente de coquillages peints par les enfants.
Je suis elle sur l'île que j'arpente au delà.
Voilà, l'été s'achève où le temps s'essouffle.
Où la plage douce accueille les naufragés
Puis les réanime par capillarité.
Se taisent les « clac » des tongs, le ronron caverneux
De maritimes et de célestes bourdons.
Elle sur l'île je capture maints bouts de toi.
Hoëdic, ta mer ! Caillou en cœur, les mâts s'agitent.
Contre le fort résonnent les balançoires. Vertige !
Les voiliers attendent sagement le lever du jour.
Un coup d'ailes, hauts vigilants, guettent les goélands
Leur amie qui couve ?, agonise ? L'on ne sait pas.
Je suis elle sur l'île que je garde pour moi.
Traversée brumeuse, sont-ce des thons ? Des dauphins ?
Matinales processions, biquettes, lapins,
Mûriers garnis, lys fleuris, libellules,
Papillons, escargots, cheval torve, sable blanc
Galets polis détalent au son de mes pas.
Je suis l'elle sur l'île que je ne partage pas.
Fugitif décor, le temps soudain s'assombrit
Puis l'astre jonquille léoparde le ciel voilé.
Mousse épaisse, bain onctueux, écume éolienne.
Plage diamant, Houat, ton sourire éternel double
Le bonheur sans fin de mon âme Robinson.
Je suis elle sur l'île et je lis Padura.
Kaat