Tout gamin, au sortir de la guerre, alors que nous avions encore le bruit des bombardements et des mitrailles dans les oreilles, les décombres et l'exode dans les yeux et une haine farouche au coeur ( Ouradour ), la création de l'Europe, d'une Europe unie et fraternelle, servit d'éponge à nos angoisses et de boulevard lumineux à notre avenir en dépit des cris de Cassandre des communistes qui prévoyaient, pour une fois visionnaires, que l'Europe unie risquait d 'être celle du Capital contre le Travail.
Plus âgé déjà mais néanmoins toujours aveugles et naïfs et habiles à prendre nos désirs pour réalité et ma guenon pour une chanteuse d 'Opéra nous applaudîmes à la naissance d'une instance internationale pour une Justice internationale qui devait bousculer les barrières nationales derrière lesquelles les plus noirs dictateurs s'abritaient.
Aujourd'hui Laurent GBAGBO, ex président de Cote d 'Ivoire qui vient d 'être extradé de son pays et emprisonné à La Haye par le TPI qui va le juger pour crimes contre l'humanité, devient, malgré lui, le symbole,la marque de nos désillusions, de notre aveuglement et de notre incurable naïveté.
Il n'y a pas plus de Justice internationale que de neige en Cote d 'Ivoire ou de mangues en Finlande.
Non seulement GBAGBO est loin aux yeux de beaucoup et même de la majorité de ses concitoyens de mériter semblable affront mais que dire et que doit on dire et penser de la Chine au Tibet, d'Israël à Gaza et en Palestine, des USA en Afghanistan, de la France en Lybie et en Cote d 'Ivoire, de la Syrie dans son propre pays, de la Birmanie, de la Corée du Nord, de l'Iran etc..où des dirigeants autrement plus retors et criminels continuent à être, pour le Tribunal International, de dignes et simples tortionnaires aux mains blanches.?
Car,rappelons le, GBAGBO a été élu " démocratiquement" avant que le Nord de son pays n'entre en rébellion et que la France, au lieu de voler au secours d 'un Président légitime assailli, opta pour garantir une partition de fait du pays, pour demander bientôt de nouvelles élections qui, dans un pays en armes, ne pouvaient qu'être, et de bon droit, tant par les uns que par les autres, contestées...La France tranchant alors le problème de la légitimité..par les armes et l'assaut du Palais Présidentiel. C'est donc un Président qui se considérait - à juste raison ou à tort- comme Président et avait l'aval de son Conseil Constitutionnel, un Président abattu par une armée étrangère, qui aujourd'hui est présenté devant la Haute Cour de Justice!!! Alors que son rival Outtara, responsable d'une tentative armée de coup d 'état, d'une partition armée soutenue et paraphé par la France sarkozienne, coule à la Présidence des jours heureux et est reçu à l'Elysée alors qu'il est, lui et son premier Sinistre Soro, responsable de tueries et de massacres post électoraux, et de vengeances postérieures à la chute de Gbagbo?
C'est donc un Président, délogé par les armes, victime dans son pays d'un coup d 'Etat soutenu de et par les armées et les armes étrangères ( aussi bien le Burkina de Campaoré que la France de Sarkozy) qui est aujourd'hui, on ne sait par quel tour de passe passe juridique, par quelle vision des événements, par quel délire et surtout par la Loi du plus fort, qui aujourd'hui là, est là, déféré devant des tribunaux que l'on aurait voulu considerer comme intègre. Il est là, nu, sans mériter ni cette indignité ni cette auréole de martyr.
Il signe notre défaite ou plutot la défaite de nos illusions en une Justice Internationale.
Il renforce notre idée que le Droit et la Loi ne sont que des rapports de force.
Et aussi et surtout que le droitdel'hommisme est la forme nouvelle de l'impérialisme, qui dispose des Lois de son commerce, des Lois des Instances Internationales et de la Loi de ses armes, le tout blanchi, renforcé, armé par les Droits de l'Homme.