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Billet de blog 2 avril 2012

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Mali- dernier épisode. La chute de Tombouctou

Le premier acte du drame malien, nous en avions parlé, était, suite à la débacle kadhafiste en Lybie et le retour au Mali de sa « légion  touaregue », armée, la constitution d'un Front de Libération Nationale – le MNLA- laïc, revendiquant la scission du Mali et l'indépendance du Nord, l'Azawad .

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Le premier acte du drame malien, nous en avions parlé, était, suite à la débacle kadhafiste en Lybie et le retour au Mali de sa « légion  touaregue », armée, la constitution d'un Front de Libération Nationale – le MNLA- laïc, revendiquant la scission du Mali et l'indépendance du Nord, l'Azawad . Le deuxième acte consistait dans la débacle de l'armée malienne et , troisième acte en un coup d 'état militaire entendant en finir avec « l'incapacité du Gouvernement à donner les moyens à l'Armée de venir à bout de cette rébellion ».

Le dernier  acte vient de se jouer. Le MNLA aidé apparemment par des éléments de l'AQMI- Al Qaeda Maghreb Islamique-vient de mettre en déroute complète l'armée malienne à Kidal et à Tombouctou. La scission du pays est opérée. Les généraux et responsables politiques  d'obédience touaregue ont tourné casaque et se sont ralliés, les soldats maliens ont abandonné dans leur caserne uniformes et armes et se sont dissous dans la population alors que la junte au pouvoir multiplie les déclarations quant à sa volonté de remettre le pouvoir au civil sans donner de calendrier ni même réagir à la défaite cuisante qui justifiait, à ses yeux, son soulévement il y a  quelques jours.

Beaucoup de voix  s'élèvent alors que l'on continue à être sans nouvelles du Président en titre, ATT, pour dénoncer la politique néo-coloniale de la France qui lorgnerait sur les potentielles richesses minières, pétrole et uranium, que l'on viendrait de découvrir dans le sous-sol malien.

Tout cela nous paraît affabulation. D'abord parce que, comme je l'indiquais,  les carotages géologiques viennent d'être abandonnés, et que l'époque n'est plus, après Fukushimùa, dans la recherche uranifère, le marché  s'étant effondré. Ensuite parce que Paris n'entretient contrairement à ce qui a été dit ça et là aucune force armée au Mali. Enfin parce que Paris pense, en période électorale, d 'abord a calmer le jeu d 'autant qu'il y a toujours six otages français retenus prisonniers de l'AQMI.

Par ailleurs il faut se souvenir qu'en Afrique, l'ethnie n'est pas à l'origine des conflits comme trop souvent on l'entend dire- et qu'on risque fort d 'entendre à nouveau -mais qu'elle nait et se construit à partir des conflits mêmes. Or ici nous avons effectivement une apparence de guerre entre les blancs – arabes et touaregs – et les noirs . La population noire de Bamako, en janvier, s 'en est prise aux commerçants arabes et aux touaregs quand  on a appris, dans la capitale, l'issue malheureuse des premiers combats. Les principaux responsables touaregs ont deserté et trahi  le camp malien pour s'allier avec leurs frères.

Mais il ne fait aucun doute que le conflit n'a rien d'ethnique ni même de religieux malgré la présence dans les rangs touaregs de groupes salafistes liés plus ou moins à l'AQMI voire à des groupes dissidents de l'AQMI – fortement algérienisée-

Il y a en fait un delitement du pouvoir, de tous les pouvoirs. Le pouvoir politique ( ATT disparu, la constitution mise en veilleuse, et le pouvoir des assemblées dissous). Le Pouvoir militaire, défait et en déroute alors que le Comité putschiste perd chaque jour en crédibilité, volonté et programme, sans que ces pouvoir soient remplacés. Le MNLA a des comptes à régler avec l'AQMI. Le pouvoir politique avec  les dissidents.

Il est clair aujourd'hui que personne ne peut y reconnaitre sa couvée. Pas plus Paris que Washington, pas plus les djihadistes que le MNLA  qui demeure ,quand  même, guère plus de deux mois après son entrée en campagane le grand vainqueur : il gère maintenant la moitié du territoire et des villes comme Tombouctou et Kidal.

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